À tout juste un mois du Sommet qui réunira à Paris des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement pour parler du réchauffement climatique, de la fonte des glaces sur les pôles, de la montée des océans, de la dégradation de l’environnement, de la destruction des forêts primaires, bref des menaces que font peser sur l’espèce humaine les dérives de toute nature que celles-ci aggravent de jour en jour le moins que l’on puisse dire est que cette « grand-messe » se prépare dans le plus grand désordre. La preuve en est qu’à ce jour l’on ne sait toujours pas quel en sera le programme, ni quelles dispositions de sauvegarde pourraient en sortir.
Tout se passe, en vérité, comme lors des précédents Sommets sur le climat, avec des réunions préparatoires qui ne débouchent sur rien, des discours et des gesticulations qui relèvent plus du théâtre que de l’action, des experts de plus en plus inquiets qui redoutent à juste titre que la COP 21 débouche sur un nouveau fiasco. Exactement comme le furent les conférences de Copenhague et de Rio, le Sommet de Paris a aujourd’hui toutes les chances de ne prendre aucune mesure concrète ; et si l’on en croit les oiseaux de mauvais augure qui croassent ici et là il pourrait même accélérer le dérèglement climatique en paralysant les actions entreprises ici et là dans le but de l’enrayer.
Dans un tel contexte il n’y a rien, ou presque, à attendre des grandes nations industrielles de l’hémisphère nord qui se trouvent à l’origine du dérèglement climatique et qui, quoi qu’elles prétendent, n’entendent pas se discipliner au risque de voir leur prééminence économique mise en question. Tels les navires surchargés qui ne peuvent infléchir leur course qu’au terme d’un long parcours, elles ne feront évoluer que très lentement, très progressivement leur mode de vie et, par conséquent, ne se battront pas réellement dans le moment présent pour protéger l’environnement.
C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui plus encore qu’hier, le Sud doit se mobiliser, ou plus exactement se coaliser pour faire comprendre aux « Grands » qu’ils conduisent l’humanité à sa perte et les contraindre à accélérer le virage qu’ils font mine d’effectuer sans vraiment s’y résoudre. Pour parler clair, si le monde dit « émergent » ne s’organise pas afin de parler d’une seule et même voix à la COP 21, celle-ci ne fera qu’aggraver le mal au lieu de le combattre et la dégradation de l’environnement s’accélèrera jusqu’au point de rupture où les désordres climatiques plongeront la Terre dans le chaos.
Beaucoup diront qu’à un mois du Sommet de Paris une telle coalition est impossible et que, par conséquent, il ne sert à rien de tenir de tels propos. Mais l’enjeu est à ce point vital pour l’Homme qu’un sursaut provoqué par les peuples du Sud n’a malgré tout rien d’impossible. Si, en effet, l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie du Sud s’accordent sur les grands principes pour parler d’une même voix à Paris les lignes bougeront sur l’échiquier mondial.
Les grandes puissances ne peuvent, en effet, courir le risque de voir se dresser contre elles les deux tiers de l’humanité. Dès lors qu’elles seraient mises publiquement en accusation par les peuples en voie de développement elles se verraient contraintes de consacrer à la lutte contre le dérèglement climatique tout ou partie des sommes gigantesques qu’elles dilapident dans des actions insensées, au premier rang desquels figurent leurs dépenses militaires.
Question donc : l’Afrique va-t-elle profiter de la COP 21 pour prendre la tête de ce mouvement historique ? Et si c’est le cas désignera-t-elle en son sein une personnalité, un homme d’Etat qui parlera en son nom, qui dira sans détour leurs quatre vérités aux pays riches, qui proposera des solutions concrètes pour freiner la dérive engendrée par la surindustrialisation ?
Il n’est pas interdit de rêver.