Le long métrage de la réalisatrice congolaise Claudia Yoka est parmi les cinquante-huit films sélectionnés pour la quatrième édition des rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou ‘’RECICO’’ qui se tiendra du 5 au 12 octobre à Cotonou au Bénin.
Au sens propre du jargon lingala, l’une des langues nationales du Congo, ‘’Mayouya’’ peut se donner à comprendre comme une magouille. Pour ce long métrage, Claudia Yoka aborde le terme sous le prisme de la débrouillardise, de la résilience et de la stratégie comme art de survie. Lesquelles aujourd’hui permettent à bon nombre d’artistes congolais de produire, de rayonner à l’international et d’espérer un lendemain meilleur. Pour ce faire, la trame dénonçant cette frustration est vaillamment portée haut par plusieurs artistes congolais et d’ailleurs, dont Sorel Boulingui, Marie lek, Fortuné Bateza, Mira Loussi, Herman Kimpo, Passi, Tatiana Rojo, Marie philomène Nga, Phil Darwin, serge Abessole, Kader gadji, etc…
Par ce film d’environ 1h 52 minutes réalisé en français, majoritairement au Congo, la réalisatrice congolaise montre une fois de plus son attachement à des sujets engagés. Sur fond d’humour, Claudia Yoka met en lumière les difficultés liées au manque de financement adéquat pour mettre sur le marché du cinéma des œuvres de l’esprit de qualité, capables de redorer le blason de l’art congolais. Une réalité qui ne touche pas que le cinéma, mais plutôt tous les secteurs artistiques dans l’ensemble. Véritable cocktail panafricain de talents internationaux et nationaux, ‘’Mayouya’’ a rassemblé plusieurs pays autour d’une même cause, le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guyane, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guadeloupe.
Née en 1974 à Brazzaville, Claudia Haidara Yoka est une personnalité que l’on peut aisément appelée ‘’équilibriste professionnelle’’, ‘’une multitâche’’ à la fois artiste, réalisatrice, cinéaste et administratrice de société qui innove et une conseillère au plus haut sommet de l’Etat. Son parcours scolaire typiquement anglo-saxon est inspirant. De l’école de la fraternité de Brazzaville à Bruxelles en Belgique, en passant par Paris et Londres pour finir à la prestigieuse université de Harvard en 2008. Elle a participé toujours dans cette prestigieuse université à la formation des nouveaux leaders en éducation où elle sera classée en 2013 parmi les femmes leaders en éducation par l’école supérieur de l’éducation de Harvard.
Passionné par l’univers du cinéma dès la jeunesse, elle se forme alors en réalisation et marketing de film court à l’université de Californie à Los-Angeles. En 2002, elle crée l’association Clap Congo qui milite pour la relance du cinéma et aide les cinéastes en herbe à se former en récoltant des fonds auprès des entreprises privées au Congo. Productrice, elle compte à son actif plusieurs films dont ‘’Bozoba’’, absurdité en lingala, film déjà sélectionné aux écrans noirs ; ‘’Circonstances atténuantes’’ en 2005 ; ‘’Manigances’’ sélectionné au Fespaco en 2007 ; ‘’Mères chefs’’ et ‘’Mayouya’’, prix de meilleure interprétation des actrices au Festival international de fil Sakha au Maroc. Ses films parlent de la condition des femmes et des discriminations qu’elles subissent.
Si Claudia Yoka est connue dans l’univers du cinéma, elle a, par ailleurs, acquis une véritable notoriété sur la scène internationale avec la création en 2014 du festival ‘’Tozama’’ qui montre de manière originale la richesse des réalisations cinématographiques faites entièrement par les femmes. Ce festival réunit des femmes africaines et est un haut moment de partage, de rencontres entre professionnelles, dont l’ouverture a donné lieu à des réflexions, mieux à une mobilisation des femmes autour du cancer.
‘’ RECICO’’ est un festival dynamique créé en 2019 dans l’objectif de célébrer le cinéma, encourager la créativité et renforcer les liens entre les passionnés de cet art au Bénin et au-delà. Depuis six ans, il offre une plateforme pour mettre en avant les réalisateurs, acteurs, producteurs et autres professionnels du cinéma en Afrique afin de contribuer à la visibilité et à la reconnaissance de leurs œuvres. La quatrième édition propose au public la projection de plus de cinquante-huit films toutes catégories confondues, des ateliers de formations, des conférences-débats, des discussions qui susciteront des échanges, des idées, de partager des expériences et de sensibiliser le public aux enjeux sociaux, culturels et artistiques, abordés par le cinéma et encourager la fréquentation des salles de cinéma et la découverte de nouveaux talents.