Publié à Brazzaville aux éditions Kemet, le recueil de poésie « Saveur de mes larmes » est une prodigieuse méditation d’une âme solitaire au langage policé.
La monotonie, le spleen, l’angoisse rendent la vie morne malgré les lumineuses occasions de joie qui s’offrent au regard de la jeune poétesse. Dans ses premiers pas, à travers son tout premier recueil, Merveille Mbip surprend les initiés du langage des bardes par la qualité majeure de sa plume naissante.
Les larmes de tristesse immortalisées sur la stèle lyrico-esthétique, édifiée avec une expression rare et sophistiquée, se transforment en larmes de joie émotive qui nourrit l’exquis plaisir de lecture face aux fresques phrastiques d’une beauté aussi loin de ce qu’on rencontre d’habitude. N’est-ce pas un coup de maîtresse ou une mélodie de déesse ?
La vie est comparée par la poètesse à un bouquet de souffrance peint d’images un tantinet sibyllines. « D’abord un lépidoptère, puis des multitudes de phalènes/ Ils expirent dans nos bras et inondent la pénéplaine » (page 60).
La même forme de morosité itérative au texte en général apparaît à la première personne confondue à l’auteure elle-même à travers cette strophe : « Mon cœur s’est avili, j’ignore comment aimer/ Il a perdu son poids, décrépi de ses appétences/ désorienté de son néant, reclus par l’incertitude/ Stérile langueur, abyssal naufrage » (page 48).
Merveille Mbip ne se démarque pas de la vocation prophétique du poète qui, à l’instar de Victor Hugo, se propose d’être le dénonciateur des charniers de la société de son temps. « Venant sur terre sur un sentier d’Afrique/ Ayant pour unique rengaine cette aurore étique » (Page 59).
A propos, Marie-Léontine Tsibinda Bilombo écrit dans la préface, « Dans Saveur de mes larmes s’entend la brûlure de l’urgence de vivre, la résurgence du flot de la vie, « Parce que vivre est l’esthétique du monde ». Vivre pour soi, pour les autres, vivre avec les autres » (Page 12).
Auteure prometteuse, Merveille Mbip est née en 1996 en République du Congo. Le recueil « Saveur de mes larmes» a bénéficié de la postface d’Armand Boukhety.