France : 15 ans après l’instauration de la loi Taubira

Lundi, Mai 9, 2016 - 13:00

Ce 10 mai 2016, journée nationale en mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, cela fera 15 ans que la loi Taubira, reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’Humanité, aura été définitivement votée. Pour le CRAN, incontestablement, cette année, la journée nationale de commémoration sera placée sous le signe de la réparation. 

Louis-Georges Tin Il y a deux mois à peine, le Conseil de l'Europe avait déjà pris une position tout à fait historique, en recommandant « aux autorités françaises de poursuivre le débat à la lumière de la déclaration du président de la République, François Hollande, en mai 2015 sur la question des réparations autres que pécuniaires, à la suite de la traite négrière et du passé colonial de la France, en concertation avec la société civile, et de définir une politique à cet égard, rappelle le Conseil représentatif des associations noires, en sigle CRAN.

Dans cette perspective, précise le CRAN, plusieurs organisations comme SOS Racisme, la LICRA, le CRIF y compris l’association présidé par Louis-Georges Tin ont demandé au gouvernement d'ouvrir dans l'hexagone un musée de l'esclavage. De fait, il y a en France 12 000 musées, 12 musées du sabot, mais 0 musée de l'esclavage et de la colonisation. Il y a certes quelques salles dans les musées de Nantes et de Bordeaux, et il y a aussi le Memorial Acte en Guadeloupe, mais la plupart des Français ne pourront s'y rendre. Un musée de l'esclavage à Paris serait donc une forme de réparation républicaine tout à fait utile et fédératrice. Depuis plusieurs mois, ces organisations ont interpellé le président de la République et le Premier ministre en ce sens, et elles attendent la réponse ou la non-réponse qui sera livrée le 10 mai. 

Par ailleurs, toujours à l'occasion du 10 mai, 120 associations ont élaboré une politique de réparation, avec des propositions concrètes, comme le proposait le Conseil de l'Europe. Le nombre important des signataires de cet appel est le signe manifeste que cette problématique constitue désormais une revendication de plus en plus large dans la société française, et pas seulement dans l'Outre-mer, où 63 % des citoyens sont favorables aux réparations, comme l'avait révélé, en 2013, un sondage du CRAN-Ifop.

Ce 10 mai 2016, le chef de l’État, François Hollande a l’occasion de faire preuve de la hauteur de vue qui fait souvent défaut aux responsables politiques français lorsque le passé douloureux est évoqué. Il lui appartient, à travers l’annonce de l’ouverture d’un musée de l’esclavage dans l’Hexagone, de faire utile. Car un tel lieu serait un lieu de réparation, de renforcement de la cohésion nationale, de lutte contre les préjugés diffusés par le système esclavagiste et de prévention de la répétition des crimes contre l’Humanité.

Parmi les propositions faites par les organisations de lutte contre le racisme, on peut noter le fait de reconnaître le travail forcé dans les anciennes colonies françaises comme un crime contre l'humanité, restituer les trésors pillés pendant la Colonisation et mettre en place une politique d'aide au développement qui soit d'abord au bénéfice des populations des pays en question ; ou la demande de l’annulation de la dette des anciennes colonies, soutenir les efforts des pays africains désireux de mettre fin au système du franc CFA et rembourser à Haïti le tribut qui lui a été imposé.

 

Marie Alfred Ngoma
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Photo : Louis-Georges Tin Crédit photo : Service presse CRAN
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