La religieuse congolaise se verra attribuer la prestigieuse distinction à Genève le 30 septembre pour avoir transformé la vie de plus de 2 000 femmes et jeunes filles victimes des violences des rebelles de la LRA.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a révélé, ce 17 septembre 2013, l’identité de la lauréate de la distinction Nansen pour les réfugiés de cette année. La religieuse catholique dénommée sœur Angélique Namaika, a précisé alors le HCR, est en œuvre « dans la région isolée du nord-est de la République démocratique du Congo auprès des femmes déplacées et rescapées des sévices perpétrés par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ».
Au travers de son Centre pour la réintégration et le développement, sœur Angélique s’est employée à une tâche bien noble en redonnant goût, mieux un nouveau sens, à la vie de plus de 2 000 femmes et jeunes filles. Après avoir subi le déshonneur infligé par les rebelles de la LRA, le rejet des leurs, plusieurs femmes secourues par la religieuse se trouvaient vouées à elles–mêmes et meurtries suite à une série macabre d’événements. Il ne pouvait en être autrement quand on sait qu’elles enduraient enlèvements, travail forcé, coups, meurtres, viols et autres violations des droits fondamentaux au quotidien.
Le HCR a tout particulièrement loué « l’approche personnalisée mise en œuvre par la religieuse ». Et d’expliquer ici qu’elle s’est investie à aider « les survivantes à guérir de leurs traumatismes et des atteintes qu’elles ont subies ». Le soutien psychologique apporté est d’autant plus important qu’ « en plus des violences dont elles ont souffert, ces femmes et jeunes filles vulnérables sont souvent ostracisées par leur propre famille et leur communauté en raison des épreuves qu’elles ont traversées », note le HCR. Certes, comme le souligne l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, « il faut des soins particuliers pour leur permettre de guérir et de recoller les morceaux de leur vie brisée », mais sœur Angélique mène son action bien au-delà de cette sphère psychique. En effet, la religieuse offre également aux femmes et jeunes filles la belle opportunité d’apprendre un métier, voire de créer une petite entreprise. Ou, encore pour celles en âge scolaire, de retourner à l’école. Les bénéficiaires témoignent des résultats remarquables de cette tâche qui consiste à les inciter à prendre un nouveau départ. Aussi, est-il compréhensible que pour beaucoup d’entre elles qui « l’appellent d’ailleurs affectueusement mère », elle ne saurait être identifiée autrement que dans ce rôle de parent qu’elle incarne à merveille.
Une aide précieuse
Du reste, pour avoir elle-même vécu les violences en 2009, période où elle vivait dans la ville de Dungu, elle a éprouvé la douleur obligée à la fuite pour échapper au pires. C’est donc en connaissance de cause qu’elle agit et s’active avec entrain jour après jour à porter secours à toute femme et jeune fille de la contrée qui en éprouvent le besoin. Les efforts et la détermination qui caractérisent l’action de sœur Angélique est loin de passer inaperçu. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a ainsi livré un témoignage fort éloquent à son sujet. António Guterres a dit son admiration et admis qu’elle « travaille sans relâche pour aider des femmes et des jeunes filles rendues extrêmement vulnérables par le traumatisme, la pauvreté et le déracinement. Les obstacles sont de taille et son œuvre n’en est que plus remarquable ; sœur Angélique ne laisse rien se mettre en travers de son chemin ». Et renchérir de la sorte : « La vie de ces femmes a été brisée par la violence aveugle et le déracinement. Sœur Angélique montre qu’une personne peut à elle seule changer la vie des familles déchirées par la guerre. C’est une véritable héroïne ».
Pour sa part, la nouvelle lauréate s’est prononcée en ses termes à l’annonce de sa distinction : « Il est difficile d’imaginer les souffrances de ces femmes et de ces adolescentes aux mains de la LRA. Elles resteront marquées à jamais par cette violence. La récompense décernée à sœur Angélique signifie que davantage de personnes déplacées à Dungu pourront recevoir l’aide dont elles ont besoin pour recommencer leur vie. Je ne cesserai jamais de faire tout ce que je peux pour leur redonner espoir et leur offrir la chance de revivre ».
Le HCR signale que la cérémonie du 30 septembre à Genève connaîtra la participation d’autres importantes personnalités. Aussi, annonce-t-il l’allocution du romancier et interprète brésilien Paulo Coelho, auteur de nombreux succès de librairie, à la soirée de remise de la distinction Nansen pour les réfugiés et de la médaille Nansen à sœur Angélique. Et, se produiront à ladite manifestation, la chanteuse britannique Dido, l’auteure et interprète malaisienne Yuna ainsi que le duo malien Amadou et Mariam. Et de signaler également qu’ensuite sœur Angélique est attendue à Rome par le pape François au Vatican le 2 octobre. Ce, avant de prendre part à d’importantes réunions à Paris, Bruxelles et Oslo.