Le président français, Emmanuel Macron, a célébré, le 15 août en présence de dirigeants africains, le 80e anniversaire du débarquement de Provence, occasion d'un nouvel hommage aux combattants des anciennes colonies françaises.
Emmanuel Macron et plusieurs de ses homologues africains ont commémoré, le 15 août, le 80e anniversaire de l'opération "Dragoon", l'occasion d'un hommage aux combattants des anciennes colonies françaises. Le 15 août 1944, des soldats américains, canadiens et britanniques, ont débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250 000 Français de l'Armée "B" composée essentiellement de troupes venues des colonies françaises en Afrique, qui ont repris Toulon puis Marseille en moins de deux semaines.
Un succès qui aura contribué à la libération de l'Europe et qui aura aussi permis à la France, humiliée en 1940, de s'assoir à la table des vainqueurs grâce à l'engagement massif de ses forces en Provence. « Lorsqu'il s'agit de défendre l'intérêt vital de la nation, tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble », a salué Emmanuel Macron, à la nécropole de Boulouris, dans le Var. « Officiers de l'Empire ou enfants du Sahara, natifs de la Casamance ou de Madagascar, (...) ils n'étaient pas de la même génération, ils n'étaient pas de la même confession, (...) ils étaient pourtant l'armée de la nation, armée la plus fervente et la plus bigarrée », a-t-il rappelé, soulignant le rôle joué par l'armée d'Afrique lors du débarquement de Provence, dans la nuit du 14 au 15 août 1944.
« La part d'Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige. La France n’oublie rien des sacrifices», a-t-il plaidé, appuyant que les noms de ces soldats « doivent continuer d'être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire ». Au nom de la délégation africaine, le président camerounais, Paul Biya, a rendu un hommage appuyé aux héros de cette guerre, aux « malheureux soldats venus d'Afrique occidentale, d'Afrique équatoriale, de Madagascar ou de l'océan Indien», qui ont «payé un très lourd tribut pour la victoire». Selon lui, il n'y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, et autres tirailleurs africains. « Cette lutte a été menée ensemble, pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice », a-t-il rappelé. Emmanuel Macron a remis la Légion d'honneur à six anciens combattants, cinq Français et un étranger.
Enjeu mémoriel et politique
En 1994, 2004 ou 2014, plus d'une quinzaine de dirigeants africains avaient participé aux commémorations du débarquement de Provence. Cette année, ils étaient seulement six dont trois d’Afrique centrale - Paul Biya du Cameroun, Faustin-Archange Touadéra de Centrafrique, Brice Oligui Nguema du Gabon ; un d’Afrique de l’Ouest - Faure Gnassingbé du Togo ; Azali Assoumani des Comores ; et Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain. La Tunisie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal étaient représentés chacun par un ministre, tandis que le Tchad et le Bénin ont envoyé leur ambassadeur. Parmi les pays brouillés avec Paris, le Burkina Faso était représenté par un chargé d'affaires, alors que le Niger, le Mali ou l'Algérie ont été absents.