Evocation : Kosmos Moutouari et l’arène musicale congolaise

Jeudi, Août 1, 2024 - 14:13

En 1965, les Bantous de la capitale recrutent un jeune chanteur nommé Côme Mountouari dit Kosmos. Il a 21 ans et sort sa première chanson intitulée  « Ebandeli ya mosala » et plus tard « Makambo  mibale ebomi mokili mobimba », deux tubes, véritables chefs-d’œuvre qui le hissent au firmament de la musique congolaise et connaissent un succès incontestable chez les mélomanes des deux rives du fleuve Congo. 

 

 

« Ebandeli ya Mosala », un coup de maître que l’on peut traduire en français par le premier pas dans le monde du travail, frappe un plein dans le mille parmi les chômeurs et les salariés. Le jeune Kosmos est immédiatement propulsé dans la cour des grands musiciens. Après ce premier succès, il assure définitivement ses admirateurs avec son deuxième titre intitulé « Makambo mibale  ebomi mokili mobimba », que l’on peut traduire par "les deux maux qui minent la société que sont l’argent et la femme". Il emballe une fois de plus les mélomanes kinois et brazzavillois et par-delà l’Afrique tout entière. Au fil des temps, Kosmos et Pamelo Mounka forment un duo étincelant qui émerveille le public à travers les titres « Masuwa », « Bolingo Mado  », « Mokolo oko bala », etc. 

A Dakar en 1966, et à Alger en 1969, pendant le Festival des arts nègres et le Festival panafricain de musique, Kosmos tient la dragée haute avec ses compères de renom comme Pamelo Mounka, Ganga Edo et Célestin Nkounka dans les les Bantous de la capitale qui remportent la médaille de bronze, catégorie musique moderne, dans les deux villes. En 1972, suite à une crise qui couve dans l’orchestre Bantous dont la résultante est son éclatement en trois groupes (Bantous, Nzoï et Le peuple), Kosmos conclut une alliance avec Pamelo Mounka et Célestin Nkounka, et créent l’orchestre Le peuple du Trio Cépakos (Célestin, Pamelo et Kosmos), trois figures emblématiques qui font la pluie et le beau temps de l’orchestre brazzavillois durant la décennie  1970.

Les chansons de Kosmos telles que « Kamwiya », « Lettre ouverte », « Vie privée », « Conseils gratuits », « Mila » connaissent un succès immense et mettent l’orchestre Le peuple sur orbite. Après une brillante épopée sur l’échiquier musical national, cet orchestre connaît un déclin suite aux contradictions et tensions en son sein. En 1979, Kosmos quitte le groupe et opte pour une carrière en solo et bénéficie des qualités artistiques du célèbre guitariste Samy Masamba, installé à Paris pour produire un opus aux éditions Safaris Ambiance. L’un  des titres, « Tabali », connut un franc succès. L’année 2006 marque le retour sur scène des Bantous de la capitale après dix ans d’inactivité. Kosmos est présent dans le groupe qui est invité à participer au Festival musique métisse d’Angoulème organisé du 18 au 19 mai, en France. Il sied de noter que pour des raisons de convenances personnelles, Kosmos quittera de nouveau l’orchestre Bantous pour créer son propre groupe dénommé ‘’Les  Salomes’’ qui fut un feu de paille.

Suite aux décès successifs des figures emblématiques de l’orchestres Bantous, à savoir Essous Jean Serge, Nino Malapet, Célestin Nkouka, Edo Ganga, les autorités congolaises, amoureuses de la bonne musique et soucieuses de perpétuer les œuvres et sauver les acquis de l’orchestre, patrimoine national, mettent en place, le 2 janvier 2021, à l’issue d’une assemblée générale constitutive, un nouveau staff dirigeant et portent à la tête du comité Bantous Côme Kosmos Mountouari. Ipso facto, il signe son énième come-back dans les Bantous et se voit confier le poste de chef d’orchestre jusqu’à ce jour. Sous sa houlette, la participation de l’orchestre Bantous au Festival de musique organisé au Maroc a été sanctionnée par un trophée que le groupe s’apprête à présenter d’ici peu au président de la République.

Dans un proche avenir, les Bantous de la capitale mettront à la disposition du public un opus composé d’une douzaine de chansons. Notons que le 25 juillet dernier, Kosmos venait de souffler ses quatre-vingts bougies marquant ses quatre-vingts ans d’âge et ses cinquante-neuf ans de carrière musicale dans la sphère musicale congolaise.

Auguste Ken-Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
Kosmos Moutouari/DR
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