Le ministère de l’Économie forestière et du développement durable organise, depuis quelques mois, des opérations de saisie du bois illégalement coupé et transporté vers Brazzaville à des fins commerciales. Au total, 2183 pièces de bois ont été arrêtées cette année.
Ces bois saisis sont composés de bastings en bois rouges et blancs, planches rouges et blanches et de madriers. L’opération fait suite à un constat sur des opérations illégales qui entourent ce produit. Qu'il s'agisse du transport, du commerce et de l’exploitation du bois issu. ces phénomènes prennent de l'ampleur et enfreignent à la règlementation en vigueur, notamment celle mise en place par le ministère de tutelle selon qui, malgré la présence des services de surveillance (éco gardes), installés à l'intérieur, les scieurs et les coupeurs en complicité avec les vendeurs de mauvaise foi créent des réseaux facilitant le transport frauduleux du bois local vers les grandes villes. Alors que ceci a un impact négatif sur la vie des populations locales. « Le transport frauduleux du bois local vers les grandes villes prive les populations locales de leurs avantages et empêche le développement de certaines activités informelles dans ces zones. La coupe du bois non autorisé, hors périmètre autorisé et dans une aire protégée est punissable », a déclaré le chef de brigade mobile spéciale de Brazzaville, Alexandre Okira-Bouobari. Il a signifié que le week-end dernier sept-cents pièces de bois local ont été saisies dans les mêmes conditions au port de Brazzaville.
Cette interdiction qui date de dix ans est une doléance venue des directeurs départementaux. Car, il a été constaté qu'à l'intérieur du pays les populations avaient du mal à se procurer certains produits issus du bois tels les chevrons, bastings, lattes, madriers, les poutres et les planches. « Nous avions pensé qu’avec l’arrivée de la municipalisation accélérée, il fallait accorder aux populations de ces zones qui s’intéressent à la scierie par exemple, la possibilité de couper et de vendre le bois sur place afin de les encourager à construire des maisons. Malheureusement, le même bois est frauduleusement transporté à Brazzaville au détriment des populations locales », a ajouté le chef de brigade mobile.
Lesquels sont reconnus scieurs, coupeurs et transporteurs légaux ?
Pour lutter contre la fraude et la vente illicite du bois, le ministère a résolu de mettre en place un système de gestion et de contrôle. Il se traduit par la création d’une commission forestière d’agrément composée du directeur de cabinet du ministre de tutelle, du directeur général de l’économie forestière, du directeur de la valorisation des ressources forestières, des inspecteurs, etc. Cet organe a pour rôle de décider du refus ou de l’agrément des dossiers de toutes personnes désirant exercer les professions de la forêt et du bois, notamment les scieurs, coupeurs, transporteurs et vendeurs tout en tenant compte de leur moralité. Pour ce faire, la commission délivre aux scieurs et aux coupeurs un certificat d’agrément dument signé par le ministre contrairement aux transporteurs qui doivent être possesseurs d’une autorisation de déboisement ou de transport du bois. Ces deux types de documents, qui donnent droit aux demandeurs d’exercer, précisent : la durée de l’exploitation, les limites, le lieu, le Département, le périmètre et le diamètre minimum d’exploitation (DME), la catégorie du bois autorisé à être pour la coupe et le nombre de pieds, souvent limité à cinq. « La coupe de bois est subordonnée à l’obtention d’un permis spécial auprès de la direction départementale de l’économie forestière, dans une zone encore non attribuée et en dehors des limites des aires protégées », a encore souligné, le chef de brigade mobile, en reconnaissant que le bois n’est pas interdit à tout le monde mais il faut s’arrimer aux lois et règlements.
Des scieurs, coupeurs, vendeurs et transporteurs indexés
Selon l'autorité forestière, certains individus agissent en complicité avec les vendeurs et transporteurs. Alexandre Okira-Bouobari a précisé que le non-respect des dispositions et principes en vigueur expose l'auteur aux sanctions. Parmi celles-ci : la saisie du produit et le retrait immédiat et sans recours du certificat ou de l’autorisation. En effet, ce document ne peut faire l’objet d’une sous-traitance et seul son titulaire est habilité à l’utiliser et à se présenter auprès de l’administration forestière. « Le certificat d’agrément est retiré sans recours en cas de coupe de bois frauduleuse, de participation à une coupe illégale ou illicite et de préfinancement ou d’achat des bois frauduleux », précise, l’article N°3 du certificat 02/MFDD/CAB/DGEF/DVRF-SIB du 16 avril 2013.
Certains vendeurs s'expriment
Appréciant de son côté la décision prise par le ministère de tutelle, l’un des acheteurs et vendeurs du bois de la société « Likouala Timber », Cherif Mokoko, a reconnu qu’il faut accepter ces conditions et être dans les normes pour ne pas s'exposer aux sanctions prévues par la loi. « Je suis vendeur de bois depuis des années. Mais, le bois que je vends est industriel et non local. Car, la commercialisation du bois local est interdite dans les grandes villes. Et, quand il y a le contrôle, j’ai toujours présenté ma feuille de route délivrée par cette société d’exploitation légalement reconnue. Sans cette feuille de route, mon bois peut être saisi et je ne pourrai pas l’emmener à Brazzaville », a-t-il précisé avant d’inviter les autres commerçants aux respects des principes.