Suivi des « Damnés de l’amour», le recueil de poésie « Les psaumes du sarcophage », publié aux Editions Kemet à Brazzaville, révèle le sens de la vie à travers l’humilité qu’impose la mort.
Sujet d’effroi naturellement redouté par les femmes et les hommes de tous les continents, et de tous les temps, la mort dans ce double recueil de poèmes est tantôt une antithèse du bonheur, tantôt une aubaine. L’écrivain congolais Julien Makaya arbore cette thématique à la fois comme un philosophe et un sociologue, mettant en évidence, d’une part, les leçons diverses qu’inspire la mort, et, de l’autre, ses idéaux et ses convictions érigés en valeurs universelles.
Par un jeu de paradoxe, cette poésie fait naître chez le lecteur des sentiments divers. La joie, l’émoi, la peine, l’empathie, autant d’émotions qui par la combinaison harmonieuse des mots conjurent les maux de l’existence, en éveillant l’espérance d’une nouvelle vie au-delà de la mort. La poésie se vit alors sublimement comme une prière ou une interpellation qui rend l’homme plus proche de ses semblables au-delà des masques et des artifices de la société.
L’écrivain français Charles Baudelaire n’écrivait-il pas en 1857, dans "Les fleurs du mal" : « C’est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;/ C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir/ Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,/ Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ». Dans la foulée, Julien Makaya se fait le chantre incontestable de la bonne et de la triste mort. Artisan incontestable des belles lettres, il invente un imaginaire qui prépare le lecteur à ce rendez-vous fatal et irréversible, en l’invitant à être plus humain pendant le pèlerinage terrestre.
« La terre lourde qui engloutit le sarcophage/ Est la même qui fertilise la vie dans ce monde » écrit-il à la page 17. Ou à la page 27, « Puisque tu es né, tu mourras/ Mort, tu pourriras/ Alors cultive la modestie ». Comme « Les victimes du stade d’Ornano » (page 33) ou le « Peuple palestinien » de Gaza (page 58), les « Oligarques africains » trépasseront aussi (page 23) ; autant que « Jésus-Christ » (page 49) ou « Mussolini » et compagnie (page 56), tous nous mourrons, que nous soyons des écrivains (pages 60 et 61), des amoureux (page 73) ou des marginaux (page 77).