Benson Diakité : « Je crois que la culture est aujourd’hui l’unique remède aux conflits africains »

Mercredi, Novembre 4, 2015 - 16:45

Après quinze ans passés sur l’antenne de RFI, durant lesquels il a produit et animé plusieurs émissions, Benson Diakité vit désormais au Mali. Mais pas question pour lui de prendre sa retraite, l'homme au chapeau endosse plusieurs fonctions, parmi lesquelles celle de valoriser la culture africaine. Rencontre.

Les Dépêches de Brazzaville : Vous êtes installé au Mali depuis 2008. Qu’y faites-vous exactement ?

Benson Diakité : Je suis rentré au Mali à la demande du Président de la République Amadou Toumani Touré, pour renforcer sa cellule de communication et de relations publiques. J’ai beaucoup hésité car ça a été difficile de quitter RFI. J’ai été nommé conseiller technique à la Présidence, avant de devenir conseiller spécial rattaché à la personne du Président de la République, chargé des relations avec les médias internationaux. Une fonction que j’ai occupée jusqu’au coup d’État militaire du 22 mars 2012. Ensuite, je suis resté avec Dionkounda Traoré, président de la transition, jusqu’en septembre 2013, date de l’arrivée du Président Ibrahim Boubacar Keïta. Et début janvier 2014, j’ai quitté définitivement mes fonctions de conseiller spécial. Depuis lors, je suis revenu au journalisme et à la communication. J’ai créé une société de communication et de consultation en politique et culture, qui s’appelle KUMA-Groupe. Aujourd’hui, je conseille de nombreuses personnalités politiques africaines et organise des événements culturels sur le continent.

L.D.B : Quels souvenirs gardez-vous de RFI ?

B.D : J’en ai beaucoup, surtout que j’ai fait partie des premiers journalistes noirs à travailler au sein de ce média international. En arrivant en 1992 à RFI, dans ce quartier cossu du 16e arrondissement de Paris, je me suis senti investi d'une mission. Celle de faire la promotion du continent africain à travers sa riche culture. Mes souvenirs marquants demeurent mes rencontres avec les artistes, connus et moins connus : Manu Dibango, Mory Kanté, Salif Keïta, Angélique Kidjo, Youssou N’Dour…. Impossible de ne pas citer mes nombreux voyages à travers le continent africain. RFI est le monde en miniature, un espace de rencontres, de découvertes et de formation aux cultures du monde. Je dois beaucoup à cette radio et particulièrement ma rencontre avec feus Nelson Mandela et Michael Jackson à Sun City en Afrique du Sud lors de l’une des éditions des Kora Awards. Radio France Internationale a été un véritable tremplin pour moi.

L.D.B : Comment faire selon vous pour maintenir la paix au Mali, et dans les autres pays africains ?

B.D : L’Afrique est un continent où la paix se fait rare. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui la politique a perdu tout son sens. On ne fait plus de politique en Afrique, on fait de l’argent. Partout les gens s’entretuent au nom de la politique et ce jusqu’au sein des villages et des familles. Mais au centre de tout, c’est surtout pour le pouvoir. Et qui détient le pouvoir ? Ceux qui ont de l’argent.

Je crois que la culture est aujourd’hui l’unique remède aux conflits africains. Les événements culturels rassemblent toujours les populations sans distinction de race, de religion, ni d’orientation politique. Prenons par exemple le Festival panafricain de musique (Fespam) au Congo : son organisation n’a jamais posé de problème. Je crois beaucoup en la culture, car elle est sans frontière, elle favorise le dialogue des populations et est capable d’apporter la joie partout.

 

 

Propos reccueillis par Ekia Badou
Légendes et crédits photo : 
1-Benson Diakité 2-Benson Diakité aux côtés Meiway et Manu Dibango
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