Littérature : Clara Inés Chaves Romero présente son livre dédié à l’Afrique

Mercredi, Octobre 16, 2024 - 17:31

À l’occasion de la présentation de son nouvel ouvrage, Clara Inés Chaves Romero a donné une conférence très documentée le 14 octobre au consulat de la Colombie à Paris.

Devant un parterre de personnalités parmi lesquelles le ministre Jean-Claude Gakosso, l’ambassadeur Rodolphe Adada ou encore le conseiller de la nonciature apostolique, Mgr Andrea Francia, l’auteure a expliqué les motivations qui l’ont conduite à porter un regard diversifié sur l’Afrique.

Dès l’entame de sa conférence, Clara Inés Chaves Romero a paraphrasé une des pensées de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, concernant le danger d’une histoire unique de l'Afrique. «Nous devons connaître l'autre réalité, celle que peu de gens racontent, car l'Afrique n'est pas seulement la pauvreté, les guerres, les coups d'État, etc. L’Afrique est aussi de la diversité, de la richesse, des cultures, des civilisations, des créations, de la solidarité et bien d'autres encore», a-t-elle expliqué pour planter le décor, contestant le monopole des civilisations et de la culture aux Européens.

Tout au long de la conférence très documentée, elle s’est reportée aux nombreux exemples en guise de rappel des jalons de l’époque sur l’émergence et la domination qu’exerçaient déjà de grandes civilisations en Afrique : les groupes ethniques comme les Yoruba, les Bantous, les Dahoméens, les Soudanais et les Kongo.

Illustrant son propos, elle a expliqué que dès le XIIIe siècle, le puissant empire mandingue appliquait dès 1236 la déclaration de la Charte de Kouroukan Fouga, sous le règne de Soundjata Keita (1190-1255) dans des régions correspondant à peu près au Mali d’aujourd’hui. « C’est l’une des plus anciennes proclamations des droits de l’homme de l’humanité, car cette déclaration parlait de principes tels que la liberté, l'abolition de l'esclavage, le droit de chacun à l'alimentation, la dignité humaine, une procédure juridique régulière, le respect des aînés, des anciens et des parents, ainsi que l’engagement et l’amour pour son peuple, entre autres ».

Pour l’auteure, le narratif sur l’Afrique doit changer. Elle a d’ailleurs à ce sujet rappelé à la mémoire de ceux qui auraient tendance à l’oublier qu’à l’heure précoloniale, les Africains avaient déjà développé la diplomatie et les dirigeants des royaumes et empires envoyaient leurs émissaires pour parler avec des rois et reines d’autres nations et peuples africains.

Sa perception actuelle est de montrer un continent de l’avenir, ne serait-ce que par sa jeunesse : les projections démographiques en témoignent : d’ici dix ans, il y aura plus de personnes en âge de travailler en Afrique qu’en Chine et en Inde, car l’espérance de vie a augmenté et les conditions de développement des industries et des emplois se sont améliorées. La population de l'Afrique atteindra la population de la Chine en 2025 et l'aura largement dépassé en 2050... « C’est une des raisons pour lesquelles l'Afrique est le continent de l’avenir ! »

Clara Inés Chaves Romero va plus loin : au-delà d’une démographie galopante, l'Afrique, continent de l’avenir, s'en sortira mieux que les autres continents, car son peuple « chérit particulièrement ses valeurs et ses cultures. » La culture se positionne comme un « pilier du développement durable » et comme un élément clé pour la construction de la paix, estime-t-elle dans la mesure où elle sert à se rapprocher des peuples et des habitants de ces territoires marqués par l'Afrique et les traces de l'africanisme. De ce point de vue, évoquant l’importance de la diplomatie culturelle qu’elle juge cruciale, « cela nous permettrait de développer un Soft Power qui ne serait, ni plus ni moins, que l’application de cette diplomatie culturelle ».

De nombreux sujets ont également été abordés par la diplomate, notamment les énergies propres et le rôle de l’Afrique dans ce domaine en faisant référence au bassin du Congo tel que souligné lors du Sommet des trois bassins à Brazzaville. Elle est aussi convaincue de la coopération Sud-Sud et de celle de l’Afrique avec la Colombie son pays.

Clara Inés Chaves Romero a conclu sa conférence tout en s’interrogeant sur la nécessité d’un ajustement culturel de la mentalité des uns et des autres, pour réaliser avec l’Afrique une alliance d’égal à égal au bénéfice des populations, estimant que l´Afrique le mérite bien !

 

 

Un chemin en Afrique, une porte sur le monde / Un road to Africa a door to the world

296 pages - Éditions du Panthéon

Encadré 1

La population africaine et sa diaspora comptent plus de 1600 millions de personnes dans le monde, ce qui rend attractive l’Afrique pour le commerce et l'investissement.

Encadré 2

L’Afrique se positionne comme un continent de l’avenir en matière de biodiversité, car elle regorge d’un potentiel pouvant atteindre 40 % de l'énergie solaire mondiale et devrait produire 10 % de l'énergie éolienne d'ici 2050. Un de ses atouts en matière de biodiversité de ce continent est qu’il possède une grande richesse hydraulique à travers ses fleuves Nil, Congo, Zambèze, Lac Victoria, et possède de vastes zones d'eaux souterraines inexplorées. Avec plus de 5000 bassins fluviaux possédant un énorme potentiel d’irrigation et de production d’hydroélectricité, ainsi que des eaux souterraines abondantes, le continent a la capacité de résoudre des problèmes d’eau et d’énergie si ces ressources sont exploitées de manière efficace et durable.

Encadré 3

Avocate, journaliste, juge de paix municipal, analyste… colombienne de naissance et belge d’adoption, Clara Inés Chaves Romero a été diplomate de carrière du ministère colombien des Affaires étrangères pour lequel elle a occupé divers postes à l’intérieur et à l’extérieur du pays, comme au Chili, au Belize, en République dominicaine et en Haïti. Elle a été consultante internationale pour le Pnud en République du Congo. 

 

Marie Alfred Ngoma
Légendes et crédits photo : 
Présentation officielle du livre Un chemin en Afrique, une porte sur le monde au consulat de Colombie en France le 14 octobre 2024
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