L'Ong de defense de la nature, Greenpeace, est arrivée à un constat : des espèces rares sont en voie d’extinction parce que les réserves forestières subissent les menaces combinées de l’industrialisation et de la démographie.
Le monde a célébré samedi 21 mars dernier la Journée internationale de la forêt. Une occasion pour les Nations unies de tirer la sonnette d’alarme : l’environnement du monde forme un tout, son saccage entraînera une rupture dont les effets peuvent être néfastes y compris pour l’homme. Or l’habitat des grands primates d’Afrique Centrale, notamment, continue de s’étioler sous les coups de boutoir des exploitants forestiers, des projets agricoles extensifs et de la pression démographique, met en garde une organisation comme Greenpeace.
L’ONG écologiste cite notamment le danger que courent les réserves forestières en au Cameroun. Images satellite à l’appui, Greenpeace montre que 3 mille hectares de forêts pluviales ont déjà disparu au sud du pays, réduisant la réserve faunique de Dja à sa plus simple expression. Patrimoine mondial de l’UNESCO, la réserve cède du terrain aux cultures industrielles du caoutchouc et surtout d’huile de palme conduites par la société chinoise Hevea Sud. Chimpanzé et gorilles se voient acculés à vivre sur un périmètre de plus en plus restreint.
D’autant que, toujours suivant les données fournies par Greenpeace et recueillies en décembre dernier, une autre société, Azur de droit camerounais, a entrepris de convertir en vastes plantations de palmier à huile la région du Littoral. La forêt d’Ebo, zone de vie de nombreux éléphants de forêt et de mammifères rares, est en danger. C’est dans cette zone, et uniquement, que se rencontre une espèce rare de primate, le chimpanzé dit Nigéria-Cameroun, victime tout à la fois de la déforestation, du braconnage et des effets du changement climatique.
Greenpeace pointe du doigt le risque qu’entraîne la concession de vastes étendues de forêt en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest à des sociétés, souvent étrangères, et l’absence de toute planification territoriale. L’ONG affirme que cela commence à susciter des conflits avec les populations locales, très souvent peu ou pas du tout consultées avant les opérations d’expropriation quand elles ont lieu. Mais même cette formalité n’est pas observée devant un intérêt retenu comme supérieur, et qui fait peu cas des aires d’inestimable valeur en biodiversité. Les forêts détruites ont mis plusieurs siècles à pousser ; ont contribué à la présence de microclimats incapables à reproduire artificiellement. C’est un patrimoine de l’humanité qui s’en va sans chance de se régénérer à l’identique.
Les écologistes rappellent que les forêts du Bassin du Congo constituent la deuxième zone de forêts fluviales la plus vaste au monde après l’Amazonie. Leur écosystème riche et varié fournit l’alimentation, l’eau potable et même les herbes médicales dont dépendent des millions de personnes. Leur conservation est aujourd’hui vitale dans la lutte contre les changements climatiques. Le Bassin du Congo est le deuxième poumon à oxygène du monde. Il est du devoir de la planète d’aider à sa conservation.