La dernière Note d’information de la Banque mondiale (BM) sur les migrations et le développement continue à soulever de nombreuses interrogations des experts. En République démocratique du Congo, ce marché assure la survie de plus de 7 millions de RD-Congolais, essentiellement des ménages. Pourtant, note D. Yenge Mbuta, "rien n’est fait pour en faire une véritable source des ressources étrangères pour l’investissement dépassant même le crédit intérieur fourni par le système financier".
De la Note de la BM publiée en juin 2024, beaucoup d’experts ont retenu la crainte exprimée par l’institution de Breton Wood sur le coût exorbitant d’envois de fonds des migrants dans les pays de la région, alors qu’une perspective d’accroissement de 1,4 % se dessine pour l’année 2024. Le volume devrait atteindre finalement les 54 milliards de dollars américains US en Afrique subsaharienne. Pour la BM, ces remises migratoires ne représentent pas qu’une simple bouffée d’oxygène pour les familles dépendantes. En effet, dans certains pays de la région, elles soutiennent même l'économie : Gambie (23 % du PIB), Lesotho (22 % du PIB) et les Comores (21 % du PIB).
Malgré un tel apport indiscutable, la région reste classée à ce jour comme la zone qui pratique les coûts les plus élevés au monde en matière de transfert d’argent. En RDC, pays où plus de 7 millions de personnes y dépendent directement, la question reste brûlante. « La BM parle d’un coût de 8 % pour transférer 200 dollars américains US. C’est le genre de question qui doit conduire à des politiques plus ambitieuses du Gouvernement. Malheureusement, des réseaux informels récupèrent une grande partie de cette manne », explique D. Yenge Mbuta. Dans cette bataille, d’autres institutions internationales de premier plan, notamment l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ont promis d’intervenir. De son côté, la BM espère une plus grande synergie des organisations internationales et des institutions financières pour des solutions durables de manière collective.
D. Yenge Mbuta affirme adhérer complètement aux défis de la mise en valeur des transferts de fonds. « Les flux de transferts de fonds annuels permettent aux bénéficiaires de survivre, de renforcer le capital humain et de mieux gérer les chocs financiers. Même sur le plan économique, ce marché constitue une source de ressources étrangères pour l’investissement ». Selon lui, le plus important n’est pas de le dire en vain, mais d’en prendre compte dans les politiques nationales. « Il existe de nombreuses contraintes qui exigent aujourd’hui des solutions. Nous devons les régler. Il faut neutraliser les contraintes de paiement, développer des corridors transfrontaliers, trouver des engagements bilatéraux avec les pays d’origine des transferts, promouvoir des options formelles favorisant les flux commerciaux et initier des politiques plus visionnaires de la diaspora qui intègrent les fonds mais aussi les compétences. Bref, il faut un effort concerté entre les décideurs, les régulateurs et les acteurs du marché ». Nous y reviendrons.