La politique socio-sanitaire de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ne restera plus qu’un souvenir si aucune action urgente n’est faite en faveur de ses centres médico-sociaux. À Moungali, seul centre en lice où les populations continuent de bénéficier des soins primaires quasiment gratuits, les conditions sont au rouge tandis que les malades et les infirmiers s’inquiètent.
10 heures. Les sièges réservés aux malades dans le hall d’attente sont presque vides. Une femme qui vient de trouver le laboratoire du centre fermé vocifère dans le couloir, et somme « qu’on ferme seulement la structure ». À l’entrée du service de pédiatrie, une autre jeune maman fait la moue. Cela fait une heure qu’elle attend une infirmière en poste dans ce service qui a consulté son enfant il y a quelques jours.
Deux infirmières stagiaires s’empressent plus tard, à l’intérieur du service, de répondre aux malades assis devant eux. Le beau bureau installé à leur gauche est vide. Son propriétaire, une infirmière titulaire embauchée par la CNSS, a pris sa retraire depuis 3 ans sans être remplacée jusque-là. Le service est tenu par des stagiaires motivés mais peu rassurés quant à l’issue de leur engagement définitif. Ils redoutent, par ailleurs, le climat de plus en plus maussade des visiteurs qui n’y trouvent plus d’intérêt, et l’indifférence des responsables de la CNSS au sujet d’une possible relance de l’hospice.
Réhabiliter le centre de Moungali, un vœu commun partagé par agents et malades
À l’instar du petit centre médico-social de la Direction générale de la CNSS au centre-ville de Brazzaville où évoluent environ trois agents sous la coupe d’un médecin, Moungali est devenu le point d’orgue des malades souscrits au régime social de la caisse, après la fermeture du centre de la Tsiemé, à Ouenzé, et la mutation de celui de Mpissa, à Bacongo, en un hôpital de base.
Si au départ ce sont les salariés et les familles des agents de la CNSS qui s’y soignaient exclusivement en bénéficiant de la gratuité des consultations, des examens de laboratoire et de quelques soins, les centres médico-sociaux ont vu défilés des malades de tous bords convaincus par la politique sociale de la caisse. Leur politique attire, affirment les patients exemptés des frais de consultation et jouissant parfois des premiers soins notamment les plus jeunes.
À Moungali, quelques malades continuent de venir se faire soigner malgré des services en état piteux. Ils viennent de partout. « On soigne bien ici. Les infirmières vous reçoivent rapidement et vous donnent de temps à autre un médicament pour vous soulager. Je n’ai jamais payé une consultation. Mais parfois quand vous arrivez le matin, vous ne trouvez personne », commente une jeune femme, vendeuse de friperie au marché de Moungali proche du centre.
Un médecin en chef et quatre collaborateurs, deux laborantins et deux sages-femmes bientôt admises à la retraire tentent de satisfaire des demandes de malades pour la plupart dépourvus. Environ huit stagiaires collaborent dans le centre depuis près de 7 ans. Sans salaire ni prime d’encouragement, ils tiennent d’ailleurs le centre et tentent de le faire vivre par des initiatives particulières.
« Pour acheter quelques médicaments de premiere necessité, nous avons initié la vente des fiches des consultations préscolaires. 500 FCFA la fiche et nous en vendons une vingtaine le mois. Cela permet de maintenir la petite pharmacie pour répondre aux urgences avant de faire une ordonnance.», explique une infirmière diplômé d’État, stagiaire au service de pédiatrie.
De la médecine générale, en passant par la pédiatrie et la consultation prénatale, le centre de Moungali n’est plus que l’ombre de lui-même. Déserte à des moments, les malades se posent des questions. Si le laboratoire manque de réactifs et fermé quelquefois pour panne de matériel, le service de la petite chirurgie a quasiment disparu par manque de personnel. L’on se demande si la CNSS met fin à sa politique socio-sanitaire. Une question à laquelle nous n’avons eu aucune réponse. Les démarches effectuées auprès des responsables habilités pour recueillir davantage d’information sont restées lettre morte.
Néanmoins, selon une indiscrétion, la CNSS aurait montré une volonté de remettre à neuf ce centre, et certainement revoir sa politique dans ce chapitre. Mais la promesse dure encore, malgré l’achat d’un appareil d’échographie non encore déballé pour booster les consultations prénatales, et quelques mobiliers disposés çà et là dans ce centre qui présente pourtant un physique séduisant.