Première édition de « Rencontre d’exception » : la FDEC au cœur d’une réflexion plurielle sur la gouvernance inclusive

Jeudi, Décembre 5, 2024 - 10:30

Une véritable tribune d'espoir pour la femme congolaise. C'est ce à quoi aura ressemblé la première édition des "rencontres d’exception" tenue le 3 décembre 2024 à Kinshasa.

 

À l’initiative de cette nouvelle expérience, l'association Femme d'exception du Congo (FDEC) a mis une emphase particulière sur la gouvernance inclusive, la thématique centrale autour de laquelle s'est cristallisée la somme des réflexions.

Du beau monde, il y en avait pour donner un éclat particulier à cet évènement de haute portée sociale placé sous le haut patronage du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, dont la présence s'est avérée un élément motivant supplémentaire pour l'organisation.

Quelques têtes couronnées du gotha politique et judiciaire du pays étaient également présentes, à l’instar de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, du président du Sénat Jean-Michel Sama Lukonde, de la première présidente du Conseil d’Etat, Mme Marthe Odio Nonde, sans oublier, la première vice-présidente du Sénat de la Côte d’Ivoire, l’honorable Sarra Fadika Sako, invitée spéciale.

Dans son mot de circonstance, le garant de la nation a salué le plaidoyer passionné en faveur des femmes congolaises dont est aujourd’hui porteuse la FDEC. Il a encouragé ses membres à plus d’abnégation tout en les présentant comme un pilier essentiel dans la quête d'une société plus juste. De la gouvernance inclusive, il a indiqué que celle-ci va au-delà du simple concept. C'est, dans son entendement, «la vision d'un leadership intégrant toutes les composantes de la société dans le processus décisionnel».

Égrenant par la suite quelques actions menées sous son leadership en faveur des femmes, il a cité, entre autres, toutes les lois-clé promulguées pour protéger les droits des femmes et assurer leur représentativité à tous les niveaux de la vie politique et sociale. La loi n °15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité en RDC est une illustration parfaite de son engagement à briser les barrières pour propulser les femmes au plus haut niveau de responsabilité.

Toutefois, les stéréotypes du genre et les idées préconçues sur la gent féminine continuent à limiter leurs opportunités et à freiner le processus de leur émancipation, a regretté l'Autorité suprême. D'où son plaidoyer pour une transformation des mentalités qui promeut une nouvelle vision du rôle social des femmes, mais aussi une masculinité positive prenant appui sur l'égalité du genre.

Le président Félix Tshisekedi a, par ailleurs, insisté sur le renforcement de l'éducation des jeunes filles et leur accès à l'éducation ainsi que sur la nécessité de prendre en compte la dimension genre dans toutes les politiques publiques. Pour lui, le combat à mener pour la gouvernance inclusive requiert une forte participation citoyenne et une implication sans faille de toutes les couches sociales.

Pour un leadership transformationnel

L'allocution du chef de l'État avait été précédée par une série d'interventions dont celle de la présidente de la FDEC, Mme Lydie Omanga. Dans un franc-parler qui lui est caractériel, cette dame d’exception s'est livrée à une sorte de pédagogie autour des valeurs qu'incarne son association. La FDEC, a-t-elle déclaré, est avant tout un regroupement des femmes et des « hommes genrés » aux parcours inspirants. "Nous ne quémandons pas des postes, nous sommes des audacieuses et nous savons ce que nous valons", a-t-elle indiqué non sans mettre en relief la prédisposition des femmes d'exception à être des modèles, ou mieux, des éclaireurs dans leurs milieux de vie.

À propos de la gouvernance inclusive, Mme Lydie Omanga a martelé sur l'urgence de sensibiliser, voire d'interpeller les consciences, à tous les niveaux, sur les vertus de la complémentarité censée exister entre l'homme et la femme. Elle a exhorté les hommes à être des « Masculins positifs » à l'instar de ces trois hommes qui ont forgé sa personnalité, en l'occurrence, son père géniteur, le chairman Vital Kamerhe et le président de la République, Félix Tshisekedi.

Auparavant, la cheffe du gouvernement, Judith Suminwa Tuluka, a appelé à la promotion et à la vulgarisation des problématiques posées par la masculinité positive. La première Vice-Présidente du Sénat de la Côte-d’Ivoire, l’honorable Sarra FADIKA SAKO avait, pour sa part, salué l'initiative qui reflète l'engagement commun de la RDC et de son pays à promouvoir des systèmes de gouvernance favorisant l'inclusivité sociale, où chaque citoyen, quelques soient ses origines, trouve sa place.

La Ministre du Genre, famille et enfant, Mme Léonie KANDOLO OMOYI, a exhorté à une mise en commun des intelligences, au-delà des différenciations sociales. Car, a-t-elle martelé, « le cerveau n'a pas de sexe ».

Des réflexions de haut vol… 

Après la phase de discours, s'en est suivi des discussions autour de la gouvernance inclusive dans le cadre des différents panels organisés à cet effet. Des débats de haute facture intellectuelle ont émaillé ces moments de partage et d'échanges.

Scientifiques, politiques, juristes, parlementaires et autres ont, chacun, donné leur perception en rapport à l'enjeu crucial que représente la gouvernance inclusive. Les réflexions se sont cristallisées, entre autres, autour du cadre légal de ce concept, mais aussi des modalités de sa mise en œuvre et de son application notamment dans les entreprises privées ainsi que dans les institutions publiques.

Plusieurs pistes de réflexion ont été scrutées avec, en toile de fond, des questionnements sur l’inadéquation entre l’existence d’un arsenal juridique favorable aux femmes et le retard pris par la RDC dans sa marche vers une gouvernance plus inclusive.

Les débats se sont circonscrits autour des enjeux liés, entre autres, aux difficultés d'accès des femmes aux processus décisionnels, au changement de la perception sociale de la femme, au déficit de volonté politique, à l'accès de la jeune fille à l'éducation, au financement des politiques de genre, à la solidarité féminine etc. De cette somme de réflexions, il en a découlé trois recommandations essentielles. Il s'agit, premièrement,  d'identifier tous les problèmes que pose la gouvernance inclusive.

Pour ce faire, le Ministère du Genre ainsi que la FDEC ont été exhortés à répertorier et à corriger toutes les incohérences décelées dans les différents textes et lois existants en la matière. Ce qui permettra de monter des plaidoyers pour des réformes efficientes. Deuxièmement, il a été recommandé de veiller strictement sur les statistiques en prenant en compte tous les cas de disparité constatés dans tous les domaines de la vie nationale via une récolte active des données.

Enfin, la RDC et la Côte d'ivoire ont été exhortées à réfléchir en synergie sur les modalités pratiques de la « Masculinité positive » et sur sa mise en œuvre pour une meilleure lisibilité du concept.

Pour un coup d’essai, cette première édition des Rencontres d’Exception s’est avérée un véritable coup de maitre au regard, non seulement de la qualité des participants, mais surtout, de la pertinence des réflexions qui en ont découlées. 

La prochaine se tiendra en 2025, toujours à Kinshasa, et aura pour thème « L’inclusion financière des femmes ».

 

Sylvain Andema
Légendes et crédits photo : 
Le Chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, posant avec les femmes d'exception
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