Ballon d’or 2014, Ronaldo favori, l’Allemagne et le Real en force et l’Afrique à la peine

Vendredi, Octobre 31, 2014 - 13:45

La Fifa et France Football, coorganisateurs du trophée, ont rendu publique la liste des 23 nominés. Tenant du titre, le Portugais Cristiano Ronaldo semble en être le grand favori, mais attention à l’Allemagne, sacrée au Brésil, qui place six postulants dans la liste. A l’inverse, l’Afrique confirme son recul avec, comme en 2013, un seul nominé.

Le compte à rebours a commencé et la succession de Cristano Ronaldo, lauréat en 2013, est officiellement ouverte : la liste des 23 nominés au Ballon d’or 2014 a été communiquée par la Fifa et France Football, coorganisateurs du trophée. La première étape d’un processus qui s’achèvera le 12 janvier à Zurich, lors du grand gala de remise de ce prix si convoité. Entre temps, le 1er décembre, le jury dévoilera le nom du trio finaliste (ainsi que les trois meilleurs entraineurs, les trois meilleures joueuses et les trois meilleurs entraineurs de football féminin).

En attendant cette deuxième étape, décryptons cette liste, riche en indications sur la montée en puissance de l’Allemagne et du Real Madrid, respectivement vainqueurs de la Coupe du monde et de la Ligue des champions. Et à l’inverse, le déclin logique de la sélection espagnole et du championnat d’Italie, qui ne compte aucun représentant. Malheureusement, ce classement confirme la régression du football africain, qui ne place qu’un favori, l’Ivoirien Yaya Touré. La présence des Français Karim Benzema et Paul Pogba, dont les familles sont originaires du continent africain, ne suffira pas à effacer cette déception.

L’Allemagne en force

Année de Coupe du monde oblige, l’Allemagne truste un quart (6 sur 23) des places de cette liste. Et fait mieux que 2013, année du titre européen du Bayern (4 postulants) : avec Manuel Neuer, l’incroyable gardien libero de Munich, le néo retraité Philipp Lahm, capitaine de la Mannschaft au Brésil, les milieux Bastian Schweinsteiger et Toni Kroos et un séduisant duo offensif Mario Götze-Thomas Müller, la délégation allemande est belle à voir. Reste à savoir si ça suffira pour succéder à Matthias Sammer, dernier lauréat allemand de l’histoire (1996).

Le Real en pôle…

Distancé par son grand rival barcelonais dans le classement des Ballons d’or par club (7 contre 10), le Real de Madrid a une bonne occasion de réduire son retard. Avec sept éléments ayant portés le maillot blanc cette année (Angel Di Maria a quitté le club alors que Kroos et Rodriguez sont arrivés cet été, Bale, Benzema, CR7 et Ramos étant les quatre autres nominés), les Merengues font honneur à leur titre de champion d’Europe. Finaliste malheureux, l’Atletico Madrid ajoute deux « madrilènes » à cette liste, même si les deux joueurs en question ont pris, depuis, le chemin de Chelsea (Diego Costa et Thibaut Courtois.

…le Barça en embuscade

Admettons-le : une victoire barcelonaise reste très improbable. Mais avec Messi, quadruple vainqueur (2009, 2010, 2011 et 2102), Neymar, Iniesta et Mascherano, la formation catalane conserve de (minces) chances.

Les solistes tirent leur épingle du jeu

Entretenant le curieux paradoxe d’être le titre individuel suprême dans un sport collectif, le Ballon d’or a toujours fait la part belle aux solistes. Ce cru 2014 ne déroge pas à la tradition, avec la présence de joueurs comme le Suédois Zlatan Ibrahimovic ou le Belge Eden Hazard, qui ne peuvent compter sur des sélections ultra compétitives pour rivaliser avec les Allemands ou les Argentins (sans parler du Brésil, qui ne place qu’un joueur cette année). Eclair de génie d’une équipe néerlandaise plus solide que brillante, Arjen Robben confirme cette tendance. Mais qui mieux que Ronaldo pour l’illustrer : esseulé en sélection, maitre à jouer de son club, icone médiatique, le Portugais reste le grand favori.

Quid de Messi ?

D’ores et déjà entré dans la légende, à seulement 27 ans, l’Argentin Lionel Messi ne peut pas gagner : battu en finale du Mondial, après un tournoi somme toute moyen, ne peut rivaliser avec la « Decima » de son grand rival, car le Liga ne pèse pas assez lourd face à la Coupe aux grandes oreilles.

Enfin un gardien sur la plus haute marche?

Manuel Neuer, étincelant au Brésil, représente la confrérie des portiers sur cette liste, avec Thibaut Courtois. L’Allemand et le Belge succèdent à l’Italien Buffon et à l’Espagnol Casillas, abonnées à la liste depuis plus de dix ans. En avouant que le gardien allemand aurait dû être désigné meilleur joueur du Mondial, Sepp Blatter, le controversé président de la Fifa, a, mine de rien, fait du lobbying pour l’excellent Manuel Neuer. Pas certain, toutefois, que cela suffise pour reprendre, 51 ans après, le flambeau du Russe Yachine, seul et unique gardien du palmarès.

L’Angleterre et l’Italie à la traine

Déclassée en terme de sélection nationale, après un Mondial horrible, l’Espagne reste le championnat le mieux représentés, puisque 13 joueurs évoluent ou ont évolués en Liga en 2014. Notons également la bonne santé de la Bundesliga, avec 7 anciens ou actuels pensionnaires. Si les représentants des Three Lions brillent par leur absence depuis plusieurs années, en dehors de Wayne Rooney, la Premier League reste présente avec cinq porte-drapeaux (les Blues Costa, Courtois et Hazard, le Citizen Touré et le Red Devil Di Maria). Ironie de l’histoire, Paul Pogba, le « mangeur de banane » (n’est-ce pas Monsieur Tavecchio ?) de la Juventus, sauve l’honneur d’une Série A déclinante. Comme Ibrahimovic, désormais seul sociétaire de la Ligue 1 française depuis le départ du brillant James Rodriguez à Madrid.

Benzema et Pogba, ambassadeurs du football français

Sous-représenté via son championnat, le football français a perdu Franck Ribery, 3e l’an passé. Décevant avec les Bleus, mais précieux à Madrid, Karim Benzema fait son retour sur cette liste, dont il était absent en 2013, après y avoir figuré entre 2009 et 2012. Grand espoir du foot français et joyau de la Juventus, Paul Pogba y fait son entrée. Deux Bleus aux racines africains, algériennes pour le premier et guinéennes pour le second (deux de ses frères ont porté les couleurs du Syli).

Mais où est passé le football africain ?

Leur présence ne suffira toutefois pas à consoler les amoureux du football africain dont la régression au plus haut niveau est confirmée par cette liste. Comme en 2013 (et en 2011 avec Eto’o), Yaya Touré, l’Ivoirien de Manchester City, en est l’unique représentant. Malgré a bonne tenue de Gervinho à la Roma, la relève tarde à émerger et à prendre le relai des Drogba, Eto’o, Keita ou Kanouté, régulièrement nominés durant la dernière décennie. 

Les 23 nominés

Gardiens :

Thibaut Courtois (Belgique/Atletico Madrid puis Chelsea) et Manuel Neuer (Allemagne/Bayern Munich)

Défenseurs :

Philipp Lahm (Allemagne/Bayern Munich), Javier Mascherano (Argentine/Barcelone) et Sergio Ramos (Espagne/Real Madrid)

Milieux

Gareth Bale (Pays de Galles/Real Madrid), Angel Di Maria (Argentine/Real Madrid puis Manchester United), Mario Götze (Allemagne/Bayern Munich), Andres Iniesta (Espagne/Barcelone), Toni Kroos (Allemagne/Bayern Munich puis Real Madrid), Thomas Müller (Allemagne/Bayern Munich), Paul Pogba (France/Juventus Turin), James Rodriguez (Colombie/Monaco puis Real Madrid), Bastian Schweinsteiger (Allemagne/Bayern Munich), Yaya Touré (Côte d'Ivoire/Manchester City/milieu)

Attaquants

Karim Benzema (France/Real Madrid), Diego Costa (Espagne/Atletico Madrid puis Chelsea), Cristiano Ronaldo (Portugal/Real Madrid), Eden Hazard (Belgique/Chelsea), Zlatan Ibrahimovic (Suède/PSG), Lionel Messi (Argentine/Barcelone), Neymar (Brésil/Barcelone), Arjen Robben (Pays-Bas/Bayern Munich/attaquant)

Camille Delourme
Légendes et crédits photo : 
Légende 1: Malgré la concurrence des Allemands, Cristiano Ronaldo reste le favori à sa propre succession (droits réservés)