Marie Misamu : le dernier au revoir des Kinois

Vendredi, Janvier 29, 2016 - 10:45

Les Kinois vivent très mal la disparition de la sœur Marie Misamu. Pour les obsèques, ils sont venus de partout au stade des Martyrs rendre un dernier hommage à celle dont les chansons sont écoutées en boucle un peu partout de part et d’autre des deux rives du fleuve Congo.

Morte à 41 ans. Cette pilule est dure à avaler pour les nombreux fans de la diva du gospel congolais, la sœur Marie Misamu. A Kinshasa, jamais un évènement n’avait mobilisé autant de personnes ces derniers mois . Le choc d’une disparition brutale. Elle faisait partie du quotidien de nombreux d’entre eux. Ses chansons mélancoliques traitent des problèmes de société comme la pauvreté, les difficultés quotidiennes, matérielles ou affectives, ou la guerre qui continue dans l'est du pays. Autant de thèmes qui trouvent un large écho dans les familles kinoises.

Ainsi, ils étaient des milliers réunis jeudi devant le cercueil de la chanteuse, morte le 16 janvier d'un arrêt cardiaque. La police parle de 15 000 personnes. Mais ils étaient vraisemblablement beaucoup plus, a constaté un confrère de l’AFP. Face à la foule, une police déployée en nombre. Une atmosphère propice à la bousculade et des accrochages multiples.

Le cercueil dans lequel se trouve  le corps sans vie de Marie Misamu est exposé dans une chapelle ardente dressée au bout d'un tapis rouge sur un podium, à l'abri d'une simple bâche imprimée à son effigie sur l'esplanade du stade des Martyrs. Et la police, tient les admirateurs éplorés à bonne distance. « Qu'est-ce qu'ils viennent faire ici ? Ce n'est pas le deuil d'un policier ou d'une autorité. Pourquoi ils nous interdisent de pleurer notre sœur? » lance à l’AFP Joseph, un kinois remonté venu lui aussi dire un dernier au revoir à Marie.  Face à la résistance de la police les esprits s’échauffent. « Est-ce que la dépouille appartient à la famille ou à l’État pour qu'ils cherchent à s'en accaparer? », demande Pitsou, un jeune homme venu de la Cité, le cœur populaire de Kinshasa, "dites-leur de nous laisser pleurer notre sœur ! » rapporte l’Agence.

Pour les policiers, « Il faut sécuriser, ils sont nombreux, nous sommes débordés », affirme un commandant de police. Près de 2.000 agents des forces de l'ordre ont d’ailleurs été déployés pour la circonstance.

Icône populaire

Marie Misamu se revèle au grand public à la fin des années 1990. Fille d’un quartier populaire, son succès, elle le doit à son duo avec le chanteur Debaba. Le titre « seigneur » est un classique de la chanson chrétienne congolaise. Sa carrière solo est une réussite. Elle avait une âme d’artiste plurielle aux talents de stylistes et de comédienne. Elle appartenait non plus à sa seule famille, mais à tout le monde. « Ce n'est pas la dépouille d'un policier. Si un policier mourait, on ne viendrait pas, ils le savent! Ici c'est Marie Misamu, notre sœur, qu'ils nous laissent faire notre deuil », indique un homme d'une vingtaine d'années transpirant à grosses gouttes sous un soleil implacable. Cela traduit le phénomène qu’elle a su incarné durant ces dernières années. Mais il y a aussi les non-dits et la rivalité de l’artiste avec L’Or Mbongo, autre musicienne de Gospel.

Marie Misamu s’en est allée, mais son image et son œuvre demeurent profondément ancrées dans l’imaginaire collectif.  

Awa LK
Légendes et crédits photo : 
Le dernier hommage des Kinois à Marie Misamu ; Source/Crédits photo; AFP / Eduardo Soteras
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