Ce business juteux, à en croire un rapport du Programme de l'Environnement de l'ONU (PNUE), génère jusqu'à 1,3 milliard de dollars chaque année, tirés des trafics illicites des minerais et des produits issus de la faune sauvage tels que l'ivoire.
Un rapport du PNUE basé à Nairobi publié le 17 avril révèle tout l’enjeu sécuritaire qui caractérise les Grands lacs africains sur fond de trafic illicite des ressources naturelles. La partie est de la RDC est présentée comme l’épicentre de ce business facilité par les conflits armés chroniques qui y ont cours. Des « groupes criminels internationaux militarisés » avec leurs relais locaux seraient, à en croire ce rapport, au cœur de cette opération qui génère jusqu'à 1,3 milliard de dollars chaque année, tirés des trafics des minerais d'or, de charbon, de bois et des produits issus de la faune sauvage tels que l'ivoire. Le document évoque « des trafics à grande échelle » négociés par des dizaines des groupes armés opérant à l’est de la RDC.
Les bénéfices ainsi engrangés financeraient, d’après la source, entre vingt-cinq et quarante-neuf groupes armés congolais tout en alimentant « de façon croissante les conflits » dans cette région où des rébellions sèment la terreur et le chaos depuis vingt ans parmi les populations locales. Le trafic d'or constitue le plus gros de ces recettes illégales, rapportant jusqu'à 120 millions de dollars annuels, indique le PNUE. Les groupes armés locaux et les « réseaux criminels transfrontaliers, opérant en et hors de la RDC » se partagent les dividendes découlant de ce trafic suivant une clé de répartition qui, visiblement, semble contenter les parties. Les premiers s’octroient 2% (soit 13 millions de dollars) des gains nets des trafics, suffisants pour assurer « annuellement l'intendance de base de quelque 8000 combattants » et « permettre à des groupes défaits ou désarmés de refaire constamment surface et déstabiliser la région ». Les seconds qui s’offrent la grosse part du gâteau (soit le reste de l’argent généré) se serviraient de leurs fonds pour entretenir leur stratégie de « diviser pour régner » tout en faisant en sorte qu'aucun groupe armé ne puisse réellement dominer et s'emparer du trafic.
Le patron de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) n’a pas manqué d’exprimer son dépit face au développement de ce commerce illicite tendant à priver les populations de la région d’importantes recettes qu’aurait généré l’exploitation judicieuse des ressources naturelles de la région. Martin Kobler a regretté que des centaines de millions de dollars de ces recettes soient ainsi subtilisées par les gangs criminels dans l'est de la RDC alors qu’elles auraient dû servir à payer des professeurs, des médecins et promouvoir les affaires et le tourisme. « Nous devons transformer l'or en taxes de développement pour un avenir prospère », a-t-il déclaré en substance.