La septième édition du festival populaire et international des musiques traditionnelles Feux de Brazza a été marquée, entre autres, par la tenue d’une conférence-débat portant sur le thème « Diplomatie coutumière africaine pour la culture de la paix : enjeux et perspectives », à l’auditorium Denis-Sassou-N’Guesso du mémorial Pierre-Savorgnan-de- Brazza, le 9 septembre.
La conférence-débat tenue en présence de la ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault, s’inscrit dans le cadre de la recherche des voies pouvant participer à une réelle pacification de l’Afrique, notamment la diplomatie coutumière qui s’impose comme un levier important. Dans cette perspective, le projet 2026-2027 de création d’une chaîne Unesco de la diplomatie coutumière africaine pour la culture de la paix est un tournant majeur dans l’élaboration des stratégies de résolution de conflits et de préservation de la paix. C’est dans cette optique que le festival Feux de Brazza a organisé une conférence-débat sur la diplomatie coutumière africaine au service de la paix, animée par le Pr Urbain Amoa Koidio, de nationalité ivoirienne.
L’objectif principal de cette conférence-débat a été de développer un narratif nouveau reposant sur des savoirs, des connaissances et des acquis endogènes. Il s’est agi dans cette perspective d’accorder une certaine prépondérance aux valeurs culturelles traditionnelles héritées des sociétés précoloniales. Ces mécanismes innovants permettraient ainsi de proposer des solutions africaines à des problèmes africains, lesquels privilégieraient le consensus. Plus spécifiquement, il s’est agi de développer des réflexes de culture de la paix à partir d’une véritable appropriation des coutumes locales et de nouvelles compétences en diplomatie coutumière africaine. La mise en place d’institutions plus en adéquation avec l’histoire, la sociologie africaine, est nécessaire a proposé le Pr Urbain Amoa Koidio.
Il s’agira aussi de la réhabilitation de l’arbre à palabre, de la sacralité de la vie, du sens de l’intérêt commun qui s’impose comme une exigence morale. Ce nouveau contrat social permettrait de reconstruire la vie communautaire sur un autre paradigme. Ainsi, le fondement de ce projet serait le respect des tabous et des interdits, du droit d’aînesse, etc. Des propositions ont été faites : la mise en place d’un plan inter-Etats et panafricain de réhabilitation des pouvoirs et institutions traditionnels ; l’élaboration d’une feuille de route de maintien et de consolidation de la paix par l’expérimentation d’une charte pour la pacification du continent ; l’élaboration d’une charte sur la diplomatie coutumière africaine pour la culture de la paix. « Au terme de ces travaux, que nous puissions avoir une encyclopédie culturelle qui nous permette de mettre en valeur nos richesses et civilisations. Que cette encyclopédie soit renforcée par un supplément didactique pour bien enseigner ces éléments dans nos écoles », a souhaité l’exposant.
Les invités officiels se sont exprimés sur le sujet
Peu avant le début de la conférence-débat, les invités officiels à cet échange interactif ont réagi sur le sujet. Au nombre desquels, la directrice générale du mémorial Pierre- Savorgnan-de-Brazza, Bélinda Ayessa, qui, dans son mot de circonstance, a indiqué que cette conférence doit beaucoup à la permanence d’une préoccupation partagée au Congo autour d’un bien commun, la paix, condition et comportement inestimables dans la vie des peuples. « Dans notre pays le Congo, notre président de la République, Denis Sassou N’Guesso, en a fait un crédo. C’est ce qui explique la stabilité voici plusieurs décennies dans notre nation. Cette paix s’appuie surtout sur les fondements des processus de paix enracinés dans les traditions africaines qui ont donné la preuve de maturité et de dynamisme dans ce qu’on nomme aujourd’hui la résolution des conflits », a-t-elle précisé.
Pour sa part, en sa double qualité de député-maire de la ville de Brazzaville et de parrain de la septième édition du festival Feux de Brazza, Dieudonné Bantsimba, a fait savoir que Brazzaville entend poursuivre la valorisation de son patrimoine culturel, le développement des espaces de diffusion artistique et la restructuration, l’autonomisation et la mise en réseau des acteurs culturels et créatifs de la ville. Pour cela, estime-t-il, cette ville a besoin du soutien et de l’apport de tous.
Quant au secrétaire permanent du Conseil consultatif des sages et des notabilités traditionnelles, Jean-Marie Ewengué, les organisateurs de cette septième édition du festival populaire et international des musiques traditionnelles Feux de Brazza, en retenant comme thème de cette conférence « Diplomatie coutumière africaine pour la culture de la paix : enjeux et perspectives », ont souligné la place prépondérante qu’occupe la tradition dans le maintien de la paix, dans la gestion et la résolution des conflits en Afrique, même à l’heure où la politique moderne a créé d’autres instruments qui jouent ce rôle. Après quoi, il a fait une brève communication sur le Conseil consultatif des sages et des notabilités traditionnelles.
Prenant la parole pour son mot d’usage, la ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault, a souligné que « la diplomatie coutumière, au cœur de cette conférence-débat, est enracinée dans nos traditions et nos valeurs. Elle constitue un puissant levier pour la culture de la paix et l’intégration régionale. Elle nous rappelle que notre histoire, nos pratiques et nos coutumes peuvent servir de fondations solides pour construire un avenir harmonieux ».
Poursuivant son propos, la ministre a ajouté que l’Afrique, riche par sa diversité culturelle et ses multiples héritages, a toujours su trouver des solutions aux défis qui se prescrivent à elle. « Nos ancêtres nous ont légué des modèles de résolution de conflits ayant pour base le dialogue, le respect mutuel et la réconciliation. Ces principes doivent être placés au cœur de nos stratégies contemporaines, pour promouvoir la paix et la stabilité sociale dans le monde en général et en République du Congo en particulier », a-t-elle ajouté.