Faune : un baron de l’ivoire arrêté à Franceville

Mercredi, Août 14, 2013 - 16:00

Le Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune sauvage (Palf) a annoncé, le 14 août à Brazzaville, l’arrestation à Franceville (Gabon) du braconnier Messimo Rodrigue, alias « Obama »,  pour trafic d’ivoire

L’arrestation de ce braconnier, avec ses trois complices qui détenaient dix défenses d’ivoire pour un poids total de 93 kg, est intervenue le 11 août à Franceville. C’est grâce à des informations de Conservation Justice que les Eaux-et-Forêts renforcés par la police judiciaire de la capitale gabonaise ont mené à bien cette arrestation. Selon certaines informations, le braconnier se sentait menacé à Makokou, et il préféra développer son activité de trafic où il est moins connu, notamment entre Makokou et Okondja et jusqu’à Franceville. Il est aussi connu à Oyem et, évidemment, à Libreville. Bref, il est partout, une sorte de baron de l’ivoire au Gabon. Cette fois, les Eaux-et-Forêts et la police judiciaire auront réussi à mettre la main sur lui, confirmant ainsi la volonté politique de lutter efficacement contre le trafic d’ivoire.

L’arrestation de ce dernier a été saluée par plusieurs organismes protecteurs de la faune dans la sous-région, dont le Palf. Ainsi donc à Brazzaville, la représentation du projet a déclaré : « Le Gabon a fait beaucoup d’arrestations dernièrement à l’encontre des grands trafiquants d’ivoire. Tant que ce fléau continue en Afrique centrale, et surtout après que 62% des éléphants de forêt ont été perdus entre 2002 et 2011, il faut que ce genre d’opération soit répliqué à travers toute la sous-région », indique Naftali Honig, coordonnateur du Palf. Il avait d’ailleurs été écrit dans le magazine Gabon de l’été 2013 : « Messimo Rodrigue est un malfrat d’une quarantaine d’années qui peut tirer les ficelles même derrière les barreaux d’une cellule de Makokou. En fait, c’est un criminel qui se fait passer pour un homme d’affaires. Ses méthodes sont financières, et il ne manque pas d’éloquence. »

L’ivoire est destiné au marché extérieur, principalement asiatique, après être passé par plusieurs pays de transit. Ainsi, le réseau international Eagle (Eco Activists for Governance and Law Enforcement), dont fait partie Conservation Justice, opère également au Cameroun, au Congo, en RCA, en Guinée et au Togo. Rappelons en effet que, comme il est précisé dans le code forestier, la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des espèces intégralement protégées (dont l’éléphant) sont interdits, et que les infractions vis-à-vis de ces espèces sont punies de trois à six mois de prison avec des amendes allant de 100 000 à 10 millions FCFA. En cas de récidive, ces peines sont doublées.

Enfin, le Palf travaille en République du Congo depuis 2008 et est en collaboration avec le ministère de l’Économie forestière et du Développement durable ainsi qu’avec deux ONG internationales, WCS (Wildlife Conservation Society) et TAF (The Aspinall Foundation). Le Palf fait partie d’un réseau du projet Eagle en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, Conservation Justice fait partie de ce même réseau, Eagle, et travaille depuis 2010 au Gabon. Le projet a son siège à Libreville et dispose d’une antenne à Franceville.

Fortuné Ibara