Les avocats des victimes et ceux de l’État, constitués parties civiles, ont formulé, le 28 août, à l’endroit de la Cour des demandes de réparation vu les dégâts causés par le sinistre du 4 mars 2012. Cette demande a été formulée afin que justice soit faite, en condamnant les commanditaires de cet acte.
La première séance des plaidoiries a été consacrée aux parties civiles, afin que celles-ci plaident en faveur des victimes. Prenant la parole, les défenseurs des ayant-droits ont affirmé que l’incendie ayant causé des pertes humaines et matérielles le 4 mars, est une œuvre humaine et que l’État doit répondre des actes commis par ses préposés. « Il y a lieu de mettre en évidence la responsabilité de l’État, car il a fait courir un risque à ses citoyens en maintenant un dépôt de munitions dans une agglomération. Ce stockage était illégal, vu que les bâtiments n’étaient pas en bétons armés », a déclaré Maitre Itoua Lebo.
Les avocats des victimes revendiquent une réparation intégrale des préjudices subis
Soumettant, devant la Cour, les préoccupations des victimes, ces avocats ont déclaré que l’État a causé un préjudice physique, moral et esthétique condamnant ainsi un fragment de la population congolaise. À cet effet, ils réclament l’indemnisation, le remboursement, la réparation intégrale des préjudices subis, ainsi que l’allocation d’une rente (pas au prix forfaitaire).
Dans la défense des ayant-droits, maitre Kengolet a, pour sa part, demandé à la Cour de considérer la constitution des parties civiles, mettant ainsi en cause le devoir de l’État d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Suite aux dommages causés par les explosifs dans un milieu urbain, les avocats des victimes entendent faire valoir le droit de leurs clients. De ce fait, ils remettent en cause les vingt-cinq millions d’indemnisation aux ayant-droits des personnes décédées lors de ces explosions. « Nous sommes dans un cas exceptionnel. L’indemnisation dépend des circonstances des victimes, et l’État doit prendre des précautions pour protéger ces individus. Il fallait que l’État organise une concertation avec les ayant-droits. La valeur d’un décédé ne peut être évalué à cette somme, qui est inférieure au prix d’achat d’une parcelle locative », a indiqué maitre Kengolet.
Pour ce faire, les avocats des victimes demandent la révision à la hausse des indemnisations, allant jusqu’à soixante-quinze millions FCFA, selon les catégories des personnes décédées. « Des milliers de victimes n’ont pu obtenir des certificats médicaux définitifs pour bénéficier d’une rente viagère et que nombreux traineront des séquelles toute leur vie. Votre Cour est le dernier rempart contre cette injustice », ont-ils fait savoir. Ils ont ainsi promis de mettre à la disposition de la Cour des certificats initial et définitif des invalides.
Les avocats de l’État déclarent « coupable » les trente-deux accusés
Selon eux, tous les accusés sont consommateurs des infractions qui leurs sont reprochées. L’État, constitué partie civile, a comparu en qualité de civilement responsable. Pour ses défenseurs, cette personne morale entend obtenir réparation auprès de la Cour des préjudices causés par les agissements de ces accusés. Ils ont, par ailleurs, fait état des infractions principales, telles que : les crimes d’atteinte à la sureté de l’État, d’incendie criminelle, de complicité d’incendie, et de détournement des deniers publics.
Au sujet de la construction des soutes de munitions, les avocats de l’État, demandent remboursement de quatre-cent-vingt-trois millions FCFA auprès de l’accusé Germain Ickonga Akindou, car selon eux, les travaux effectués ont été estimés à soixante millions FCFA.
Les avocats de l’État affirment la thèse de plasticage
« Il y a eu un acte de sabotage en incendient le magasin B, de l’Établissement central de rechanges, de réparations et de réserves en armement et munitions à l’aide de l’essence en piégeant le magasin A, afin de priver les Forces armées congolaises de leurs capacités défensive et offensive. L’incendie est volontaire et cette thèse doit être soutenue par la Cour », a déclaré maître Anick Mongo.
Elle a ainsi taxé cette opération « d’acte terroriste ». « Nous sommes dans une dimension terroriste, car les auteurs ont voulu semer la terreur au sein de la population, troublant ainsi la sécurité nationale dans la volonté de déstabiliser l’État et ses institutions », a-t-elle indiqué
D’après les convictions de ces avocats, le caporal-chef Blood Kouack Kakom est l’auteur de cet incendie, en estimant que c’est le seul connaisseur des consignes reçues par le cerveau de cette affaire qui n’est autre que le colonel Marcel Ntsourou. « Kakom ne peut être le cerveau de cet acte criminel. L’auteur intellectuel ne peut-être que le colonel Marcel Ntsourou, vu ses déclaration lors d’une conférence de presse indiquant que la peur doit changer de camp», ont-ils déclaré, et d’ajouter : « Tous les éléments convergent vers Kakom même si il nie les faits ».
Pour conclure, les avocats de l’État ont déclaré, à l’avance, que la défense plaidera à l’absence des preuves contre les accusés, mais selon eux, l’absence de preuves directes n’empêche pas à la Cour de condamner les coupables.