Alain Mabanckou : le premier écrivain titulaire de la chaire de création artistique

Vendredi, Mars 18, 2016 - 16:15

Porté sur le thème : De la littérature coloniale à la littérature « Négro- africaine », la leçon inaugurale d’Alain Mabanckou, jeudi 17 mars, à l’amphithéâtre Marguerite de Navarre du Collège de France,  a été prononcée avec brio. C’était en présence de nombreuses personnalités culturelles, et politiques, dont Audrey Azouley, ministre française de la Culture.

L’écrivain congolais Alain Mabanckou a prononcé, jeudi 17 mars,  sa leçon inaugurale marquant son entrée au prestigieux Collège de France où désormais il est titulaire de la chaire annuelle de création artistique. Créée depuis 2005, la chaire de création artistique, a tour à tour connu des titulaires illustres parmi lesquels l’architecte Christian Portzamparc, le compositeur Pascal Dusapin, le peintre  Anselm kiefer. Et, fait notable : il est le premier écrivain a occupé la chaire de création artistique.

« Donner la place qu’elle mérite aux études africaines au Collège de France où elles ont été trop absentes, durant la période récente », a souligné son collègue Antoine Compagnon lors de la présentation de l’écrivain Alain Mabanckou. Néanmoins, il faut souligner qu’à une époque antérieure, celle de l’empire colonial français, le Collège de France eut, jusqu’à  cinq chaires consacrées au Sud. Aujourd’hui, il est regrettable que le « continent noir ne soit plus présent dans nos enseignements », a ajouté Antoine Compagnon. La tâche d’Alain Mabanckou sera de faire entendre de la littérature africaine, dans cette remarquable institution française.

 Un poste urgent 

« Voilà pourquoi il nous a paru urgent de rechercher un écrivain originaire de l’Afrique pour occuper notre chaire de création artistique cette année. Un nom s’est immédiatement imposé, celui d’un homme dont l’œuvre est mondialement reconnue, et dont l’expérience de l’enseignement est vaste », a rappelé Antoine Compagnon, justifiant à la fois l’urgence et le choix de ce poste à l’écrivain Alain Mabanckou, âgé de 50 ans. « Vous êtes dans la force de l’âge, vous en avez besoin pour affronter un public très abondant » poursuit-il.

Un écrivain à la trajectoire singulière « je ne suis pas un professeur devenu un écrivain, mais je suis un écrivain devenu professeur, grâce aux Etats- unis. ». D’ajouter « En m’accueillant ici, vous poursuivez votre détermination à combattre l’obscurantisme et à convoquer la diversité de la connaissance. Je n’aurai pas accepté cette charge si elle était fondée sur mes origines africaines. »

A l’heure où en France, le débat sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux, n’est pas encore enterré, et comme pour  coller à l’air du temps , l’écrivain n’a pas manqué de fustiger cette problématique «  Alors que nous sommes en 2016, c’est-à-dire un siècle après la vulgarisation des affiches bananières, 60 ans après le Congrès des écrivains et artistes noirs, la France se questionne encore sur les binationaux, tout en restant incapable de penser un monde qui bouge et de s’imaginer comme une nation diverse, multiple, donc riche et grande. », fustige le romancier, désormais professeur au Collège de France.

 

 

 

 

 

Roll Mbemba
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