Musique : Sam Mangwana entrevoit son retour sur scène

Vendredi, Juillet 1, 2016 - 08:00

Tourné résolument vers l’avenir, ce chanteur émérite scruterait d’ores et déjà d’éventuelles possibilités de prestation dans des festivals en Europe et ailleurs, une façon de pérenniser son style et son œuvre pour le bien de la postérité.     

Sam Mangwana, ce nom combien évocateur et chargé des souvenirs, constitue à lui seul, une partie de l’histoire de la rumba congolaise. Cet artiste talentueux a eu à travailler avec la plupart de génies créateurs de cette rumba, de Wendo Kolosoy à Franco en passant par Tabu Ley, jusqu’à forger sa propre voie. Chanteur hors pair âgé de 71 ans, ce natif d’Angola originaire de la ville de Mucuba (province d'Uíge), a sa façon particulière d’exprimer cette musique en jouant sur ses cordes vocales, résultat d’un fructueux contact avec diverses tendances musicales ayant bercé sa jeunesse à une époque de foisonnement des sonorités et des vibrations multiples.

L’interprète de la chanson-culte « Mabele » de Simaro Lutumba a, depuis plusieurs années déjà, rangé son micro dans le placard, vivant presque caché dans son Angola natal, loin de la bruyance ambiante des quartiers chauds. Là-bas, il essaie de se forger une autre perspective par rapport à sa carrière musicale en portant un autre regard sur le monde et sur l'Afrique. Une sorte de repli stratégique. Cela fait exactement dix ans depuis qu’il est rentré au bercail. Il croit le moment venu de rebondir, ou mieux, de rebooster une carrière pour laquelle il n’a aucune raison d’y mettre fin.

En effet, il a encore des ressources pour repartir dans une nouvelle aventure en égaillant ses nombreux fans disséminés dans toute l’Afrique et l’Europe. Ce, d’autant plus que ce qu’il recherchait depuis des lustres, à savoir, le retour à la paix en Angola après des années troubles et une reconnaissance nationale, ont cessé d’être une vue de l’esprit. L’environnement sociopolitique du pays lui permet aujourd’hui de se remettre en selle sans trop de casse, pour le bonheur des mélomanes.

Déjà, la réédition en CD et vinyle de « Galo Negro », son joyau enregistré en 1998, dévoile ses intentions de retourner sur scène à brève échéance. Le succès retentissant de ce remixe à Luanda et dans l’Angola profond présage un renouveau artistique pour Sam qui y revendique sa panafricanité en évoquant, au passage, la colonisation portugaise que son pays a subie jusqu'en 1975. Artiste engagé ayant marqué tout le continent de son empreinte, il sait que beaucoup l’attendent sur le registre des mélodies langoureuses qui captivent le sens pour faire différent du style endiablé de ces dernières vagues où l’expression vocale ne compte quasiment plus sacrifiée sur l’autel d’une instrumentation et une animation omniprésentes. C’est autant dire que l’un des derniers gardiens du temple de la rumba congolaise a déjà le pied dans l’étrier…

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Sam Mangwana
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