L'identité est une affaire complexe qui suscite le plus grand des intérêts. Elle indique avec panneaux et fléchettes la direction que va prendre une vie et sans doute son port d'amarrage. Si le nom et autres paramètres de l'état civil donnent des indices sur qui l'on est, les choix que l'on fait, les actes que l'on pose mais surtout les réactions que l'on affiche renseignent de manière plus profonde sur qui l'on est ou qui l'on est devenu.
Il est une réalité à laquelle nul ne peut se soustraire. En arrivant sur terre, toutes les âmes sont blessées. Toutes font l'expérience désagréable et profondément destructrice des blessures émotionnelles. L'enfance, cette phase de la vie censée accueillir les âmes novices dans la dimension terre, leur donner une forme, des outils et une direction, est souvent une période qui, tout à l'opposé de sa vocation, où ces dernières sont détruites, désorientées, éteintes par la survenue de traumatismes, d'abus, de violences qui trouvent très souvent leur lit au sein de la famille.
Lorsque l'on a vécu dans un contexte violent, insecure ou dysfonctionnel, lorsque l'on n'a pas reçu suffisamment d'amour comme une plante qui a besoin de soleil et d'eau, il est très difficile d'avoir une bonne estime de sa personne, de s'aimer soi-même et de découvrir quels sont les trésors de notre schème intérieur, de notre ADN. Il est très difficile de découvrir qui l'on est et de le mettre à la disposition du ciel et de l'altérité.
Plus encore lorsqu'une âme, une lumière, s'éteint car détruite émotionnellement, détruite sur le plan de sa valeur, de son estime personnelle, prend place une espèce de double maléfique, une espèce de copie de soi qui n'est pas vraiment soi mais qui ressemble et fait penser au soi. Ce double maléfique carbure essentiellement à la peur. Il vit de peur, se nourrit de peurs, respire de peurs et ne s'exprime que sur les leviers de la peur.
La peur et non plus l'amour parce que la personne victime de ses blessures émotionnelles ne sait pas ce que c'est, parce qu'elle n'en a pas reçu, pas assez, pas des personnes qui avaient le rôle et la responsabilité de la lui donner en premier, son père et sa mère, devient son moteur principal. La peur inspire ses choix et motive ses réactions souvent spectaculaires, incohérentes et incompréhensibles.
Le faux-self, ce soi déformé, ce véritable soi qui porte désormais un masque social et relationnel pour se protéger de tout, de tous, et de ce passé qui l'a blessé et ne cesse de le hanter est celui qui dirige et fait la vie de nos sociétés.
Le faux-self, à l'opposé d'une identité découverte, connue et qui permet l'épanouissement individuel, est une identité qui agit sur le fondement d'une immaturité émotionnelle ignorée, pleure indéfiniment sur la frustration de ne pas être devenu soi-même, ce soi profond, authentique et épanoui qui respire la joie et pleure enfin sur l'incapacité à se sauver soi-même et à se voir, à se savoir être devenu un méchant mort-vivant, un vampire d'énergie qui n'a aucune énergie propre mais se voit contraint de voler celle des autres en leur infligeant blessures, épreuves et traumatismes qu'elle a elle-même endurées, perpétrant ainsi le cycle vicieux de la mort, par des techniques de manipulation, de toxicité, et autres perversions de l'âme. Retrouver son vrai-self est un travail qui demande du temps, un travail qui dure une vie durant mais un travail nécessaire et indispensable pour ne pas passer à côté de ses bénédictions.