Au terme de l’audience du 13 octobre, la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (CCAS) a décidé, contre toute attente, de disqualifier le premier vice- président de la Fécohand, Tongui Yoka, en même temps qu’elle a prononcé la dissolution de la commission électorale et l'annulation des résultats de l’assemblée générale élective du 20 septembre dernier. Ces décisions qui ont été contestées par le président de la Fédération congolaise de handball (Fécohand), Ayessa Ndinga Yengué, font suite à la plainte déposée par son challenger Avicenne Nzikou.
La crise au sein de l’instance faitière du handball congolais a débuté à quelques jours des élections qui étaient prevues pour le 14 septembre dernier lorsque le candidat Avicenne Nzikou avait demandé à la CCAS de disqualifier la liste de son adversaire, la dissolution de la commission électorale et la reprogrammation des élections. Dans son premier verdict du 13 septembre, la CCAS a demandé à la fédération, dirigée par Ayessa Ndinga Yengué, de dissoudre la commission et d'organiser dans un délai de dix jours l'assemblée.
Après quelques jours de préparation, l’assemblée générale élective s’est tenue le 20 du même mois au gymnase Nicole-Oba en présence des représentants de plusieurs institutions avec une nouvelle commission électorale mise en place lors d’un congrès. Au terme de celle-ci, le président sortant, Ayessa Ndinga Yengué, a été réélu par treize membres du corps électoral sur les vingt et trois attendus.
Se sentant lésé, le candidat Avicenne Nzikou n’a pas pris part aux élections et a porté à nouveau plainte à la CCAS pour annulation de l’assemblée et disqualification de la liste. Au terme des plaidoiries qui s’étaient déroulées en l’absence de la partie adverse, le président de la CCAS, Michel Kaboul Mahouta, a déclaré « sans objet » les demandes du plaignant.
C’est ainsi qu’une nouvelle plainte avec les mêmes charges a été déposée en ajoutant les points sur ce que le candidat Nzikou qualifie d’irrégularité et l’absence du camp adverse. C’est à la suite de cette dernière demande que Me Michel Kaboul Mahouta a décidé de « disqualifier la candidature de Tanguy Yoka, colistier de yessa Ndinga, candidat au poste de vice-présidence, le met à la disposition de la commission éthique du Comité national olympique et sportif congolais. Déclare les mandats des clubs AVR, Cara et Petro Nuls. Déclare les résultats de l’assemblée générale élective nuls pour l’olympiade 2025-2028, disqualifie les membres de la commission nationale électorale, ordonne la convocation d’une nouvelle assemblée générale élective sous huitaine… ».
Ayessa Ndinga Yengué qualifie ce jugement d’injuste et honteux
« Honte à la CCAS. J'ai le devoir de respecter M. Kaboul en tant que juge, mais c'est malheureux pour notre pays. Contrairement à mon adversaire qui m'insulte sur les réseaux sociaux ainsi que les membres de ma famille, j'avais décidé de faire confiance à la justice, mais aujourd'hui je découvre la partialité flagrante. Le jour de l’élection, M. Nzikou était au gymnase avec son monde dans les Coaster de la direction générale de la sécurité présidentielle, le matin avant de disparaître », a déclaré Ayessa Ndinga Yengué.
Il déplore le manque de constance et de cohérence dans la décision de la CCAS. Selon lui, le président de la CCAS a fait fi des documents présentés par son avocat pour favoriser les propos sans preuve de l'avocat adverse. Pour Ayessa Ndinga Yengué, Kaboul Mahouta a expressément et sans justificatif réduit le nombre du corps électoral au moment où il avait toutes les pièces et avait la possibilité de consulter les comptes rendus du ministère des Sports, du comité olympique et de la Confédération africaine de handball, présents lors de l’assemblée. A propos de la disqualification de son colistier, Tanguy Yoka, qui est en meme temps le premier vice-président du bureau sortant, le président de la Fécohand confirme que cette affaire jugée à deux reprises a été déboutée puis déclarée sans objet par la même CCAS.
Concernant la dissolution de la commission électorale, par exemple, le président de la Fédération se demande comment on peut dissoudre et mettre en cause une structure sans auditionner ses gestionnaires, au préalable. « On peut sanctionner une personne sans l’écouter ? Nous avons respecté tout ce que la CCAS nous a demandé lors du premier procès. Nous avons fait preuve de fair-play, mais le juge a fait preuve d'injustice, car ma réelection a été actée par la Fédération internationale de handball. Alors d'où vient que Mr Kaboul nous présente ces sotises ? AVR et Petro et la ligue n'ont pas voté », explique Ayessa Ndinga Yengué.
Le camp d'Avicenne Nzikou veut aller aux élections
Après un long marathon judiciaire, qui n'a peut-être pas encore dit son dernier mot, le président sortant de la ligue de Brazzaville et candidat à la présidence de la Fécohand, Avicenne Nzikou, promet de tout mettre en œuvre pour garantir sa victoire. Il pense que le droit a été dit et se lance d'ores et déjà dans la poursuite des campagnes.
Son équipe, qui était massivement présente à la CCAS, estime que les décisions de la CCAS doivent être exécutées à la lettre pour permettre aux différentes parties de jouer leur partition dans ce processus électoral. A en croire certains responsables des institutions sportives, cette sentence risque de connaître « des difficultés dans son application à cause de la circulaire ministérielle qui a suspendu toutes les assemblées générales électives ». Certains cadres craignent aussi une mauvaise appréciation de cette sentence par certaines structures qui avaient validé la réélection d'Ayessa Ndinga Yengué.
Actuellement, les différents acteurs du handball congolais s’interrogent sur l’impact de ces décisions sur l’avenir de certains clubs ainsi que des athlètes qui préparent les compétitions continentales, notamment le challenge Trophy (équipe nationale juniors hommes) qui aura lieu en début novembre en Ethiopie et la Coupe d’Afrique des nations seniors dames prévue pour décembre à Kinshasa.