Jeune fille au volant : ça fait tendance à Kin !

Vendredi, Juillet 1, 2016 - 08:00

Après les téléphones haut de gamme, les jeunes kinoises à la page et obsédées par la seule envie de paraitre, concourent désormais sur un autre registre : les voitures de luxe…

Belinda, au look très branché, s’habillant classe et toujours ouverte aux nouvelles tendances, incarne le prototype de la jeune kinoise de la dernière vague. Son âge ne correspond nullement au train de vie luxueux qui est le sien dans ce bas quartier de Kingasani (périphérie Est de Kinshasa) où résident ses parents. Lorsqu’au volant de sa Jeep 4x4, elle quitte sa villa de Ma campagne où elle a installé ses pénates depuis trois ans pour une visite de routine à ses géniteurs, elle crée souvent l’évènement. Elancée, d’une taille fine avec des jambes en baguette reposant sur des hauts talons, elle dégage un magnétisme tel qu’on a du mal à la quitter des yeux. Tout en elle commande et incite au respect et à l’exaltation. 

La curiosité générale qu’inspire sa personne est couplée à un détail qui force l’admiration : sa berline grosse cylindrée de la dernière série qu’elle conduit, seule au volant. « Comment a-t-elle fait pour s’en procurer ? ». Une question qui taraude bien des esprits. Célibataire de son état, Bélinda (33 ans) appartient à cette catégorie des jeunes filles qui ont tout misé sur leurs études jusqu’à en faire une obsession. Licenciée en droit et œuvrant comme conseillère juridique dans une grande entreprise de la place, elle aura bâti au prix de sacrifices et des privations, une assise sociale qui fait jaser autour d’elle. Déjà, le fait de s’imaginer que la concernée ait déboursé entre 40 et 60.000 dollars pour s’offrir cette petite merveille aiguille la curiosité sur la nature de son job. « Quoi de plus normal pour elle que de s’acheter une voiture ? », assènent souvent ses défenseurs pour couper court aux discussions stériles que provoque le moindre passage de sa Jeep grise de marque Fortuner grand format.

Des jeunes filles de cet acabit pour qui l’acquisition d’un véhicule tient lieu d’une hantise, on en compte par centaine aujourd’hui à Kinshasa. Un coup d’œil furtif sur les effectifs des auto écoles renseigne sur l’engouement des jeunes filles pour le volant. Un effet de mode, dirait-on. Les cabriolets communément appelés « Keths » font l’affaire des petites bourses dont les prétentions ont été revues à la baisse dans cette course-poursuite plutôt paranoïaque. Et dans un environnement de plus en plus matérialiste où l’ascendance du paraitre relève d’une monomanie en focalisant l’intérêt de la gente féminine kinoise pour tout ce qui brille, tous les moyens sont bons pour réaliser ses rêves.

A l’opposé de Belinda, Emérence a plutôt misé sur ses atouts physiques pour se procurer une Mercédès 200 coupée, fruit de ses multiples relations sentimentales tissées dans la get society. Etudiante de son état, elle sait jongler, manipuler, manœuvrer et dribbler des partenaires triés sur le volet. Ces grosses fortunes qui se recrutent dans divers milieux socioprofessionnels fantasment sur sa beauté et cèdent facilement à sa frénésie boulimique et à ses moindres caprices d’enfant gâté. Villa haut standing, fringues dernier cri, portable haut de gamme, et cerise sur le gâteau, une voiture de luxe pas à la portée de n’importe qui. Pour mieux se prévaloir, elle préfère conduire seule, vitres remontées et sièges vides.

Dans les milieux estudiantins, le phénomène a tout l‘air d’un challenge. Les parkings des établissements d’enseignement supérieur et universitaire ne sont pas seulement garnis par les véhicules des membres du corps académique, mais également par ceux des étudiantes, leurs collègues masculins jouant, quant à eux, aux abonnés absents dans cette compétition d’un type particulier. Les vedettes de la chanson féminine, les animatrices de la télévision, les prophétesses ou toutes autres célébrités évoluant dans un domaine public etc, ne jurent plus que par de grosses berlines, visibilité oblige ! Cette obsession pour le luxe n’est cependant pas sans conséquence pour des esprits faibles qui n’hésitent pas à arpenter des voies insidieuses d’un fétichisme outré d’un autre âge, juste pour obtenir l‘objet de leurs convoitises. Sacrées jeunes kinoises !  

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Des voitures de luxe dont raffolent les jeunes kinoises branchées
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