Dans l’idée de marquer une rupture avec l'opération coup de poing qui a créé le traumatisme au sein des familles, le Centre d’actions pour le développement (CAD) a sollicité au gouvernement d'arrêter cette opération du fait qu’elle a montré ses limites.
L’annonce a été faite par le directeur exécutif du CAD, Trésor Nzila, notamment lors de la présentation du rapport annuel sur la situation des droits humains au Congo. Cette dernière fait suite à un constat selon lequel la tendance pour les droits humains continue d’aller dans la mauvaise direction, la situation est extrêmement difficile depuis 2021. Le CAD continue d’alerter sur les droits humains, les conclusions sont terribles. Cette année, le CAD a documenté 8216 violations des droits humains, alors qu’en 2023, le Congo était à 2092.
Insistant sur cet écart important entre le discours officiel et la réalité sur le terrain, Joe Washington Ebina a souligné que les organisations spécialisées pour la défense des droits de l’homme ont depuis le début de l’année analysé puis enquêté sur la situation de l’opération coup de poing. Le constat est que cette opération malheureusement a montré ses limites, il y a eu des personnes décédées à la suite des conditions inhumaines subies dans les geôles. Les familles n’avaient pas le droit d'aller voir les personnes arrêtées pendant cette opération, surtout à Brazzaville. « Au-delà de ça, nous vous rappelons que la police et la gendarmerie ont un rôle de protection des personnes et des biens. Pourquoi ne pas continuer à jouer leur rôle de protecteur et voir une opération qui malheureusement aujourd’hui a créé le traumatisme au sein des familles, une opération qui a démontré une violation de présomption d’innocence », a déclaré Joe Washington Ebina, avant d’ajouter qu’aujourd’hui, il y a des jeunes qui ont peur de se balader parce qu’ils sont habillés d’une certaine manière et les tatouages ne sont pas également acceptés. « Je pense qu’il faut que cette opération s’arrête afin de laisser la liberté à ces jeunes de mener leur vie. Au-delà de la précarité et la pauvreté qui sévissent actuellement au Congo, il faut bien donner la liberté aux gens de s’épanouir », a-t-il dit, précisant qu’il est important que le gouvernement prenne ses responsabilités pour apporter des solutions.
De son côté, Trésor Nzila a indiqué qu'il y a 244 recommandations qui ont été formulées à l’endroit du gouvernement congolais et il pense que celles-ci restent valables. Selon lui, les violations sont nombreuses, elles concernent les cas civiques, les arrestations (détention arbitraire, la torture, les exécutions extra-judiciaires, disparition forcée, violation des droits d’éducation, d’accès à la santé, les défaillances sanitaires, homicides involontaires, etc.). Il a relevé que ce rapport est le résultat d’un travail mené pendant une année. Le CAD a travaillé principalement dans 17 localités réparties en 7 départements. « C’est une couverture assez faible. Je peux vous dire que la gravité de la situation ne peut être analysée uniquement en considération du rapport que nous venons de présenter. La réalité est beaucoup plus préoccupante », a-t-il souligné.