Suite à l’implosion de l’orchestre Bantous de la capitale, le 6 novembre 1972, Edo Ganga, Mermans Mpassi et Téophile Théo Bitsikou concluent une alliance à trois et créent l’orchestre dénommé "Les Nzoï". Ils seront rejoints par Ange Djendo Linaud, ancien sociétaire de l’orchestre SBB.
La sortie officielle de l’orchestre "Les Nzoï" (mot lingala qui signifie abeille) eut lieu au cinéma Vog, à Brazzaville, devant un parterre de mélomanes et amoureux de la bonne musique venus assister à la naissance de ce nouveau-né de la musique congolaise de la rive droite du fleuve Congo. S’ensuivront d’autres concerts au bar Bouya, à Poto-Poto, et à Lumicongo ex Macedo, à Bacongo.
Composition de l’orchestre
Edo Ganga (chanteur, chef d’orchestre), Théo Bitsikou et Ange Linaud (chanteurs), Mermans Mpassi (guitare solo), Makosso François (guitare accompagnement), Sam Liworo (guitare basse), Tim Sax (saxo), Satmo et Odjoukou (trompettes), Toumba (batteur).
Aussitôt créé, l'orchestre Les Nzoï bénéficie du soutien de Luambo Makiadi Franco de l'OK Jazz qui est élevé au rang de président d’honneur, lors de la présentation du groupe à Kinshasa. Ce dernier lui apporte un soutien multiforme, tandis que Paul Ngoma est le président actif du groupe. Les Nzoï lancent sur le marché du disque deux titres époustouflants ''Am Louisie'' de Théo Bitsikou et "Owelaki mingui de Mermans Mpassi. D’autres titres comme "Bani Bani" de Mermans Mpassi, "Pasola molangui" d’Ange Linaud, "Nako kamwa", "Bonne année" d’Edo Ganga, enregistrés aux éditions populaires de Franco, font partie de la discographie des Nzoï.
En 1974, lors du Festival panafricain de musique de Tunis, le Congo fut représenté par l’orchestre Sinza Kotoko qui bénéficia du renfort des chanteurs Edo Ganga, Théo Bitsikou et Ange Linaud des Nzoï (un choix émanant du ministère de la Culture et des Arts du Congo). Mermans Mpassi, bien que figure de proue des Nzoï, ne fera pas partie de la délégation. Se sentant frustré et ayant à sa possession la matrice de sa chanson "Bani Bani" produite aux éditions populaires de Franco, il procéda à sa pression sur disque (question de se faire de l’argent) à la Société congolaise des disques. Son comportement déviant suscita un mécontentement de ses amis et à l’égard du président d’honneur, Franco, qui par la suite rompit le contrat avec l’orchestre Les Nzoï.
Mermans Mpassi, après avoir été pris à partie par ses compagnons à ce sujet, quitta le navire NzoÏ et créa son propre groupe dénommé "Lisolo". Il fut remplacé à la guitare solo par Denis Loubassou Kifoueti, transfuge de l’orchestre Africa kings pili pili. L’épopée des Nzoï se poursuivit dans le gotha musical congolais par des concerts respectivement dans les bars dancing de Brazzaville, de Pointe-Noire et de Dolisie. Mais contre toute attente, la non-transparence dans la gestion des fonds entretenue par les trois ténors, à savoir Edo Ganga, Théo Bitsikou et Ange Linaud fut à l’origine du départ de certains musiciens dont les guitaristes Denis Loubassou Kifoueti qui regagna l’Africa kings pili pili et Sam Liworo opta pour le groupe Les guérilleros de l’Armée populaire nationale...
Malgré quelques recrutements envisagés pour combler le vide laissé par les dissidents, le trio Edo Ganga, Théo Bitsikou et Ange Linaud ne réussit pas à maintenir la barre du navire Nzoï qui coula sous les eaux et disparut de la scène musicale congolaise au début de l’année 1975.