Patrimoine : le raphia téké, une richesse mal connue des Congolais

Vendredi, Janvier 15, 2016 - 12:15

Dans le but de promouvoir les métiers liés à la fabrication des objets issus du raphia et présenter à la jeunesse congolaise les atouts qu’engrange actuellement cette matière première, pourtant en pleine expansion mais mal connue, l’un des héritiers du premier tisserand Téké, Auguste Oyala s’est entretenu, le week-end dernier avec les Dépêches de Brazzaville.

Auguste Oyala a, d'entrée de jeu reconnu que le métier de tisserand est moins admiré et moins pratiqué par les jeunes. Pourtant, poursuit-il, économiquement ce métier est fructueux, noble et reconnu parmi les arts importants. « Il est resté à l’étape rudimentaire et seul apanage des hommes âgés», regrette Auguste Oyala qui pense que ceci désavantage  et freine le développement du métier de tisserand.

Il a en outre plaidé pour que le raphia  puisse renforcer le potentiel économique du Congo à travers la création d’une filière axée sur la production des objets d’art issus du raphia et  que son exploitation contribue à l'industrialisation du pays.    

« L’exploitation et la vente de cette matière de couleur jaune ivoire, restent l’une des principales activités de notre département. On le trouve plus précisément dans les districts de Djambala et de Lékana. Au plan local, l’activité est en pleine évolution. Cela s’illustre par le nombre croissant de commerçants qui viennent nous solliciter pour l’achat de nos articles. Il faut aussi ajouter le volume de fibres qu’on extrait malgré la rareté ou l’absence des champs de plantations et le fait que les méthodes d’extraction demeurent archaïques», a déclaré Auguste Oyala, originaire de la localité de Djambala dans les Plateaux, né en1938.

Le vieux tisserand a toutefois invité les jeunes congolais désireux d'apprendre ce métier, de se rapprocher de lui sans conditions. Tisser le raphia doit cesser d'être l'apanage des hommes, a -t-il lancé, reconaissant toutefois le caractère héréditaire de l'art. «  J’ai hérité ce métier de mon père qui fût un grand tisserand du district de Djambala », a-t-il précisé avant d’ajouter que, l’activité autour du raphia ne devrait plus porter le poids des interdits afin qu’elle soit ouverte à tous les jeunes du pays. Surtout qu’aujourd’hui les grands couturiers mélangent le raphia avec d’autres matières pour fabriquer les habits, confectionner les objets de luxe tels que les chapeaux, bracelets et sandales. Cela constitue une preuve tangible que, les métiers du raphia pourraient contribuer à l’essor de notre économie.    

Il faut penser à  résoudre le problème lié au manque des palmiers raphia

Selon Auguste Oyala, pour résoudre l’épineux problème du déficit des plantations de palmier raphia et promouvoir le développement de ce métier, il est nécessaire que les artisans s’organisent en association. Cette stratégie pourra également nous permettre de pérenniser cette plante ainsi que le travail de tisserand. « La preuve  est qu’actuellement, l’unique localité qui dispose de palmiers en quantité suffisante est le district de Lékana. C’est pour cette raison que nous achetons le raphia très cher et les articles que nous produisons coûtent également chers. Car, un seul article peut coûter 40.000 FCFA ou plus. Le prix est tributaire de la disponibilité du produit », a-t-il conclu.

 

 

Rock Ngassakys
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