Les souvenirs de la musique congolaise : L’orchestre Cercul jazz, un des grands groupes historiques de la musique congolaise (suite et fin).

Lundi, Décembre 2, 2024 - 13:00

Après avoir effectué une tournée africaine qui le conduit au Gabon, au Tchad, au Cameroun et au Nigeria, puis au Congo à Pointe-Noire et Dolisie, tournée qui fut couronnée de succès. De retour à Brazzaville, le groupe élit domicile au ‘’Club Lomeka’’, bar situé dans la Rue des martyrs à Moungali

 

Installé au ‘’Club Lomeka’', le Cercul Jazz devient ‘’Cercul Jazz LOMEKA’’ et au fil des temps Franklin Boukaka et Albert Ntounta Mamadou vont former magnifique duo et s’imposer comme les meilleurs chanteurs et leaders incontestés du groupe dans les titres comme ‘’Honoré Na Mossaka’’, ‘’Nitwani Ya Biya’’, ‘’Louzolo’’, ‘’Pont sur le Congo’’ de Franklin Boukaka et ‘’Loufoua Tolo de Ntouta Mamadou’’, titres produits par les éditions Pathé Marconi et Stenco et qui occupent une place de choix dans le catalogue musical congolais. En 1967,  Sita Atis, jeune chanteur de l’orchestre Ok Band de Dolisie, découvert par Franklin Boukaka  et Ntouta Mamadou lors de la semaine culturelle d’Août 1967 fait son entrée dans le Cercul Jazz, à noter également l’arrivée dans le groupe d’autres musiciens et la défection de Franklin Boukaka  en 1968, qui traversa le Pool Malebo et fit son entrée dans l’orchestre Vox Africa de Jeannot Bobenga.

Recomposition de l’orchestre, Albert Ntounta Mamadou chef d’orchestre, Sita Atis, Mpassi Dors, Malonga Joris (chanteurs), Sterling (guit solo), Malonga Simaro (guit acc.), Ntounga Elgy (guit mi solo), Nelly (guit bass), Domsis (Toumbas). Au cours de ses différentes prestations dans les bars dancing de Brazzaville, le Cercul Jazz tient tête face à ses rivaux qui occupent déjà la sphère musicale congolaise à savoir : les Bantous de la capitale, le Négro band, Tembo et autres. Le séjour de quatre (04) mois dans les localités de Nkayi, Madingou, Makabana, Loutété et Sibiti est une étape du palmarès élogieux du Cercul jazz dans la scène musicale congolaise. Ayant constaté la vétusté de leurs instruments de musique, le groupe sollicita un crédit auprès de la Banque Nationale de Développement du Congo (BNDC) en vue d’acquérir un nouveau matériel. A cet effet, ledit crédit leur fut octroyé et la commande fut adressée en République Allemande par le biais d’une maison de commerce de la place du nom de Siemi, grâce à l’acquisition de ce nouveau matériel flambant neuf, le Cercul Jazz se rend à Kishasa au mois de Juin 1969 où il est accueilli avec enthousiasme par  les mélomanes et Autorités de la crème politique kinoise en l’occurrence le ministre Justin Marie Bomboko, le Général Boumba, le Colonel Tchikeva, très content de voir arrivé à Kinshasa un orchestre de Brazzaville et à qui ils apportèrent un soutien multiforme.

A Kinshasa, le Cercul Jazz livra plusieurs concerts dans les bars dancing tels que Vis-à-vis, Parafifi, Malandila, Vata 69, et 123 où les titres ‘’Pont sur le Congo’’, ‘’Louzolo’’ connurent un franc succès et étaient plusieurs fois réclamés par le public. De succès en succès, le Cercul Jazz acquit une certaine notoriété sur l’échiquier musical kinois au point où Albert Ntounta Mamadou, galvanisé par le succès et sur conseil de certains leaders des orchestres kinois de l’époque, s’arrogea le leadership de l’orchestre au point de devenir le patron du groupe à l’image de Franco, de Rochereau et autres qui sont des patrons de leurs groupes respectifs, une attitude qui ne trouva pas l’assentiment des autres membres du groupe car le Cercul Jazz est un patrimoine commun de tous et nul ne peut être au-dessus des autres. Le comportement déviant de Ntounta Mamadou incita la plupart de musiciens constituant l’ossature à quitter le groupe et regagna Brazzaville dont Sita Atis (chanteur), qui alla monnayer ses talents dans le négro band, Domsis opta pour l’orchestre ‘’Les Grands Maquisards’’. Ntounta Mamadou resté seul maître à bord du navire Cercul Jazz reconstitua le groupe avec certains musiciens Zaïrois, groupe qui vécut le temps d’une rose. Terrassé par la maladie, Ntounta Mamadou tira sa révérence à Kinshasa en 1972, neuf mois après la mort de Franklin Boukaka en fevrier 1972, il fut inhumé à Brazzaville avec tous les honneurs en présence des grands musiciens Kinois dont Gérard Madiata qui prononça l’oraison funèbre avant de faire un vibrant tour de chant à la mémoire du défunt. Notons qu’avec la mort de Ntounta Mamadou, le Cercul Jazz cessa pratiquement d’exister. En 1975, le chanteur Matingou et le batteur Biniakounou Tochino tentèrent d’exhumer le Cercul Jazz mais sans succès. Fin

Auguste – Ken - Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
Photo: L’orchestre Cercul jazz/DR
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