Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, qui a officiellement remis le 8 août à la représentation nationale le bottin contenant les différents accords de coopération économique et autres documents y afférents, a estimé que la polémique qui a longtemps gagné les Congolais est désormais close.
Alors qu’il ne figurait pas sur la liste des questions orales au gouvernement, le sujet des accords Congo-Rwanda s’était invité aux débats. La députée de la circonscription électorale unique de Mouyondzi, dans le département de la Bouenza, Claudine Munari, a interpellé le chef du gouvernement en ces termes : « Quand comptez-vous soumettre les conventions signées avec le Rwanda à la ratification des représentants du peuple ? A l’évidence, les deux pays signataires ne parlent pas de la même chose. Le Congo parle à la fois de l’autorisation expresse d’occuper et de bail emphytéotique. Le Rwanda, quant à lui, parle de cession de terres et réclame à cet effet les titres fonciers. Qui dit vrai ? », s’est-elle interrogée en s’appuyant sur des informations recueillies sur des sites et sur la chaîne nationale rwandaise.
Répondant à ces interrogations séance tenante, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a rappelé que le gouvernement n’a pas contourné le Parlement dans le cadre de la signature de ces accords. Selon lui, après avoir transmis l’accord de coopération militaire au Parlement, l'exécutif, par la suite, a demandé le sursit de ces affaires qui avaient été inscrites à l’ordre du jour de la session parlementaire. « Le gouvernement n’a rien à cacher, il est transparent sur cette question », a-t-il précisé.
« La parole s’en va, l’écrit reste »
24 heures après son passage devant les députés, le chef de l’exécutif a accordé, le 9 août, une interview à la presse pour clarifier certaines zones d’ombre dans cette affaire qui divise depuis plusieurs mois les Congolais. En effet, avant l’Assemblée nationale, Anatole Collinet Makosso a répondu à travers des courriers aux plaintes et interrogations de certains acteurs politiques dont le sénateur Gaspard Kaya Magane et les présidents des partis politiques d’opposition Les Souverainistes, Dave Mafoula, et le Mouvement républicain, Destin Gavet.
« Avec la remise de l’entier dossier aux acteurs politiques, on va considérer ce dossier comme ayant évolué et allant vers son extinction. Ce qui me gêne plus dans l’affaire, c’est que, malgré tous les arguments et tous les documents dont dispose le gouvernement, les Congolais continuent à faire plutôt confiance aux spéculations et à l’oralité, aux propos qui auraient été tenus par les uns et les autres. Comme je l’ai dit hier devant le Parlement, on ne peut pas opposer un témoignage oral à un témoignage écrit. Maintenant que tous les écrits ont été mis à la disposition des acteurs politiques, le gouvernement va considérer ce dossier comme étant clos », a déclaré le Premier ministre.
Il a déploré, par ailleurs, le fait que les Congolais aiment consommer ce qui vient de l’étranger au détriment des productions locales au regard de certains acteurs politiques qui se sont appuyés sur des messages lus sur des sites d’informations étrangers pour confronter leur thèse. « Dans ce bottin, vous remarquerez que nous avons joint, comme par bonheur, les informations que nous tenons de l’Agence congolaise d’informations( ACI), parce que si on préfère un témoignage rapporté par une chaîne de télévision étrangère au détriment des informations qui sont données par la télévision congolaise ou Radio-Congo…, c’est grave dans un pays. Ce déni du patriotisme est grave indépendamment des querelles politiciennes », a-t-il regretté.
Ecartant le quotidien « Les Dépêches de Brazzaville » pour son statut d’organe de presse privé, Anatole Collinet Makosso a insisté sur l’ACI qui a été créée en 1961 par la loi 40-61 et a été rattachée au ministère de l’Information en 2003 par le décret 2003-222 faisant d’elle une direction générale. En effet, au terme de la loi et de ce décret, l’ACI est chargée de diffuser l’information complète, exacte, impartiale. Elle doit tout faire pour la retrouver de façon à donner à ses usagers une information régulière, exacte, complète et impartiale, et ne doit dans aucune circonstance subir des interventions extérieures de nature à tronquer l’intégrité de l’information. « J’ai tenu, en mettant à la disposition des acteurs politiques l’entier dossier, de leur rapporter y compris les publications de l’ACI. La parole s’en va, l’écrit reste. Ici, ils verront comment ont été transmises toutes les informations liées à ces accords et même aux accords que nous avons signés avec d’autres pays. Maintenant que nous avons les textes et que nous demandons à tout le monde de les lire, de les comprendre, je pense qu’il y aura moins de débats », a conclu le Premier ministre.