Théâtre : « Ce foutoir est pourtant mon pays », entre satire et prise de conscience

Lundi, Août 12, 2024 - 18:12

Le roman de l’écrivain congolais Alphonse Chardin N’kala, “ Ce foutoir est pourtant mon pays”, a fait l’objet d’une représentation théâtrale le 10 août, à la Maison russe de Brazzaville.

 

Mise en scène par Jean-Marie Diatsonama, la pièce « Ce foutoir est pourtant mon pays » raconte l’histoire de Mongalé. De retour à Bathi Batuko son pays, après une longue période d'exil, elle cherche à reprendre le cours de sa vie, interrompu par la guerre. Au détour d'une rue, elle retrouve Prince, le fils de son frère, seul rescapé de la famille emportée dans la tourmente. Tous les deux vont se rapprocher pour rassembler les pans de leur histoire.

Jouée sur les planches par le Theâtre des arts libres en collaboration avec le Théâtre pour l'humain, cette pièce de théâtre peint avec humour plusieurs tableaux et évoque une société où règnent le chaos et la confusion, où la liberté est un mythe, où les élites des différentes ethnies s'affrontent et où la moindre étincelle peut générer un incendie dévastateur. Une mosaïque de personnages dont la pertinence des propos n'enlève rien à la profonde affection qu'ils nourrissent pour leur pays.

A en croire Jean-Marie Diatsonama, au-delà de toutes les vices dénoncées dans cette pièce, il y a aussi un appel à l'unité nationale et la prise de conscience. « Effectivement, à chaque fois qu'on a des soucis, on pense juste aux dirigeants qui font mal, mais effectivement, nous aussi, du côté de la population, nous avons notre part de responsabilité afin d’inciter les dirigeants d'aller en avant et de bien gérer. Il ne s'agit pas d'entrer en confrontation avec nos dirigeants, mais de travailler ensemble pour qu'on puisse aller de l'avant, nous et nos dirigeants », a précisé le metteur en scène. 

De son côté, la directrice de la Maison russe, Maria Fakhrutdinova, s’est réjouie du fait que ce genre de rendez-vous contribue à populariser le théâtre auprès de la jeunesse. « Au Congo, il y a de grands écrivains et de grands spectacles que l'on peut tourner ici. La salle était pleine et nous sommes très contents de faire la promotion y compris de la culture congolaise et je vous rappelle qu'ici dans la bibliothèque de la Maison russe, on peut trouver les livres des auteurs congolais ainsi que des auteurs russes », a-t-elle dit. 

« Le récit de ce livre m’a été inspiré par la plupart des sociétés du monde qui se portent mal. Nous vivons dans un monde où il y a beaucoup de choses qui ne marchent pas et il faut donc les corriger. C'est vrai que je n'ai pas la prétention de corriger ni de refaire le monde, mais à défaut d’y arriver, on peut au moins dénoncer ce qui est mauvais. La représentation de la pièce que nous venons de voir m’a fait découvrir à moi-même le texte. C'est mon texte, c'est vrai, mais je le découvre, je le redécouvre… Félicitations aux comédiens qui étaient là sur scène, car si le public a trouvé son compte, c'est que les acteurs ont été à la hauteur de leurs tâches », a déclaré Alphonse Chardin N’kala, auteur du roman ayant inspiré la pièce de théâtre.

Représenté sur les planches plus d'une fois à Brazzaville et à Pointe-Noire aussi, « Ce foutoir est pourtant mon pays » sera joué sous peu à Kinshasa, en République démocratique du Congo, a-t-il laissé entendre. 

Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
1- Les comédiens déployant la pièce « Ce foutoir est pourtant mon pays »/Adiac 2- Une vue du public/Adiac
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