Agriculture : nécessité d'une administration forte

Dimanche, Février 1, 2015 - 15:00

Un cadre du ministère de l’Agriculture est en colère face à la prolifération des projets financés par les partenaires au développement dans le secteur agricole et montés souvent en dehors de toute expertise de l'administration générale. Entre-temps, les services du secteur qui continuent à suivre des formations en renforcement des capacités deviennent des coquilles vides. 

Contactée à l’issue d’une énième session de formation, notre source qui a requis l’anonymat est déçue de la faible utilisation de l’administration. Selon elle, il est indispensable de poursuivre la réforme en profondeur pour permettre à l’administration générale de recouvrer sa place dans la gestion des affaires liées à l’agriculture. En des termes durs, elle s’est dite outragée de la confiscation de fait des questions agricoles au niveau du ministère, empêchant ainsi toute continuité dans le temps des projets parfois d’envergure.

Pour elle, l’idéal serait de définir la responsabilité pour les provinces et les entités territoriales en mettant sur pied un plan s’inspirant des potentialités du pays. « Les autorités doivent définir une politique congolaise en prenant en compte également la dynamique africaine dans le secteur agricole. Elles défendront un plan de développement qui tend à harmoniser les plans de développement des provinces », a déclaré la source. Dans cet effort de relancer ce secteur stratégique, il faut arriver à développer une profonde de réflexion sur les étapes de la mécanisation, en y intégrant les impacts possibles. Par ailleurs, il revient au gouvernement de respecter ses engagements en affectant les 10% du budget à l’agriculture, en dépit des pressions extérieures.

L’agriculture ne doit plus être considérée comme un simple slogan pour distraire les acteurs du secteur, a-t-elle poursuivi. Il faut un cadre de travail incitatif à travers la loi et ses mesures d’application. Pour le reste des recommandations, notre source a réitéré la nécessité pour le pays de se pencher plus sérieusement sur le problème de la disponibilité du crédit.        

Entre-temps, le ministère de l’Agriculture s’est montré déterminé à se rapprocher de son personnel. Le week-end dernier, le nouveau patron de l’Agriculture, pêche et élevage, Isidore Kabwe, a lancé un appel à la mobilisation des agents et cadres autour des actions de son ministère. « J’ai besoin de tout le monde, il n’y a pas de sot métier. J’ai besoin du soutien de tout le monde, du secrétaire général au huissier. Nous devons développer l’agriculture car l’agriculture est le moteur du développement. Le programme est là, si on nous donne des moyens, nous sommes capables de faire quelque chose», a–t-il souligné.

Le message arrivera-t-il à décrisper une situation assez confuse ? Rien n'est moins sûr. Isidore Kabwe est descendu sur le terrain pour établir un état de lieu complet du secrétariat général de la Pêche et élevage mais également s’enquérir du fonctionnement des différents services de son secteur. Le premier constat a révélé que l’administration générale est bien tenue, bien organisée et même équipée à 60%. Mais il espère bien poursuivre cette visite d’inspection dans d’autres services du ministère à travers la capitale. Dans l’ensemble, les plaintes des agents et cadres tourneraient davantage autour des mauvaises conditions de travail dans les centres agricoles du pays, des moyens de locomotion au profit des agronomes et des moyens de déplacement appropriés pour le personnel.    

 

Laurent Essolomwa