La chef d’entreprise a créé et dirige depuis dix ans « The Job Factory », l’une des plus grandes agences d’intérim que compte la RDC. Elle a aussi été la marraine de la première édition du Kinshasa international forum (Kinfor), organisée dans la capitale congolaise au mois de janvier dernier par l’ASBL Africa Rise.
Les défis de la formation en RDC sont multiples, a fait savoir Patricia Veringa-Gieskes dont la structure dispense des formations en milieux urbain et rural. « Le premier défi est celui de l’accès à la formation. Les formations sont souvent données dans des lieux très centralisés, souvent à Kinshasa et rarement dans les coins les plus reculés », a-t-elle fait savoir, avant d’évoquer le second défi qui est celui du coût de la formation. « La formation coûte cher, mais cela coûte encore plus cher d’avoir un personnel sans formation », a-t-elle fait remarquer.
L’autre problème auquel la CEO de « The Job Factory » est confrontée est celui de l’analphabétisme. « Certaines femmes à qui j’ai donné une formation à Kindu, dans la province du Maniema, ne savent ni lire ni écrire. Pourtant ce sont des femmes entrepreneures qui évoluent dans le secteur de l’agriculture. Mais ce sont des femmes qui sont déterminées à se former car elles étaient toujours présentes très tôt le matin jusqu’au soir tout au long de la période de formation. Même à Kinshasa aujourd’hui, on retrouve des jeunes femmes qui ne savent ni lire ni écrire. C’est un très grand défi à relever car ce n’est pas évident de former ce type de personnes », a indiqué Patricia Veringa-Gieskes.
Par ailleurs, a-t-elle fait savoir, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication constitue également un problème dans le secteur de la formation. « Il ne s’agit pas seulement de l’Internet mais simplement de l’utilisation de l’outil informatique », a-t-elle fait remarquer. Sur un autre registre, la CEO de « The Job Factory » a pointé du doigt la corruption qui constitue également un obstacle . « Certains jeunes aujourd’hui usent de la corruption pour obtenir leurs diplômes. Mais quand on les teste, ils n’ont aucune connaissance de la matière qu’ils sont censés maîtriser au regard ces mêmes diplômes », a-t-elle déploré. Pour sa part, a-t-elle revélé, elle a toujours refuser de pratiquer la corruption, même lorsqu’il était question d’obtenir tous les documents nécessaires à la création de son entreprise. « La réglementation en vigueur exige d’être un centre de formation certifié. Les démarches administratives prennent quelques mois à entreprendre. Mais nous avons eu notre autorisation après trois ans et demi parce que l’on a refusé de pratiquer la corruption. C’est aussi un défi à relever lorsque l’on veut se lancer dans le domaine de la formation de manière professionnelle », a souligné Patricia Veringa-Gieskes. Pour cette dernière, le plus grand défi aujourd’hui dans le domaine dans lequel elle évolue reste celui du financement. « Il y a encore beaucoup de défis mais rien n’est impossible. Il faut travailler, proposer des idées et rechercher des partenaires qui pourront financer les formations », a-t-elle conclu.