Immobilier : Un véritable problème social au Congo

Vendredi, Septembre 27, 2013 - 13:30

Malgré le marché du bâtiment et de la construction en plein essor, le loyer au Congo ne cesse d’augmenter sans compter la rareté sur le marché des maisons en location. Véritable casse-tête pour une population à majorité pauvre, ce phénomène de spéculation ne cesse d’inquiéter au sein de la société congolaise.

L’offre globale en logement étant fortement déficitaire et le marché de l’immobilier encore à l’étape embryonnaire, inquiète la plupart des congolais. Population à majorité pauvre, les congolais modestes ne peuvent ainsi espérer vivre dans des conditions décentes à cause de leur niveau de vie très bas ajouté à la hausse des prix dans le secteur de l’immobilier. Allant généralement de 25.000FCFA à 150.000 FCFA, les logements destinés à une famille de quatre à cinq membres, les congolais soucieux s’interrogent sur leur sort d’ici à dix ans. La spéculation est un phénomène économique et social. Ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur, est sans nul doute dû à l’augmentation de la population. Prenant ses sources des années 1998, la spéculation des logements en location vient aussi bien de la rareté des logements surtout dans les zones à forte concentration humaine.

Une offre inférieure à la demande

La hausse du prix des matériaux de construction, la forte concentration des services administratifs, sanitaires, scolaires et autres sont pour la plupart à l’origine de la spéculation. Cela devient un effet de mode, un phénomène sociologique, car bon nombre d’habitants préfèrent vivre là où les conditions de vie sont réunies, mais pourtant dans ces vieux quartiers, il est rare d’augmenter l’offre. C’est ainsi que l’offre ne correspond pas à la demande sociale.

Dans ce cas faut-il réglementer ce secteur afin de pallier à ce phénomène ? Chose difficile. Si l’on réglemente ce secteur, le logement subira un ajustement par le côté court du marché, le cas aujourd’hui des transports en commun (phénomène demi-terrain), et des producteurs des denrées alimentaires de base (manioc, pain), qui diminue la quantité en conservant le même prix. De ce fait, la réglementation n’est vraiment la solution attendue par les habitants.

Espérant que l’Etat congolais s’engage pleinement à augmenter l’offre avec la création d’une société nationale des Habitations à loyer modéré (SNHLM).

À quand les HLM ?

Cette société a pour objectif de lutter contre la spéculation afin de permettre aux populations économiquement vulnérables d’accéder à un logement décent. « La majorité de nos concitoyens ne disposent pas de revenus conséquents pouvant leur permettre d’accéder à la propriété. La construction d’un logement varie entre vingt et trente millions FCFA. Ne pouvant atteindre cette somme, le fonctionnaire, ne percevant que 90000 FCFA, attend des réponses aux problèmes quotidiens auxquels il est confrontés, notamment l’accès à l’eau, l’électricité et le logement », a indiqué le ministre chargé de la Construction et de l’habitat, Claude Alphonse Nsilou, au cours de son interpellation à l’Assemblée nationale.

Plusieurs projets sont en cours d’exécution à travers les partenariats public-privé et stratégique. S’agissant du partenariat public-privé, plus de 3000 logements ont été mis en chantier, dont 600 en voie de finalisation. Au plan stratégique, les logements en chantier sont au nombre de 1500 logements, dont plus de 900 achevés. Selon le rapport de la commission plan, aménagement du territoire, urbanisme et habitat, seulement 250 logements ont été attribué à titre expérimental dans le site d’Oyo, dans le département de la Cuvette, Bacongo et Kintélé en attendant la mise en application de la SNHLM. Ces loyers, selon le ministre de l’Habitat, ne correspondront pas à la réalité du marché spéculatif, car dit-il que, c’est la réponse que l’État vient donner pour pallier au phénomène de « spéculation ».

Une taxe immobilière prévue pour 2014

La direction générale des Impôts et des domaines entend instituer, en 2014, une taxe immobilière applicable à tous les niveaux, dans le but de doter de moyens les collectivités locales. La première ressource de l’administration publique étant les prélèvements obligatoires, cette taxe bénéficiera entièrement à la Mairie, qui jusqu’à ce jour fonctionne grâce aux subventions. Cette taxe sera prélevée pour les locaux d’habitation et leur occupation. « Cette taxe deviendra une taxe à part entière, car d’ordinaire, nous prélevons la taxe sur la valeur locative dans la patente. Cette taxe varie entre 12 et 15%, sur la base du chiffre d’affaire à des taux régressifs. Tout citoyen disposant d’un loyer devrait s’acquitter de cette taxe qui ne sera plus prélevée dans la patente », a fait savoir un agent de la direction générale des impôts, qui requiert l’anonymat.

Concernant les locaux professionnels de type commercial ou industriel, ce type de location est réglementé et doit de ce fait faire face à cette taxe, qui est en fait le 12ème du montant annuel de location. Ce cas n’est pas similaire aux locaux d’habitation.

Décentraliser les services administratifs et sociaux

Perçu comme une approche de solution pour certains congolais qui se plaignent de l’architecture des villes. Pour eux, la forte concentration des services sociaux participe à la spéculation des prix des loyers, car nombreux sont ceux qui désirent habiter à proximité de leur lieu de travail, mieux encore, là où les conditions de vie sont réunies. Il faut donc déconcentrer l’administration publique, en rapprochant les administrations des administrés et faire en sorte que tous les arrondissements soient dotés des services sociaux de base. Pour y remédier, il faut mettre des conditions susceptibles à encourager les populations à habiter même les quartiers les plus reculés du centre de la ville. Entre autres : les voies d’accès, eaux, électricités, hôpital de base, écoles, universités, super marchés et autres.

À quoi ressemblent nos agences de courtage ?

Généralement présentées sur un tableau noir, marqué des écrits au coin d’une principale, ces agences sont pour la plupart organisée de façon traditionnelle. Mal structurées, ces agences n’ont aucun siège pour leur entreprise et ne signe aucun contrat de garantie avec leurs clients, donc, tout ce passe verbalement. Ils œuvrent vraiment dans l’informel, alors que ces agences devraient être structurées comme toute entreprise commerciale. Ces agences appartiennent en général à des jeunes congolais désœuvrés constitués en groupe. Elles tirent leur revenu en réclamant une somme de 10.000FCFA, pour chaque déplacement, aux habitants recherchant un logement. Ils exigent également un mois supérieur sur la caution locative, pour l’acquisition d’une maison. Cette pratique exaspère les populations, qui malgré elles sont obligées de se soumettre au risque de perdre le logement qui devient denrée rare à Brazzaville.

Malheureusement, peu d’entre elles sont bien structurées et sont généralement méconnues des habitants en quête de logement.

Josiane Mambou Loukoula
Légendes et crédits photo : 
Photos: logements sociaux construites par l'état