Edité par L’Harmattan, ce roman de caractères relate une idylle de jeunesse faite de suspense, avec une trame semblable à une nouvelle.
Le récit d’amour, qui se dessine au fil des pages dans ce roman, met en évidence la maturité d’une plume qui sait faire de la description de la vraie vie, tout un art. Le roman, La Cité d’attache du vieux port, est, dans son réalisme esthétique, comme le dit l’écrivain français Stendhal, une sorte de miroir que l’on promène tout au long de la route.
« Au milieu des deux cœurs tourmentés, celui de la fille, fendu en deux, oscillait comme dans Mon cœur balance de Daouda. Le célèbre artiste-musicien connu pour être « sentimental » hésitait à choisir entre Fanta « la plus jolie » et Amina « la plus gentille ». Il aimait les deux filles comme Gallia avait en face Rody l’étudiant et Filos le fonctionnaire. » (Page 78).
C’est un dilemme que l’auteur peint à travers une trame passionnante. D’une part, la jeune héroïne prise en sandwich entre deux tourtereaux. D’autre part, la pesanteur de la tradition donnant tous les droits au père de décider sur le gendre idéal, sans tenir compte de l’avis de la fille. Le roman aborde l’épineux problème de la place de la femme dans la société africaine. Malgré l’instruction et l’influence de la modernité, quelques tendances anachroniques perdurent, en freinant les libertés individuelles liées à la gente féminine.
Seulement, contre toutes apparences de domination phallique, le sexe jugé faible semble le plus manipulateur parce que centre de toutes les intrigues. Gallia démontre dans ce roman la puissance de la femme qui sait tirer profit de sa situation « d’être aimée et à protéger » dont la parole est la plus considérée en guise de témoignage. Ayant eu en effet une fille élevée sous le toit de Filos, la suite des évènements laisse découvrir que Rody est son véritable géniteur. Au-delà de ce mélodrame, l’écrivain procède à un enchevêtrement de scènes de société rendues dans un style narratif croustillant.