Paris : le Salon Boucles d’Ébène célèbre la beauté afro-caribéenne

Mercredi, Juin 3, 2015 - 15:45

L’Espace 104 à Paris a accueilli la cinquième édition du Salon Boucles d’Ébènes, ode à la coiffure afro-caribéenne. Un rendez-vous beauté, mais pas que.

Le week-end dernier à Paris, on a parlé de beauté, de cheveux, de coiffures, de féminité, d’héritage, de religion, de Nappy, de métissage… tout cela à travers des conférences, des coaching et concours de coiffures, des ateliers et tables rondes ainsi que des rencontres avec des professionnels. Ce programme bien rempli avait lieu pendant trois jours à l’Espace 104 à Paris, où se déroulait le Salon Boucles d’Ébènes, un événement devenu incontournable pour la communauté afro et initié par les sœurs guadeloupéennes Aline et Marina Tacite.

Parmi les intervenants, Juliette Esmeralda, auteur Peau noire, cheveu crépu, l’histoire d’une aliénation (éd. Jasor, 2005), best-seller réédité en avril dernier, a insisté sur l’estime de soi, apprendre à s’aimer, dès l’enfance, avec ses cheveux crépus et apprendre aussi à réaliser le degré de transmission lors de la coiffe. La sociologue martiniquaise, icône «Nappy» prône le retour au naturel, pousse à apprendre à aimer sa chevelure et met en garde contre le défrisage chimique et le blanchiment de la peau qui ne sont que des traumatismes physiques et psychologiques, car un legs de l’esclavage. Tous ces thèmes abordés lors de l’événement ont dépoussiéré la question identitaire en France en tant qu’individu issu de la diaspora ou afro-descendant.

« Le cheveu afro est extrêmement chargé d’histoire. Notre cheveu a été discriminé, nié, torturé, et il l’est encore. Dans la plupart des familles, toute femme noire a des histoires à raconter sur ses propres cheveux, et des histoires souvent douloureuses. On ne se rend pas compte de leur portée psychologique », explique la co-fondatrice Aline Tacite au micro de 1ere.fr

Identité et beauté

Les grandes marques de beauté capillaires ont répondu présents au rendez-vous. Aline Tacite ne néglige pas le pôle business de son événement : « Dans les pays anglo-saxons les gens sont bien plus en avance sur la question. Ils se sont imposés avec leurs propres caractéristiques. En termes de produits, l’offre est largement développée. Il y a également des spécialistes à profusion, que ce soit pour les locks ou le cheveu naturel », remarque-t-elle. « Et dans le domaine des formations, c’est intégré dans le cursus de la coiffure alors qu’en France le cursus n’intègre pas le cheveu afro. Il ne l’intègre que sous la forme du défrisage. Si on adopte un autre choix, il n’y a aucun spécialiste pour répondre à notre demande. C’est ce problème que Boucle d’Ebène a voulu aborder ».

Des problématiques, des conseils, mais aussi de la création. Au Salon Boucles d’Ébène se joue un Concours de coiffure des plus techniques. Parmi les artistes présents, la Congolaise Nadeen Mateky, styliste du cheveu mais aussi maquilleuse et créatrice de bijoux, a réalisé un défilé capillaire hors norme et confirmé un talent qu’elle travaille depuis son plus jeune âge. Mèches, locks, tresses, bijoux, couleurs… la jeune femme puise dans les héritages, les traditions capillaires associées aux étapes de la vie comme le mariage et jongle avec les genres pour créer des parures capillaires d’une élégance rare, honorant le thème de son défilé : Queens of Africa (Reines d’Afrique, ndlr). Elle s’inspire des rois, reines, divinités et prophétesses africaines pour rendre hommage à la féminité noire : « On est trop souvent sous-estimées. Je veux mettre en valeur l’image d’une femme solide, belle, intelligente, dynamique... royale. », déclare-t-elle au Point Afrique, avant de conclure : «Nos cheveux sont très beaux. C’est une richesse, un vrai trésor qu’on a entre les mains. ».

 

 

Morgane de Capèle
Légendes et crédits photo : 
Le salon boucles d'ébènes s'est tenu les 30, 31 mai et 1er juin 2015
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