L'exercice, crucial pour l’avenir de ces primates, aidera à mesurer l’impact du travail de conservation dans la région et jouera un rôle essentiel dans l’orientation des efforts futurs visant à préserver ce grand singe en danger critique d’extinction ainsi que de son habitat fragile et restreint.
Le comptage des gorilles de montagne dans le massif des Virunga est le premier entrepris depuis 2010, lorsque la population des gorilles dans les 451 km2 du massif avait été estimé 480 individus. Ce recensement, note-t-on, dirigé par Greater Virunga Transboundary Collaboration (Collaboration transfrontalière dans le grand Virunga, GVTC) et soutenu par Fauna & Flora International (FFI) ainsi que par le WWF à travers International Gorilla Conservation Programme (IGCP) et d’autres partenaires.
Il est noté que ce site, qui couvre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, est un des deux seuls endroits où cette sous-espèce de gorilles peut encore être trouvée. « Le nombre de gorilles de montagne est en hausse constante dans le massif des Virunga durant les deux dernières décennies grâce au travail dévoué d’éco-gardes, de spécialistes de la conservation, des membres des communautés locales et des efforts de collaboration par les trois États de la région », a déjà rassuré le directeur de l’IGCP, Anna Behm Masozera, qui a, en outre, émis l’espoir que le recensement confirme que la tendance se poursuit, malgré les menaces toujours présentes pour les gorilles et leur habitat.
Un travail d’experts
Pour mener cette campagne, six équipes composées de membres du personnel des nombreuses institutions participantes ont commencé à se déplacer systématiquement à pied à travers le massif des Virunga, pour rechercher des signes de la présence des gorilles de montagne, enregistrant les lieux des nids des gorilles et récoltant des échantillons de matières fécales qui serviront à des analyses génétiques
Behm Masozera, cité dans une communication de WWF, a souligné que le recensement ne se base pas sur l’observation réelle de chaque gorille. Il se fera plutôt, selon les explications fournies par le directeur de l’IGCP, grâce à une combinaison de travail de terrain et de laboratoire afin d’interpréter les informations et les échantillons prélevés par les équipes. Cet exercice prévu pour être le plus précis à ce jour va bénéficier des récents progrès de la science et de la technologie - depuis la collecte électronique de données sur le terrain jusqu’aux analyses génétiques menées à l’Institut Max Planck pour l’anthropologie évolutionnaire et aux analyses statistiques utilisées pour interpréter les données.
Parlant des résultats attendus, le directeur mondial du WWF pour la conservation des espèces, Carlos Drews, a soutenu que ce recensement fournira l’ensemble de données le plus détaillé sur toute la population de gorilles de montagne des Virunga; alors qu’il aidera à affiner la stratégie de conservation en se fondant sur les succès de conservation du passé, pour assurer l’avenir à long terme de l’une des espèces vivantes la plus proche de l’homme. « Le recensement se concentrera également sur la nécessité de préserver les gorilles de montagne et leur habitat, qui apportent un soutien aux moyens d’existence des communautés dans les trois pays », est il appuyé.
Un processus long et détaillé
Le recensement sera un processus long et détaillé, avec une estimation finale de la population qui pourra être publiée en 2017. Au-delà du nombre de la population, il est également attendu de ce comptage des informations sur les caractéristiques démographiques (ratio de l’âge et du sexe) au sein de la population de gorilles du massif des Virunga et sur la localisation de groupes les uns par rapport aux autres à l’intérieur de la zone protégée transfrontalière. Pour Chloé Hodgkinson de FFI, « Le recensement est un véritable témoignage de la force de la collaboration entre les gouvernements et les organisations de conservation, qui a été au cœur des efforts pour sauver les gorilles de montagne des Virunga ». Cette collaboration, note-ton, s’est de plus en plus renforcée avec un récent traité entre les trois pays concernés, qui fournit une structure formelle qui permettra d’agir sur la base des résultats du recensement.
Il est souligné que le massif des Virunga, qui comprend le secteur de Mikeno du Parc national des Virunga (RDC), le Parc national des Volcans (Rwanda) et le Parc national des gorilles de Mgahinga (Ouganda), abrite environ la moitié des gorilles de montagne au monde estimés à environ 880 individus sur toute la planète. Le reste de la population se trouvant dans le Parc national impénétrable de Bwindi, en Ouganda, contigu de la Réserve naturelle de Sarambwe en RDC.