La Fédération internationale de football association (Fifa), l’instance suprême, a apporté les premiers éléments de réponse sur la crise que traverse actuellement le football congolais.
La bataille est loin d’être gagnée par le comité ad hoc, puisque la Fifa a confirmé la légitimité de Jean Guy Blaise Mayolas dans ses fonctions de président de la Fédération congolaise de football (Fécofoot) quelques jours après l’installation, sur une décision de la justice congolaise, des membres dans le siège de la Fécofoot.
Après avoir occupé les lieux et mis dehors le comité exécutif dont le mandat court jusqu’en 2026, cette commission ad hoc a entamé son action par faire un inventaire des biens de la Fécofoot. Ses membres ont tenté d’obtenir le changement des signatures afin de prendre le contrôle du compte bancaire de la Fifa forward de la Fécofoot domicilié dans une banque de la place.
La Fifa, fidèle à ses principes, par le truchement de son responsable du programme de la gouvernance financière, s’y est opposée. «La Fécofoot, une des 211 associations membres de la Fifa, dispose d’un compte bancaire Fifa Forward domicilié à la banque Crédit du Congo sur lequel elle reçoit les fonds Forward de la Fifa destinés au développement du football au Congo Brazzaville » , a expliqué Christoph Suppiger. Et d’ajouter : « Les signataires de ce compte sont les personnes suivantes : Jean Guy Blaise Mayolas en sa qualité de président de la Fécofoot, Badji Mombo Wantété en sa qualité de secrétaire général de la Fécofoot et Raoul Kanda en sa qualité de directeur financier de la Fécofoot. Ces signataires qui exercent toujours leurs fonctions respectives au sein de la Fécofoot ne doivent en aucun cas être remplacés par d’autres signataires et sont les seuls habilités à autoriser les paiements depuis ce compte bancaire », a-t-il fait savoir. Avant de conclure : « Je vous prie de noter que tout changement de signataires sans l’autorisation préalable de la Fifa entraînera l’interruption du versement des fonds de la Fifa vers le compte bancaire Forward de la Fécofoot. »
L’interprétation des textes
Rappelons que la commission ad hoc a été mise en place le 25 septembre au terme d’une assemblée générale extraordinaire organisée par les membres qui s’opposaient au comité exécutif de la Fécofoot sans pourtant qu'aucun membre de la Fifa et de la CAF ne soit présent. La Fifa dans sa correspondance du 23 septembre avait, en effet, invité les parties prenantes à surseoir au processus d’organisation de l’assemblée générale extraordinaire du 25 septembre pour continuer conjointement avec la CAF à analyser et évaluer la situation au sein de la Fécofoot eu égard aux allégations contenues dans l’ordre du jour en perspective de l’assemblée générale extraordinaire. L’appel de la Fifa n’avait pas été entendu. « Il a été décidé de la révocation de ces derniers (membres du comité exécutif) pour les faits avérés de corruption, de trucage des matches et de manipulations des organes juridictionnels », disent–ils. William Théodule Bouaka a été placé à la tête de la commission ad hoc. Tout s'enchaîne très vite.
« Une audience contradictoire s’est tenue le 1er octobre 2024 devant le président du Tribunal de grande instance de Brazzaville ; statuant sur la régularité de l’assemblée générale extraordinaire, et le risque d’atteinte à l’ordre public du fait de la défiance inconditionnelle opposée par le comité exécutif révoqué. Le verdict étant intervenu le même jour à 15 heures, le tribunal, à travers l’ordonnance rendue, a décidé de l’expulsion du comité exécutif révoqué du siège de la Fécofoot et du changement des signataires auprès des banques », ont-ils justifié.
La démarche employée pourrait avoir de lourdes conséquences puisque la Fifa s’oppose à ce que tout litige qui concerne le football soit porté devant les tribunaux ordinaires. C’est une violation des statuts de la Fifa. «Les confédérations, les associations membres et les ligues s’engagent à reconnaître le TAS comme instance juridictionnelle indépendante. Ils s’engagent à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que leurs membres ainsi que leurs joueurs et officiels se soumettent à l’arbitrage du TAS », précise l’une des dispositions de la Fifa. «Tout recours devant le tribunal ordinaire est interdit, sauf s’il est spécifiquement prévu par les règlements de la Fifa. Tout recours devant un tribunal ordinaire est également interdit pour tout type de mesures provisionnelles », précise la Fifa.