C’est ce jeudi que le chef de l’Eglise catholique publie sa lettre encyclique, «Laudato si », pour faire prendre conscience des dangers que court la planète.
L’Eglise veut faire partager une préoccupation, qui n’est pas nouvelle, mais que la réalité ambiante replace au centre des impératifs qui se pose à tous, croyants ou non. La planète court un vrai danger avec son activité humaine débridée, les rejets dans l’atmosphère de gaz polluants, la déforestation qui entraîne une avancée des déserts, les bouleversements climatiques qui y sont consécutifs. Il faut faire quelque chose. C’est le message que lance et entend faire partager le pape François avec une encyclique que le Vatican s’empresse de ne pas présenter comme un traité d’écologie.
Il s’agit d’une réflexion qui s’encadre dans une réflexion spirituelle plus générale de l’Eglise pour que l’écologie ne soit pas une donnée à part, détachée de toutes les réalités complexes qui constituent la vie des humains. Il ne s’agit pas d’évoquer le combat pour la sauvegarde de l’environnement et de faire comme si l’homme vivrait mieux du seul milieu de vie sain. Le Vatican préfère d’ailleurs le terme de « création » à celui d’environnement. Car l’homme, « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu », a été placé au cœur de la création pour qu’il la gère. Il ne s’agit pas de son objet, à traiter comme une propriété ; il s’agit d’une responsabilité partagée.
C’est pourquoi le Souverain pontife veut renouveler chez tous la conscience que les dangers que court la planète, conséquence de l’activité de l’homme, doivent susciter le rassemblement dans l’effort. Dimanche, annonçant la sortie de son encyclique depuis la Place Saint-Pierre, le pape François a lancé : « J’invite à accompagner cet événement par une attention renouvelée aux situations de dégradation de l’environnement, mais aussi à celles des récupération. Cette Encyclique est destinée à tous. Prions pour que tous puissent recevoir son message et grandir dans la responsabilité envers la maison commune que Dieu nous a confiée ».
Dans certains extraits du texte parus dans la presse mais que le Vatican entend ne pas avaliser avant la sortie officielle, le pape est donné comme jugeant indispensable de réduire drastiquement les émissions de dioxyde de carbone et d'autres gaz hautement polluants. Il appellerait aussi à des accords établissant les responsabilités des Etats qui devraient supporter le coût le plus élevé de la transition énergétique. Le Vatican pointerait du doigt très directement les nations développées, qui polluent, alors que les nations pauvres doivent supporter la facture. Il exige une sorte d’équilibre des charges et des responsabilités.
Il invite aussi à la modération dans la consommation, car la frénésie dans l’avoir conduit à l’avidité qui elle-même piétine l’éthique et l’impératif de solidarité. « La sobriété ne s'oppose pas au développement, elle est devenue sa condition », avait dit le pape la semaine dernière, donnant un avant-goût de son encyclique. Le titre « Laudato si » (Loué sois-tu) est inspiré du Cantique des créatures de saint François d'Assise, ce religieux italien fondateur de l’ordre des Franciscains, qui parlait aux oiseaux au 13è siècle (et dont le pape actuel a choisi de porter le nom en signe d’identification à son idéal de pauvreté). C’est la première encyclique entièrement écrite de la main du pape François qui a consulté les experts pour cela.
L’écologie ne doit pas s’entendre comme la seule défense de l’environnement; c’est de tout le créé qu’il faut prendre soin. Une forêt préservée n’a de sens que si cette préservation profite d’abord aux humains. Et ceux-ci ne profitent pas d’une forêt, si les revenus qu’ils tirent du travail de la terre ne sont pas justes. Dans les milieux du Vatican on souligne en effet, comme le rappelle la revue jésuite Civiltà Cattolica, que « l'écologie n'est pas seulement une question d'économie mais aussi d'éthique et d'anthropologie ».