Kenge: deux journalistes interpellés

Mercredi, Août 21, 2024 - 16:15

L'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), qui condamne la pression judiciaire exercée sur des journalistes qui n’ont fait que leur travail, pense que cet acte constitue une atteinte grave à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme.

L’organisation de défense et de promotion de la liberté de presse, l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), s'est dite stupéfaite par la brève interpellation d’Olivier Makambu et Gustave Kibelo, respectivement directeur à la Radio-Télévision de la Solidarité Kwangolaise (RTSUK) et journaliste à la radio le Coq FM, stations privées émettant à Kenge, chef-lieu de la province de Kwango.

Cette ONG note, dans son communiqué du 20 août, que ces professionnels des médias ont été interpellés, le 19 août 2024, alors qu’ils répondaient à une invitation du Parquet de grande instance de Kenge. "Ils ont été soumis à un interrogatoire serré consécutivement à la diffusion, le 2 mai 2024, sur leurs médias respectifs d’une interview avec M. Jean-Yves Kasongo, responsable d’une structure locale dénommée Dynamique pour le décollage du Kwango", a indiqué l'Olpa. Et de préciser que ce dernier a émis de vives critiques sur l’organisation des élections du gouverneur et des sénateurs dans la province du Kwango, en dénonçant le cas des fraudes dont il détiendrait des preuves. Et à l'organisation d'indiquer que le magistrat instructeur a accusé Olivier Makambu et Gustave Kibelo d’avoir commis l’infraction de faux bruits et les a placés en détention au cachot du Parquet, pour être relaxés après 7 heures de privation de liberté et paiement d’une amende transactionnelle de 500,000 francs congolais (environ à 175 dollars américains). Pour l'OLPA, qui condamne cette pression judiciaire exercée sur des journalistes qui n’ont fait que leur travail, cet acte constitue une atteinte grave à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme. Des actes d’intimidation visant les journalistes à Kabinda Dans un précédant communiqué, cette ONG s’est insurgée contre la montée en flèche des actes d’intimidations visant directement les journalistes de Kabinda, chef-lieu de la province de Lomami, dont les principaux auteurs sont des cadres de la territoriale. L'OLPA cite, à titre illustratif, Michaël Tenende, journaliste à la radio Top Lomami, station privée émettant à Kabinda, qui a échappé à un lynchage, le 18 août 2024, d’un groupe des personnes conduit par M. Ananias Mukanz, inspecteur de la territoriale de Lomami. Ces personnes, a expliqué cette organisation, ont pris d’assaut les installations de ce media, à la recherche de Michaël Tenende qui présentait son émission: « Lomami ne sera pas vendue », laquelle a été brusquement interrompue après l’invasion du studio par ces personnes."Lors de cette émission, le journaliste a évoqué la disparition d’un véhicule de la province, pourtant une dotation de la Présidence de la République destinée aux itinérances des cadres de la territoriale", a expliqué l'OLPA. L'ONG indiqué que l’inspecteur de la territoriale, qui s'est senti vexé par cette information, aurait organisé une descente punitive vers la radio dont le matériel de la station (un ordinateur) a été vandalisé et deux dictaphones emportés par les assaillants. A en croire l'OLPA, le journaliste n'a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des auditeurs venus à sa rescousse. L'OLPA cite également le cas de Martin Kasongo, journaliste à la radio privée Tokomi wapi Fm émettant à Kabinda, qui a reçu le 17 août 2024, un appel téléphonique de Mme Anne-Marie Kiabu, Maire de la ville de Kabinda, peu après la diffusion de l’émission :  "Masolo ya Mboka" traduit en Français par les problèmes du terroir. "Au cours de cette émission, le journaliste a déploré le fait que le service de la Mairie de Kabinda perçoit une taxe autre que celle convenue avec les conducteurs de Moto-taxi lors d’une réunion de consultation. Il en est aussi des brutalités subies par les commerçants du marché central de Kabinda lors d’un passage de la maire de la ville. Pendant la conversation téléphonique, Mme Anne-Marie Kiabu a proféré des menaces et insultes au journaliste, promettant de tout mettre en œuvre pour que ce média soit fermé dans un futur proche", a souligné l'OLPA. L'organisation, qui condamne vigoureusement les actes d’intimidation à l’endroit des journalistes, noté qu'il s’agit manifestement des violations graves du droit d’informer et d’être informé garanti par les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits humains. Il en appelle aux autorités de Lomami pour favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de cette province.

Lucien Dianzenza
Notification: 
Non