Recyclage : le commerce de la ferraille au Congo

Mercredi, Août 21, 2024 - 14:00

Tous les jours de la semaine dans les grandes artères de Brazzaville et Pointe-Noire, les jeunes gens de différents âges sillonnent les ruelles des deux métropoles du Congo en vue d’acquérir de la ferraille de toute sorte en provenance des ménages. 

Tous les jours de la semaine dans les grandes artères de Brazzaville et Pointe-Noire, les jeunes gens de différents âges sillonnent les ruelles des deux métropoles du Congo en vue d’acquérir de la ferraille de toute sorte en provenance des ménages. 

 

« C’est une activité difficile. Car il faut se lever tôt, se balader dans presque tous les quartiers de la ville. En plus, il faut s’y adonner sous la chaleur et la pluie, en saison des pluies, et sous le froid et la poussière, en saison de sèche. Il faut aussi noter que tout le monde ne regarde pas cette activité d’un bon œil », a reconnu Ousmane Ouédraogo, un ressortissant nigérian d’une trentaine d’année.

La méfiance nait du fait que la plupart des gens qui exerce cette activité, le plus souvent, sont moins bien vêtus et moins bien coiffés. A cause de cette apparence, certaines personnes considèrent les collecteurs de ferraille comme des malfaiteurs.

A côté de tous ces éléments sombres, il y aussi du positives à tirer à cette profession. C’est un gagne-pain pour bon nombre de ces collecteurs. « D’un côté, il y a des acheteurs ou des grossistes, de l’autre, des intermédiaires ou dépositaires et de l’autre encore, les marcheurs ou les détaillants », a expliqué jean Philippe, un ressortissant de la République Démocratique du Congo avoisinant la quarantaine.

La plupart du temps, les grossistes sont des ressortissants de l’Asie, notamment les Malaisiens, les Chinois, les Indiens, les Pakistanais etc. Ces derniers disposent des entrepôts vastes pour accueillir et stockés tout type de ferraille en l’occurrence, les appareils électroménager, les carcasses de voitures et les appareils industriels désuètes. Les intermédiaires, quant à eux, pour la majorité, ce sont les fils du pays, des congolais. Ils disposent des entrepôts moyennement grands pour accueillir et stockés la ferraille. Ce sont eux qui travaillent directement avec les détaillants, c’est-à-dire, des personnes qui sillonnent les ruelles et avenues de tous les quartiers à la quête de la ferraille en disant a haute voix, en substance: « ferraille, kissengo, mabende, muke na sumba ou na so somba », selon que l’on se trouve à Brazzaville ou à Pointe-Noire.

De façon générale, les intermédiaires s’entourent de plusieurs détaillants dont le nombre peut varier entre 05 et 30. L’effectif des détaillants qui accompagne un intermédiaire varie en fonction de sa force financière et de la taille de son entrepôt. Les intermédiaires disposent, le plus souvent, des pousse-pousse. Ils mettent ces outils à la disposition de leurs détaillants. « Chaque matin, les détaillants se présentent chez moi pour prendre les pousse- pousses et une certaine somme d’argent. Cet argent leur permet de faire l’acquisition de ferraille auprès des riverains. Et ce tout au long de la journée », a admis Bosco Makosso, un intermédiaire congolais de la trentaine révolue.

Muni d’un pousse-pousse et d’un billet de 10.000 F CFA au moins et de 30 ou 50 tout au plus, les détaillants, en binôme, se baladent, à travers les différents quartiers à la recherche de  des personnes qui veulent se débarrasser d’un certain nombre d’appareils ou d’objets a l’instar des fers à repasser, de vieux splits ou de vieux frigots. « Ce sont généralement les  riverains qui liquident un vieux appareil ou objet métallique qui proposent les prix de vente aux collecteurs de ferraille. Apres, il s’en suit une négociation qui se solde souvent par une entente. L’activité se poursuit ainsi jusqu’à la fin de la journée », a dit Brice Malanda, un détaillant.

Les choses deviennent intéressantes pour le détaillant, en fin de journée, quand il va à la rencontre de l’intermédiaire muni de toute sorte de ferraille. L’intermédiaire, muni de sa balance, se lance dans le pesage de la marchandise. Le kilo de ferraille coute 100 F CFA. Donc si le détaillant a bien travaillé, il devra rapporter, en moyenne, 100 kilo de ferraille en fin de journée sil s’était vu remettre 10.000 F CFA par l’intermédiaire. Par contre, sil réussi à ramener plus de 100 kilos de ferraille, tout le surplus de kilos constitue son bénéfice. La règle étant celle de bien débattre le cout de ferraille avec les riverains. Les intermédiaires, à leur tour, après avoir collecté une grande quantité de ferraille, se rendent auprès des grossistes pour effectuer la vente. Les grossistes, quant à eux, font le kilo de ferraille à 250 F CFA. Pour se rendre compte du revenu moyen d’un détaillant, d’un intermédiaire ou d’un grossiste de ferraille, il suffit de multiplier le nombre de kilos récoltés ou vendus par le prix fixé.

« Je me moque éperdument du fait que les gens tournent en dérision mon travail. Je suis persuadé  que récolter et ventre la ferraille est une activité moins valorisante, mais lucrative. Demandez-vous, pourquoi autant de gens, en particulier les jeunes se lancent dans cette activité ? La réponse est simple : elle est très lucrative. Laissez-moi vous dire que certains jours, je me fais 100.000 F CFA en une seule semaine. Je vous dis que cela en vaut la peine », a reconnu Bienvenu Bantsimba, un détaillant épanoui.

 

Chris Louzany
Légendes et crédits photo : 
Photo: Un collecteur de ferrailles/DR
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