Projet d’appui à l’éducation scolaire des enfants autochtones, le programme "Ô yika" est un programme financé par l’ambassade de France et piloté par l’ONG Espace Opoko que préside Averty Ndzoyi. Son lancement a eu lieu à l’Institut français du Congo, le week-end dernier, en présence de la ministre de l’Économie forestière, Rosalie Matondo, ainsi que de l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France au Congo, Claire Bodonyi.
La cérémonie a débuté par le mot de bienvenue prononcé par Rodelvie Nkoua, étudiante autochtone du programme Espace Opoko, avant la présentation de cette ONG par son chargé à la communication, Alex Nzambi. Espace Opoko est une ONG créée en 2015 et dédiée à la promotion et au soutien de l’éducation scolaire des enfants autochtones de la République du Congo. Depuis sa création, elle a travaillé sans relâche pour offrir aux enfants des communautés autochtones les moyens de réaliser leurs rêves et de bâtir un avenir meilleur grâce à l’éducation. Avec des projets dans plusieurs départements du Congo, elle soutient actuellement quatorze étudiants à l’université et a inscrit plus de 1 052 enfants en 2024. Chaque enfant, a-t-il dit, peu importe ses origines, mérite un accès égal à l’éducation et à des opportunités de développement.
Pour sa part, Miras Tsoumou, secrétaire du projet "Ô yika", a présenté ledit projet à l’assistance. Le Projet "Ô yika" qui signifie "Apprendre" en langue locale, s’adresse aux enfants autochtones de la Lekoumou, souvent confrontés à des obstacles économiques, sociaux et culturels qui limitent leur accès à l’éducation. Son objectif général est d’augmenter le taux de scolarisation et de réussite des enfants autochtones d’ici fin 2025, tout en renforçant leur inclusion sociale. Les localités ciblées, sont : Bambama, Sibiti, Komono, Zanaga avec une possibilité d’intervention à Mayéyé. Les activités visées par ce projet, sont : la sensibilisation des autorités locales et des communautés autochtones ; le soutien scolaire et matériel éducatif ; le renforcement des infrastructures ; l’atelier d’hygiène et de santé ; l’orientation académique ; et les récompenses, a-t-elle expliqué, mentionnant également les résultats attendus.
L’ambassadeur de France au Congo, Mme Claire Bodonyi, a fait savoir que son pays appui la société civile congolaise en faveur des populations vulnérables. C’est d’ailleurs leur objectif depuis vingt-cinq ans, celui de renforcer techniquement les organisations de la société civile dans la construction et la conduite des projets utiles à la population. « Ce qui m’a beaucoup frappé dans cette présentation, c’est une présentation extrêmement technique, articulée, organisée, nous avons de façon très claire, compris quels étaient les objectifs, les moyens, le calendrier, les résultats attendus », a signifié la diplomate française. Avant d’expliquer à tous comment bénéficier de l’aide de l’ambassade de France. « On peut avoir un projet qui peut être extrêmement pertinente, mais qui n’est pas présenté selon un dispositif qui nous donne confiance. Ce qui nous donne confiance, c’est ce qui nous a été présenté tout à l’heure, à la fois par l’Espace Opoko et aussi par la jeune présentatrice du Projet "Ô yika". C’est ça que nous attendons, parce que nous sommes des partenaires. Nous ne sommes pas là pour plaider, parce que vous avez des bonnes idées. Et donc nous avons besoin d’avoir confiance en vous », a-t-elle insisté. Parlant du dispositif "Kotonga", elle a dit que ce dispositif a vocation de les aider à présenter des projets dans lesquels l’ambassade serait leur partenaire. « Nous avons dans la période 2024- 2025, dans le cadre de ce dispositif "Kotonga" octroyés à onze organisations, ce nouveau mode d’accompagnement avec un partenaire déjà ancien qui est Initiative développement... Il s’agit d’un dispositif d’incubateur », a indiqué l’ambassadeur.
Un projet qui contribuera à l’amélioration des conditions de vie d’une population
Elle a également précisé que l’égal accès au droit pour toutes et tous, est l’une des priorités thématiques de leur soutien à la société civile. Et ce projet "Ô yika" contribuera à l’amélioration des conditions de vie d’une population souvent marginalisée. « Durant toute cette année 2025, les services de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France et l’Initiative développement, seront à vos côtés pour vous appuyer », a souligné la diplomate.
Intervenant après le représentant du ministère de la Justice et des droits des peuples autochtones, la ministre de l’Économie forestière, Rosalie Matondo, a félicité l’Espace Opoko et l’ambassade de France pour l’appui qu’elle apporte aux ONGs congolaises qui contribuent à accompagner l’action gouvernementale. Pour elle, le gouvernement a fait un grand pas, et c’est l’un des rares pays au monde qui a pris des lois spécifiques et des textes spécifiques pour les peuples autochtones. « La loi de 2011 nous a permis ensuite de prendre des nombreux décrets d’applications qui permettent à notre pays d’aller vers les spécificités de nos peuples autochtones. Nous avons dans ce décret prévu que l’école aille à proximité de nos populations autochtones... Nous avons pris également un texte d’application sur la santé de proximité... », a-t-elle déclaré. La ministre a aussi rappelé les responsables de l’ONG Espace Opoko de l’initiative "zéro élève assis à même le sol" que le gouvernement a lancé. Le gouvernement à fait avec les sociétés forestières une grande production des tables bancs, depuis plus de quatre ans. « Nous n’avons plus des élèves assis à même le sol, donc nous pouvons vous accompagner dans ce cadre-là. Encore une fois je voudrais vous féliciter pour ce que vous faites pour accompagner les actions du gouvernement », s’est réjoui la ministre.
Enfin, dans son mot de clôture, la responsable de l’ONG Espace Opoko au Congo, Vanessa, a indiqué que le lancement du programme "Ô yika" marque un point de départ important, mais également un appel collectif à l’action. Comme l’a souligné un rapport récent de l’Unicef, 75% des enfants autochtones en âge d’aller à l’école au Congo ne sont pas scolarisés. Ce chiffre les a interpellés et les a obligés à ne pas rester spectateurs. « Nous avons la responsabilité morale et collective de transformer cette réalité. L’éducation n’est pas un luxe : c’est un droit fondamental et une clé pour briser le cycle de la pauvreté, de l’exclusion et des inégalités. Aujourd’hui, grâce à ce programme, nous avons fait le choix de donner une voix aux sans-voix et de tracer un chemin pour des générations futures qui pourront rêver, apprendre, et contribuer à la construction de notre société. Mais ce chemin ne peut être parcouru seul. Nous avons besoin de vous, forces vives de la nation, de vos idées, de vos ressources, et surtout, de votre soutien indéfectible », Soulignant que ce programme ne se limitera pas à aider les enfants à obtenir une éducation, mais à construire un avenir où chaque enfant autochtone pourra grandir avec dignité, confiance, et opportunités égales. A la fin du projet "Ô yika" ses effectifs atteindront 1 704 élèves.