Exploitation artisanale de diamant : le Cenadep insiste sur le respect du processus de Kimberley

Mercredi, Décembre 18, 2024 - 09:04

Le Centre national d’appui au développement et à la participation populaire (Cenadep) a fait, le 17 décembre à Kinshasa, la restitution de sa mission de suivie de la mise en œuvre des exigences minimales des exigences du processus de Kimberley, menée du 27 août au 2 septembre, dans la province de Lomami. Dans le rapport rendu par Pascal Matabaro, l’association à but non lucratif (ASBL) a relevé une absence criante des mécanismes de traçabilité dans le secteur minier dans cette province.

La mission du Cenadep a été axée sur la production artisanale de diamant. Elle a relevé qu’au cours de l’exercice 2022, dont les statistiques sont disponibles au niveau du ministère des Mines, 7 015 carats de diamant produits par la province de Lomami ont été comptés dans la production du pays, mais la traçabilité dans ce secteur particulier est confrontée à  divers obstacles dont l’influence politique et coutumière sur le circuit, les désordres créés par le Conseil permanent pour le développement communautaire, le manque de confiance vis-à-vis de l’Etat, l’inopérationnalité du Service d’assistance et d’encadrement des mines artisanales et de petite échelle ainsi que l’absence du Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des matières précieuses et des statistiques fiables.

Des cas types de confiscation de diamant

Dans ce secteur de production artisanale de diamant, la mission du Cenadep a relevé des confiscations flagrantes de diamant par l’autorité provinciale qui ébranlent la confiance des creuseurs artisanaux vis-à-vis de l’Etat. Ils empruntent alors d’autres circuits pour la vente de leurs produits; affectant ainsi la traçabilité de cette matière précieuse.

Pour illustrer cette situation, l’étude a, en effet, noté 72 confiscations de diamant par l’autorité de 2019 à 2022 et a estimé, pour les cinq cas emblématiques,  une perte de 300 millions de dollars américains au détriment de la population, de la province et de l’Etat congolais. Parmi ces cinq cas, il y a celui du diamant vert de 75 carats appartenant au pasteur Albert Ngoy Builu. Celui-ci, placé dans le coffre fort du gouvernorat, a été confisqué par le gouverneur de province alors que le propriétaire avait suivi le circuit officiel et a déjà obtenu les documents pour la certification de sa pierre.

Selon ce rapport et le témoignage du propriétaire de cette grosse pierre, malgré que plusieurs services de l’Etat ont été saisis par cette situation et l'ont entendu, ce diamant, qui se trouverait à Kinshasa, ne lui est pas encore remis.

Des recommandations ont été faites afin d’améliorer la traçabilité de ce minerai, selon le processus de Kimberley, et assurer ainsi les bénéfices pour les creuseurs artisanaux, la population, la province et l’Etat congolais. Et ceci commence, selon cette ASBL, par la remise du diamant de 75 carats à son propriétaire, afin de lui permettre de continuer le processus déjà commencé et à chaque partie prenante de rentrer dans ses droits. « Ces mécanismes sont indispensables pour aligner les pratiques minières de Lomami avec les standars internationaux et les objectifs du processus de Kimberley », a souligné le Cenadep dans sa conclusion.

Il a relevé que le respect de la traçabilité et de la transparence est porteur des germes de développement et de l’équilibre social, étant donné que les propriétaires terriens, les chefs coutumiers, les communautés, les creuseurs, les négociants ainsi que l’Etat seront, chacun en ce qui le concerne, bénéficiaire de l’exploitation du diamant. « Nous sollicitons l’implication du président de la République pour que les services soient instruits en vue de la localisation de ce diamant, pour que ce citoyen congolais rentre dans ses droits. Ce sera un élément fort en vue de conduire d’autres provinces à suivre les prescrits du processus de Kimberley », a indiqué la directrice générale du Cenadep, Me Gabrielle Pero.

Le gouvernement, a-t-elle insisté, doit tout mettre en œuvre pour l’opérationnalisation du processus de Kimberley dans toutes les provinces du pays. « La RDC a intérêt que ce processus soit opérationnel », a ajouté Me Gabrielle Pero. Elle en a appelé à un dialogue constructif entre les différents acteurs pour que le secteur de diamant soit aussi porteur de développement.

 

Lucien Dianzenza
Légendes et crédits photo : 
1. La salle, lors de la restitution/Adiac 2. Photo de famille des participants à la séance/Adiac
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