Suspension de l’USAID : la RDC deuxième pays le plus touché dans le monde

Mercredi, Février 12, 2025 - 15:00

La disparition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) affecte la planète entière. Nombre d’experts se disent préoccupés au regard du nombre de pays touchés (une centaine) et de l’importance du financement en jeu (42 milliards de dollars américains US). Pour le rd-congolais D. Yenge Mbuta, la République démocratique du Congo figure au deuxième rang des plus grands bénéficiaires, juste après l’Ukraine. Il est impératif d’évaluer l’impact réel sur la vie économique et sociale, martèle-t-il. La disparition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) affecte la planète entière. Nombre d’experts se disent préoccupés au regard du nombre de pays touchés (une centaine) et de l’importance du financement en jeu (42 milliards de dollars américains US). Pour le rd-congolais D. Yenge Mbuta, la République démocratique du Congo figure au deuxième rang des plus grands bénéficiaires, juste après l’Ukraine. Il est impératif d’évaluer l’impact réel sur la vie économique et sociale, martèle-t-il.

Jusqu’à sa suspension par l’administration américaine, le 3 février dernier, l’USAID fonctionnait au sein de la structure du département d’État. Active dans une centaine de pays, dont la RDC, cet important outil de politique étrangère de Washington disposait d’un budget estimé à environ 42 milliards de dollars américains US. Par ailleurs, l’Agence qui allouait des fonds dans le cadre d’accords contraignants, gérait des milliers de programmes à travers le monde. Avec la décision de suspension qui intervient subitement, tous les projets en cours sont à l’arrêt. Certes, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, nommé à la tête de cette structure par intérim, a vite fait d’apporter un éclairage : « Les États-Unis d’Amérique fourniront une aide étrangère mais ce sera une aide étrangère qui a du sens et qui est dans notre intérêt national ». Une sortie médiatique qui n’augure rien de bon pour les mois à venir, assure D. Yenge Mbuta. Selon l’expert, les autorités rd-congolaises doivent réfléchir sur l’Après-USAID : « Il faut se poser des questions sérieuses sur le sort des projets financés par cette agence américaine. Il serait dommage qu’ils s’arrêtent faute de financement ».

Dans un contexte politique déjà difficile, marqué par des tensions politico-militaires dans l’Est du pays, la nouvelle de la suspension semble bien passer inaperçue, s’inquiète-t-il. A en croire les statistiques du Foreign assistance pour l’année fiscale du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, l’aide américaine en faveur de la RDC s’établit à plus d’un milliard de dollar américain US par an. « Au cours des dix dernières années, l’USAID a fourni plus de 6 milliards de dollars d’assistance humanitaire et de développement à la RDC ». Dans l’ensemble, les secteurs les plus visés sont entre autres l’éducation, l’agriculture, la santé et la gouvernance. « Il faut craindre une période de turbulences économiques et sociales dans les prochains jours, voire les prochains mois. En outre, on doit s’interroger sur la suite de certains grands projets, notamment la ligne ferroviaire du corridor de Lobito ». Il s’agit d’un protocole d’accord historique signé en octobre 2023 pour développer le corridor de Lobito. Ce dernier verra la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire de 800 km traversant l’Angola, la RDC et la Zambie. Par ailleurs, il y a aussi l’annonce d’un financement supplémentaire de plus de 560 millions de dollars US pour des projets d’infrastructures le long du corridor, portant le total des investissements américains à plus de 4 milliards.

Dans le registre des projets américains pour l’année 2024, le pays de l’oncle Sam a lancé une stratégie à l’échelle nationale visant à réduire l’extrême pauvreté et la malnutrition de 20 % pour plus de 2,5 millions de congolais d’ici à 2030. « Cette initiative va ouvrir la voie à un investissement de 110 millions de dollars dans le développement du système agroalimentaire au cours des 5 prochaines années ». D’autres accords stratégiques ont été conclus dans les domaines de la chaîne d’approvisionnement pour les batteries de véhicules électriques (RDC-Zambie-USA), de la formation en entrepreneuriat des femmes pour les aider à développer leurs entreprises et du soutien financier aux micro-petites et moyennes entreprises. « Les Etats-Unis d’Amérique soutiennent 14 institutions financières en RDC afin de développer des prêts à taux bas». Et la liste pourrait s’allonger.

Premier pays bénéficiaire de l’aide américaine, l’Ukraine a reçu environ 6 milliards $ entre octobre 2023 et septembre 2024. Quant à la RDC, en deuxième position, nous parlions tout à l’heure d’un peu plus de 1 milliard de dollar $. Dans le top dix, on retrouve d’autres pays comme la Jordanie (3ème place), l’Éthiopie (4ème place), les Territoires palestiniens (5ème place), le Soudan (6ème place), le Nigéria (7ème place), le Yémen (8ème place), l’Afghanistan (9ème place) et le Soudan du Sud (10ème place). « La décision américaine marque véritablement une véritable rupture avec la tradition d’assistance humanitaire du pays. Il se posera également, on en parle pas très souvent, un problème pour les entreprises américaines, surtout si les pays lésés prennent des mesures de rétorsion ». Nous y reviendrons.    

Laurent Essolomwa
Légendes et crédits photo : 
Photo 1 : Les pays bénéficiaires de l'aide américaine entre octobre 2023 et septembre 2024
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