L’initiative a été lancée, le 8 octobre 2013 par le ministère de l’intérieur et de la décentralisation. Elle permet de mettre un terme aux affluences et aux attroupements des impétrants dans les locaux de la direction de l’immigration. Une structure qui logeait auparavant deux services : l’émigration pour l’obtention des passeports et l’immigration pour les visas.
Ces services sont désormais subdivisés en quatre centres provisoires à savoir : la préfecture, Makélékélé dans le premier arrondissement, Moungali dans le quatrième et Ouenzé dans le cinquième. La préfecture joue le rôle de site central de production. Elle s’occupe des cas d’évacuations sanitaires à l’étranger, des résidents à l’étranger, des enfants nés de père ou mère étranger et des hautes personnalités ; Makélékélé s’en charge des fonctionnaires ainsi que de toutes catégories de personnes, Moungali traitera spécifiquement les cas des étudiants et Ouenzé ceux des opérateurs économiques. Ces différents sites sont dotés d’une tente et de cent chaises pour faciliter l’accueil et sont destinés à collecter les données afin qu’elles soient transférées à la préfecture pour production.
Parlant de la procédure d’obtention du passeport qui, selon lui, après le dépôt du dossier ne devrait durer que quinze jours, le directeur de l’immigration, Paul Bernard Ondzé a insisté sur le fait qu’il ‘y a pas de coût lié à cela. Mais, il suffisait de déposer un dossier complet composé d’un casier judiciaire, certificat nationalité, d’une photocopie de la carte nationale d’identité, de l’acte de naissance et de l’acte de mariage pour les mariés, un formulaire de demande, une pièce justificative de profession, une autorisation parentale pour les enfants mineurs. Cependant, ce nouveau passeport dont la validité est de cinq ans n’est délivré qu’aux nationaux et non aux étrangers. « Le passeport CEMAC ordinaire congolais est délivré gratuitement à tous les citoyens de la République du Congo dans un délais de quinze jours au moins », a-t-il indiqué.
Quant au chef de centre de Ouenzé, le capitaine Nestor Atipo cette nouvelle organisation épouse les principes inscrits dans le décret signé par le président de la République, rendant gratuit la délivrance du passeport. Ce qui devrait marquer indubitablement une évolution au niveau des services de l’immigration. D’autant plus, les animateurs des différents services ont désormais l’obligation d’accueillir les populations demandeurs à temps et sans conditions préalables. « Au niveau de notre centre, les choses évoluent normalement. Nous sommes aisé de le confirmer qu’actuellement la procédure est rapide. On ne parle plus d’affluence et les demandeurs sont accueillis dans de bonnes conditions. Ils sont assis, ne se bousculent pas et ne s’alignent plus pour déposer un dossier ou retirer un passeport. Ce qui témoigne actuellement la joie qu’ils éprouvent», a précisé le capitaine Nestor Atipo.
Le délai de quinze méconnu par les étudiants
Pour certains étudiants, le délai de quinze jours n’est pas scrupuleusement respecté. Car, il existerait encore une lenteur au niveau de certains centres, surtout celui de Moungali, affecté aux étudiants en attente de voyager. « En principe l’initiative n’est pas mauvaise, mais il y a une confusion, parce que dès la création du site de Moungali, les étudiants qui ne détienne pas une préinscription dans un pays étranger sont abandonnés au profit de ceux qui disposent des papiers d’inscription. Alors que ce centre devrait servir à tout le monde. Par exemple, aujourd’hui 22 novembre, il est 14 heures et on a reçu à peine que trois étudiants, notamment ceux qui ont les inscriptions. C’est un procédé de filtrage qui pourra encore occasionner la corruption », a déploré un étudiant de l’université Marien Ngouabi, demandeur de passeport. Cependant, d’autres évoquent les actes de trafic d’influence. « J’étais parmi les premiers arrivés lorsqu’on a lancé ce centre et, le 10 octobre je suis passé à la machine pour les empruntes. Malheureusement quand je reviens après quinze jours on me donne un autre rendez-vous et jusqu’à présent je n’ai pas mon passeport. Ici on vous oblige de venir avec un parent, capable d’accepter leurs exigences ou de tomber dans les manœuvres de corruption. Par exemple mon cas, je ne peux plus aller à l’étranger faute du manque de passeport. Ce retard a fait que mon inscription soit expirée », a poursuivi un autre étudiant de l’école des beaux-arts, Esdras Gloire Itoua.
Un retard reconnu pour nécessité de contrôle de légalité
Justifiant le retard souvent critiqué par les impétrants, le chef de centre de Moungali a pour sa part reconnu qu’il serait lié aux techniques de contrôle et d’authentification des pièces qui, très souvent sont illégales et fraudées. Par exemple, son centre serait en possession de soixante et deux fiches, notamment celles des cas de fraude que les intéressés ont abandonnés après le contrôle. « Le travail que nous faisons est un travail administratif lié à la sécurité. Il nécessite la rigueur dans la vérification des informations. Le délai de quinze jours peut être majoré de deux ou trois jours. Ceci, pour des raisons administratives ou de contrôle de légalité. Nous avions saisi un étudiant qui a fait un passeport avec le même nom mais présentant deux visages. Aujourd’hui, il y a des machines appropriées pour de tels cas », a souligné, le chef de centre de Moungali, tout en précisant que le retard leurs permet de regarder avec attention les vrais et les faux documents. Ainsi, pour lui, au départ les papiers fraudés s’infiltraient à cause de l’affluence.
La création de ces centres renforcera la sécurité et le contrôle. En effet, pour la réussite de l’opération des commissions d’enquête et de vérification ont été mis en place par la direction générale. Elles ont pour rôle de contrôler en premier lieu la légitimité des documents avant qu’elles ne soient visées par le chef de centre qui, par la suite autorise les services de saisie pour traitement. « Il y a donc trois étapes à respecter. Si au niveau de la vérification et du chef de centre on manque le contrôle, à la saisie ont le rattrapera ».
Environ 4000 passeports délivrés en deux mois
D’après les données datant de deux mois et qui nous ont été délivrés par le directeur de l’immigration, le colonel Paul Bernard Ondzé, plus de quatre mille passeports seraient déjà délivrés à Brazzaville. Ainsi, pour lui, la décentralisation des sites est une politique réussie au plan de la diligence et s’affirme par les statiques. Ainsi, selon les centres, le site de Moungali enregistre quatre-cent deux passeports délivrés. Celui de Ouenzé et Makélékélé, trois-cent deux chacun sans oublier celui de la préfecture qui possède un grand nombre. « Nous avions constaté que les congolais ont plus d’affection pour le passeport que la carte d’identité alors que cette pièce est la condition principale pour l’obtention du passeport. En plus, leur impatience met à mal les administrateurs. Aucun impétrant ne respecte le délai de deux semaine pour le retrait », a ajouté Paul Bernard Ondzé, en précisant que les passeports biométriques ne sont plus produits au Congo.
L’entrée en vigueur du passeport CEMAC ne met pas un terme aux passeports ordinaires biométrique
Pour éclairer les populations sur la circulation concomitante des deux passeports ordinaires, notamment biométrique et électronique CEMAC, le directeur de cabinet du DGST, Albert Samuel M’Bouyou-M’Vous a souligné que selon la note circulaire n°000450/MID/CAB du 11 novembre 2013, prise par le ministre de l’intérieur et de la décentralisation, le lancement du nouveau passeport électronique CEMAC ne met aucun terme à la circulation des premiers passeports ordinaires biométriques. Ceux-ci ont cours légal jusqu’à expiration totale de leur validité même après prorogation. « Dans cette phase transitoire, les deux passeports ordinaires biométriques non CEMAC et électronique CEMAC circuleront de manière concomitante », précise la note.
« Cette note permettra d’éviter le phénomène de doublant, car nombreux préfère maintenant le nouveau passeport CEMAC. Il a été décidé que pour avoir un passeport il faut nécessairement obtenir une carte d’identité parce que, le fichier sera le même », a signifié, Albert-Samuel M’Bouyou-M’Vous avant de préciser qu’environ trois milles dossiers de passeports établis et non retirés par les intéressés seraient à la traine à la DGST, notamment ceux des années 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013.