La tournée africaine du président Mattarella vise à ramener l’attention sur le continent le plus proche de l’Italie.
C’est au sortir de la Deuxième Guerre mondiale que l’on parla d’Eurafrique. Le concept avait alors des relents colonialistes affirmés, aussi les premiers intellectuels africains et les penseurs du monde noir se saisirent-ils bien vite d’une idée dont les intentions pouvaient en cacher d’autres. Dans les années 1950, un Léopold Sédar Senghor, engagé dans le combat pour la Négritude, tint à souligner que l’Eurafrique ne pouvait s’entendre que comme le lien d’amitié entre une Europe affaiblie par la guerre et une Afrique qui n’avait pas hésité à se porter à son secours.
Mais le concept a encore évolué. A tel point que dans les années 1990, l’historien italien Andrea Riccardi se fit le chantre d’une Eurafrique plus positive : se tourner vers le continent le plus proche géographiquement de son pays pour affronter ensemble les défis de l’heure. Son idée devait trouver une matérialisation plus concrète à travers l’action de l’organisation qu’il fonda en 1968, et dont le nom est aujourd’hui synonyme d’une solidarité agissante dans les 70 pays où elle est présente : la Communauté catholique romaine Sant’ Egidio.
C’est dans cette logique que s’inscrit la tournée de M. Sergio Mattarella en Afrique qui veut coopération et « multilatéralité ». Encourager les efforts de paix avec l’implication des organisations continentales, et en premier l’Union africaine dont il a visité le siège à Addis-Abeba, mais aussi et surtout avec l’ONU dont il appuie les efforts en Libye. Le 18 mai prochain, Rome accueillera la première conférence Italie-Afrique. Il s’agira d’explorer ensemble les moyens susceptibles de « donner une nouvelle impulsion » à la relation entre l’Italie et un continent de plus en plus au cœur de sa stratégie multiforme.