Les rideaux sont tombés le 28 novembre sur le forum cybersecurity de Brazzaville avec une seule orientation : digitaliser les institutions. Cette rencontre qui a regroupé les acteurs impliqués dans le secteur du numérique vient ainsi de poser une problématique qui est la protection de la donnée.
Placé sur le thème « Cyber intelligence et industrie de la donnée », le Forum qui a été un véritable moment d'échanges a traité de l'importance de la donnée et de la souveraineté numérique.
« Il s'agit de la digitalisation des institutions. Digitaliser c'est bien, mais une fois digitalisé, il faut penser à la sécurisation de nos actifs. Et la raison pour laquelle nous avons aussi monté cette deuxième édition sur ce thème, c'est parce que nous avons compris une chose, la donnée reste le nerf de la guerre numérique actuellement », a précisé l'organisateur et promoteur de Skytech, Arnaud Aken Elion.
En effet, il estime que celui qui contrôle la donnée contrôle la guerre. « C’est la même chose pour un État. Il est important pour un État qui se dit souverain numériquement de contrôler ses données. C'est le point clef que nous tenions à faire comprendre aux participants », a-t-il précisé.
Contrairement à certains intervenants qui ont relevé que la souveraineté numérique n'est pas encore possible, et que c'est un idéal, Arnaud Aken Elion reconnaît bel et bien que la population vit dans une communauté et il y a des questions qui demandent qu'il y ait l’interopérabilité. « Aujourd'hui nous avons des clouds, des solutions des multinationales qui existent dans plusieurs pays. Voilà pourquoi les données interagissent ensemble. Il peut alors arriver que les mêmes données qui se trouvent à Brazzaville se retrouvent dans d'autres pays. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de souveraineté. Non. Même si les données sont dans un autre pays, il y a toujours un moyen de contrôler cela en faisant l'acquisition d'une solution en achetant le code source », a-t-il expliqué.
Pendant son exposé portant sur la guerre digitale, il a tiré sur la sonnette d'alarme, afin de faire comprendre aux chefs d'entreprise, aux autorités que « la donnée doit être contrôlée par nous-mêmes. Un pays souverain doit avoir la souveraineté de manager, de stocker, d'héberger ses données en local, c'est-à-dire dans son propre Data Center ».
Par rapport à l'Europe, le nombre de Data Center en Afrique est à peine de 1,20%. La plupart se trouvent en Afrique du Sud. Au Congo, l'État est en train de construire son Data Center pour régler la question.
Au sortir du forum de Brazza Cybersecurty, Radiatou Ouro-Gbelé, experte en cybersécurité, pense que le Congo a déjà un potentiel dans l'expertise avec des jeunes étudiants que l'État est en train de former. « Nous sommes dans un monde globalisé. Nous pensons que l'expertise locale n'est pas développée, mais c'est à nuancer. Il y a des étudiants qui sont formés en cybersécurité, avec du coaching ils deviendront des experts. Ce n'est pas vraiment à minimiser la compétence locale. Moi, je dirai que nous sommes Africains. A ce titre, on peut travailler avec d'autres Africains (...) Si l'on met les jeunes Africains ensemble, il y aura une grande force de frappe », a-t-elle indiqué.
Et de relever qu’ « Aujourd'hui en Europe, ce sont les Africains et les Arabes qui sécurisent les données. Si les Africains le font déjà dehors, c'est qu'ils peuvent le faire mieux chez eux ».
S'agissant des stratégies à mettre en place pour développer la Cybersecurity, Ouro-Gbelé a affirmé qu'il faut des moyens pour se former. Et l'Intelligence artificielle (IA) est un plus pour l'Afrique. « Avec l'IA, un jeune peut se former lui-même grâce à des plateformes de formation en ligne », a-t-elle conclu.
Notons que la prochaine édition se tiendra l'année prochaine sur le thème « Bien choisir son allié dans le cyberespace ».