Réalisé par la Marocaine Leïla Kilani et co-scénarisé avec Hafed Benotman, « Sur la planche » est un long-métrage d’environ 1h 46 min sorti en 2012 qui met en vedette des jeunes femmes dont le quotidien n’est pas de tout repos. Liberté, emploi, épanouissement, jeunesse, violence, argent… autant de problématiques que soulève l’œuvre.
Tanger. Aujourd’hui, quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Toutes quatre ouvrières, elles sont réparties en deux castes : les textiles et les crevettes. Leur obsession : bouger. « On est là », clament-elles sans cesse. De l’aube à la nuit, la cadence est effrénée, elles traversent la ville. Temps, espace et sommeil sont rares. Petites bricoleuses de l’urgence qui travaillent les hommes et les maisons vides. Ainsi va la course folle de Badia, Imane, Asma et Nawal...
Comme dans son long-métrage sorti en 2009 « Nos lieux interdits », Leïla Kilani reste dans la réalité socio-marocaine avec « Sur la planche ». A travers leur vie qui roule 1000Km/h, ces jeunes filles expriment leur mécontentement sur certaines conditions dont elles ont du mal à accepter de dénoncer. Au lieu d’être à l’abri du besoin et de pouvoir bénéficier de certains privilèges, elles sont exposées et obligées de travailler durement pour s’en sortir. La rage de vaincre, l’insensibilité et la banalisation des conséquences sont devenues leur leitmotiv pour ne pas être culpabilisées. Comme le soulignent-elles dans le film : « Je ne vole pas, je me rembourse. Je ne cambriole pas, je récupère. Je ne trafique pas, je commerce. Je ne me prostitue pas, je m’invite. Je ne mens pas, je suis déjà ce que je dis ».
Le scénario de « Sur la planche » puise sa source d’un fait divers. En effet en 2005, alors que Leïla Kilani s'amusait à lire la presse à scandale marocaine, la cinéaste est tombée sur un article évoquant la féminisation de la criminalité : une bande de quatre filles ouvrières repérant des hommes dans des cafés pour les dévaliser a commis un meurtre. C'est à partir de cette matière qu'elle a pu mettre en place son projet tout en y ajoutant un brin de fiction selon son imagination.
Pour réaliser ce long-métrage, Leïla Kilani s'est inspirée du cinéma néo-réaliste new-yorkais des années 1970. Une optique qui se définit principalement par son contenu social : la découverte humaine et spirituelle d'un pays, d'une contrée. La qualité des images et la beauté des paysages subliment davantage cette fiction qui a connu entre autres dans son casting la participation de Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel…