Le gouvernement français a tranché. En dépit des risques encourus à la suite des attentats du vendredi 13 novembre dernier, la 21ème Conférence de Paris –COP 21 - sur les changements climatiques aura bien lieu, du 30 novembre au 11 décembre, au Parc des Expositions du Bourget près de Paris, en France
A la question légitime : la France est-elle encore en mesure d’assurer le déroulement de la COP 21 sur son sol à la fin du mois, le gouvernement vient de répondre par l’affirmative. « Il n’est pas question de remettre en cause sa tenue, prévue du 30 novembre au 11 décembre à Paris, mais la sécurité sera renforcée à la suite des attentats qui ont fait 129 morts et 352 blessés graves », a annoncé samedi Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.
Rappelons que ces attaques menées par trois fronts tel que l’a indiqué le Procureur de la République française, dont celui perpétré aux abords immédiats du stade de Saint-Denis avaient fait peser un sérieux doute sur le sort de cette conférence mondiale qui doit se conclure par un accord universel sur le climat. Le gouvernement n’aura donc pas attendu longtemps pour mettre un terme à ce qui se présentait à lui comme un terrible dilemme : annuler la conférence au risque d’apparaître comme pliant face aux terroristes ou la maintenir avec les problèmes de sécurité que cela représente. Le maintien de cette manifestation constitue de fait une sérieuse prise de risque eu égard à son ampleur exceptionnel.
Il est vrai que, depuis 1948 et l’Assemblée générale de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Paris n’a pas accueilli d’événement international aussi important. A la COP 21, quelque 40.000 participants, au bas mot, représentants de 195 pays, sont attendus sur le site du Bourget, dans le département de Seine-Saint-Denis, du 30 novembre au 11 décembre, soit la moitié de la capacité d’accueil du Stade de France de Saint-Denis. Deux sites supplémentaires s’y ajoutent comme étant d’autres lieux divers de rassemblement et de manifestations, comme le grand salon-exposition organisé parallèlement au Grand Palais pour présenter les « solutions » des industriels contre le réchauffement ou encore les défilés des ONG et des militants altermondialistes prévus à la veille et au lendemain de la COP 21.
Beaucoup de monde et de mouvements de foule en perspective dont la surveillance et la protection, on l’imagine et on l’espère, ont dû être minutieusement préparées, compte tenu du contexte déjà très tendu dans lequel cet évènement planétaire doit se produire. Mais, s’agissant du système de sécurité mis en place, le ministère de l’Intérieur s’est gardé de trop communiquer sur le déploiement des forces, visiblement guidé par le souci de ne pas donner d’information aux terroristes. Dès cette semaine, apprend-on par les mesures de l’Etat de siège, est prévu le rétablissement des contrôles aux frontières, et ce jusqu’à la fin de la conférence. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur français, veille personnellement à leur application. Il a nommé un ancien patron des CRS secrétaire à la COP pour les questions de sûreté et préside chaque semaine une réunion sur le sujet, indique-t-on du côté de la Place Beauvau.
Le 29 novembre, une « Marche mondiale pour le climat » est à l’ordre du jour. De 4.000 à 5.000 CRS et gendarmes mobiles ont été consignés de longue date pour assurer le bon déroulement de cette manifestation. Reste à savoir si celle-ci pourra être maintenue. Sur le site même du parc des expositions du Bourget, la zone réservée aux négociations diplomatiques se trouve directement placée sous le contrôle d’une centaine de gardes de l’Organisation des nations unies. Comme pour les autres COP, l’accès à son enceinte nécessite au préalable d’en passer par une longue procédure d’accréditation et de se soumettre à un minutieux contrôle à chaque passage sur le site.
Au plus haut niveau de représentations, la COP 21 recevra 118 chefs d’Etat. Autant de moyens de contrôle et de sécurité dont le niveau « sera encore renforcé », indiquait-on encore de source diplomatique samedi. La protection de quelques 118 chefs d’Etat, ceux qui se sont annoncés pour parler à la tribune de la COP 21, le 30 novembre, le jour de son ouverture, est plus que jamais en jeu.
Le maintien de ce sommet doit aboutir à un accord international sur le climat, applicable à tous les pays. Car, insistent les organisateurs, « il n’est pas question d’attendre 2020 pour obtenir la limitation du réchauffement mondial à 2 °C d’ici 2100 ».